« Une Marianne belge ! | Accueil | Mons en pleines mazarinades. »

Encore l’Europe !

La solution pour résoudre la crise à Chypre révèle la propre crise de l’Europe, tant du point de vue des décisions, que du désamour de sa population au fur et à mesure qu’on s’aperçoit de son incapacité à maîtriser l’économie du continent.
En cette période d’austérité funeste, il n’y a pas un homme politique européen qui ignore encore le désamour entre l’Europe et les citoyens. Tout le monde se plaint à des degrés divers de l’Europe, pour les meilleures et les pires raisons. Les votes en ordres dispersés se rejoignent quant à leur motivation d’un pays à l’autre. On vote contre les partis au pouvoir, justement parce qu’ils y sont et que le résultat est plutôt en leur défaveur et contre l’Europe, parce qu’elle vient en toile de fond, comme la responsable d’un désastre qui n’est pas immédiatement imputable aux dirigeants.
La façon dont l’Union européenne est dirigée n’est pas apte à redonner confiance.
Chypre est menacée de cessation de paiement malgré les quelque 80 milliards d’euros de dépôts dans ses banques. Il fallait trouver 16 milliards. On n’a rien trouvé de mieux que de taxer tous les avoirs bancaires mettant ainsi sur le même pied le pensionné qui a dix mille euros sur son compte et un milliardaire russe (ils sont quelques-uns sur l’île) qui a un dépôt de plusieurs centaines de millions d’euros. Il ne faut pas oublier que Chypre est un paradis fiscal et que si les finances publiques sont quasiment en faillite, des milliards d’euros d’argent sale y sont déposés mettant certains hommes d’affaire à la tête de fortune supérieure au budget de la Nation.
Depuis le début de la crise, que ce soit en Grèce, à Chypre et peut-être demain en Belgique, j’ai toujours pensé que le problème n’est pas économique, mais il est politique, puisque la répartition des revenus dépend de la répartition qu’en fait le pouvoir.

501aw.jpg

On se plaint de l’accroissement de la pauvreté et, en même temps, on justifie les mesures prises pour diminuer les allocations de chômage et exclure même de tout revenu des bénéficiaires, aggravant ainsi cette pauvreté, pour faire l’économie de moins d’une centaine de millions d’euros, qu’on pourrait trouver facilement dans les hauts revenus sans que ceux-ci en soient véritablement affectés.
Et on justifie cette ignominie par toutes sortes de fausses raisons, comme si l’économie libérale allait beaucoup souffrir d’une solidarité dont ont vraiment besoin les plus pauvres d’entre nous.
Là-dessus que ce soit les notables d’Europe ou les notables de la Belgique, à commencer par le couple royal, ils vont se prosterner à Rome à nos frais devant un pape qui n’aurait qu’une idée en tête soulager les plus pauvres de leur misère !
Eh bien ! ce principe est développé à Chypre aussi en mettant, à égalité les économies des petites gens et le pactole de la maffia russe, « pour un juste effort de redressement ».
Devant le tollé provoqué sur l’île d’une telle mesure, les ministres de l’eurogroupe se sont réunis pour revoir leur copie. Ils ont finalement autorisé le gouvernement de Nicosie à «épargner les petits épargnants». Non sans s’être auparavant renvoyé, les uns sur les autres, la responsabilité de ce fiasco.
Presque un mois à peine du sommet européen sur les recettes afin de retrouver la croissance, les 27 chefs d’Etat et de gouvernement se sont comportés comme des marchands de tapis.
Personne n’est plus capable de raisonner juste dans ce foutoir qu’est devenue l’Europe.
La cacophonie économico-financière fait écho au désordre diplomatique. Chacun fait son petit ménage sans se soucier de celui du voisin.
Moralité, on a oublié qu’il s’en faut de beaucoup que les plus méritants soient les mieux récompensés. Si cela était on verrait les personnes qui travaillent le plus durement sortir de la pauvreté et les spéculateurs, comme les banquiers ne seraient pas riches.
Comme cela n’est pas. Force est bien de constater le fiasco de l’Europe, du libéralisme et de la social-démocratie. Ces facteurs déterminants ne jouent pas leur rôle de redistribution selon la loi de la justice sociale. Ils ne l'ont jamais fait que selon la loi de l’argent.

Poster un commentaire