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Keep it simple.

Le fils de l’autre Tobback, Bruno, est un garçon impétueux, qui n’a jamais travaillé dans le privé, un jeune homme vif argent ne se doutant de rien. Sans quoi, il se serait abstenu de dire des conneries.
C’est tout à fait naïvement qu’il a déclaré : « les journalistes aujourd’hui écrivent en grande partie ce qu’ils pensent que les gens veulent lire. J’ai l’impression que le quatrième pouvoir ne joue plus son rôle ».
S’il avait demandé à papa, le madré socialiste lui eût dit que les journalistes travaillent dans le privé. Ils ont une double contrainte : plaire à leurs employeurs et au public. Il n’y a qu’un genre de public à qui on ne saurait plaire et contre lequel Tobback Vieux lutte : celui qui envisagerait de passer à une autre économie. En somme les socialistes nouveaux ont comme pires ennemis les socialistes anciens.
Et cela depuis toujours.
Des journalistes rencontrent certaines vérités ; pour être relatées elles doivent être « positives » et avoir l’aval des directions. Les dites vérités sont dans l’actualité qui est, par définition, la description d’un fait ou d’une succession de faits, desquels elles découlent. C’est aussi vieux que la gazette de la Restauration, les faits et les vérités sont des valeurs fluctuantes.
Prenons la crise actuelle de l’acier avec les spéculations du financier Mittal.
Le tronc commun des journaux francophones en Belgique est l’appartenance à un système libéral d’où la démocratie est replâtrée en fonction du projet économique.
La présidente des libéraux flamands, Gwendolyn Rutten, de l’Open-VLD est à la pointe de l’opinion qui ne veut qu’en aucun cas, les sites dont se débarrassent Mittal puissent être sauvés par un repreneur. Elle est pour le chômage et les prépensions du personnel licencié et la casse de l’outil. Elle l’a dit. C’est son crédo. Charles Michel est pour une « séquestration » partielle de l’outil abandonné, mais de façon momentanée, à suivre son raisonnement, le mieux serait de laisser l’outil à son propriétaire qui mettrait en location personnel et matériel à un industriel, en attendant de rentrer dans « son bien », après le bail.
Les socialistes, eux, préfèrent ne pas parler de reprise par l’Etat de ce que Mittal abandonne, mais y sont contraints par les remous que cette affaire suscite parmi leurs clientèles.
Comment voulez-vous que le journaliste entende l’appel des sirènes et parte sur un schéma proposé par les ouvriers : le souhait de nationaliser Arcelor-Mittal en Wallonie et de faire marcher l’affaire en attendant une combinaison entre bassins !
N’est pas Che Guevara qui veut ! Rossel et les partis sont derrière autre chose : liquider 7 lignes et en garder 5. Vous verrez bientôt l’argument qui se prépare : à trop la ramener, vous menacez les cinq qui restent !

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Le malheureux est donc coincé entre l’indignation des électeurs, la direction libérale de l’entreprise et l’économiquement correct des partis de gouvernement.
Il va devoir filtrer l’information, réduire les angles, interviewer ceux dont l’indignation est patente et relayer le mot « crapule » venu de la bouche d’un leader socialiste, en l’entourant de la réprobation des autres. Mais surtout, il devra préserver son avenir dans la boîte qui le paie, en revenant sur l’impossibilité de sortir Mittal des usines, en vertu des contrats signés, des paroles données et du droit sacré de la propriété en système capitaliste.
C’est-à-dire que s’il veut garder son emploi, la raison est du côté de l’usage, de la loi sur la liberté d’entreprendre, et sur, finalement, la stagnation dans le conservatisme le plus conventionnel.
Voir autre chose dans l’événement actuel, c’est se faire virer à brève échéance.
Au reste, qu’une grève éclate et que ça tourne mal, vous verrez tous les journalistes s’appuyer sur le nécessaire maintien de l’ordre, pour se ranger derrière les casques et les grenades lacrymogènes.
Tobback Jeune, après son étonnement, ne dit pas autre chose dans De Standaard.
« Egalité. Diversité. Fiscalité », ces trois termes définissent le mieux le socialisme aujourd’hui ». On est loin de la devise des patriotes de 1789.
Le fabuliste du Soir qui a piqué dans De Standaard les « fortes » paroles de Tobback Jeune, l’a fait pour prouver aux lecteurs que son journal est franchement indépendant, puisqu’il publie la « critique » de Tobback Jeune qui semble égratigner la presse, il regrette seulement que le socialiste flamand l’ait fait pendant « le grand chamboulement » dans le milieu journalistique.
C’est finalement la seule nouvelle intéressante de l’article. Il nous dit que le milieu est instable et que Rossel les a à l’œil !
Ils sont dans le chamboulement technique et le dégraissage continu des rédactions. N’en resterait-il qu’un au Soir, crévindiou ! ce sera pour la gloire des Rossel, de la patrie, du gouvernement, du commerce et des bonnes affaires.
Mittal en est persuadé.

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