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Les salauds ne changent jamais.

A force de tourner entre quelques écoles de droit, une de commerce et l’une ou l’autre de science-politique, nos élites, toutes ayant été parfaire leur savoir en communication dans des établissements spécialisés de l’art de ne rien dire, mais avec conviction, se sont faites à l’évidence que les peuples qu’elles dirigent ne les méritent pas.
Elles en ont conclu que c’est grâce à leur intelligence supérieure et à la qualité de leur école de management de la chose publique, qu’une telle disproportion entre leurs mérites et les nôtres saute aux yeux de tous.
Charles De Gaulle avait résumé la pensée de nos élites en une phrase lapidaire « Les Français sont des veaux ». Il suffit de remplacer cette nationalité par la nôtre et nous aurons, à peu près, le degré de l’estime dans laquelle nous tiennent les cadors des partis traditionnels.
Le classement des mérites se vérifie à chaque débat au cours duquel un veau de nos alpages est invité à donner la réplique à nos grands esprits. On lui donne quinze secondes pour répliquer à deux heures de grands discours. On mesure ainsi la haute estime que les médias nous portent, en complète fusion avec les élites.
Comment ne pas voir qu’un temps aussi court donne le sentiment général que tout est dit et que les cons n’ont pas à l’ouvrir davantage.
L’exemple qu’en donne Céline, dans son Voyage, est saisissant « Il n’était point mauvais que Baryton me considérât dans son ensemble avec un certain mépris. Un patron se trouve toujours rassuré par l’ignominie de son personnel. L’esclave doit être coûte que coûte un peu et même beaucoup méprisable. Un ensemble de petites tares morales et physiques justifient le sort qui l’accable. La terre tourne mieux ainsi puisque chacun se trouve dessus à la place qu’il mérite ».
Evidemment la nature de ce souverain mépris n’est pas la même selon que le chef est triomphant ou dans l’opposition. Au pouvoir, s’il ne doit compter que sur lui-même pour sauver ce qu’il reste à sauver, le chef aura quand même une pensée émue pour les veaux qui l’ont élu. Dans l’opposition, le chef les considérera avec le souverain mépris que l'élite réserve à l’imbécillité des masses ignorantes.
C’est ainsi que nous ne pouvons pas comprendre que Bart de Wever complote contre la couronne pour le bien des Flamands et que Di Rupo est l’homme providentiel de la dynastie pour le bien des Wallons.
Les deux font la jonction sur la nécessité d’une politique d’austérité pour sauver le peuple de lui-même.
Ils font partie l’un et l’autre de cette fraction des élites qui pense que les souffrances durcissent les âmes et les rendent plus fermes au combat économique.
Leur crédo consiste à voir dans la haute finance la lumière qui percera les ténèbres de la crise que nous traversons. N’en ressentant pas les mêmes effets que nous, ils ne comprennent pas nos alarmes.
C’est suffisamment dur pour eux, de vivre au milieu d’un peuple d’imbéciles.

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La Révolution française a permis de faire glisser la détestation du peuple par la noblesse, à la détestation du peuple par la bourgeoisie. Par un cycle étonnant, les nouvelles classes politiques représentent désormais la noblesse qui déteste aujourd’hui bourgeoisie et gens du peuple à l’identique.
Di Rupo a conservé l’esprit Chateaubriand. Dans ses « mémoires d’outre tombe », l’écrivain décrit les sans-culottes de la même manière que le premier ministre parle du populisme et de l’extrême gauche « Les plus difformes de la bande obtenaient de préférence la parole », si ce n’est que la difformité aujourd’hui tient dans la différence supposée de culture.
C’est toujours la même rengaine. C’est le combat de ceux qui savent (les chefs à vie) contre la bêtise (à vie aussi) de ceux qui ne savent pas.
La preuve, ce que nous tenons pour des possibles « la lutte des classes, le respect de la majorité, la fin des abus et de l’exploitation du pauvre par le riche » eux les considèrent comme des bêtises, une sorte de non-sens qui nous suit depuis la petite école, jusqu’à l’école technique. Pour ces cuistres, notre bâton de maréchal c’est d’entrer en chaudronnerie « soudeur à l’arc et à l’autogène », un peu comme à l’armée, un con qui a réussi, termine adjudant-chef.
Le seul principe, celui dont on est sûr et qui fait une égalité parfaite dans les corps de métiers, des élus du peuple, des riches et des pauvres : « les salauds ne changent jamais ».

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