« Vivent les femmes ! | Accueil | C’est pas juste ! »

Un héros controversé.

A la mort d’Hugo Chavez la plupart des journaux se sont déchaînés sur les années de présidence de cet ancien général de l’armée vénézuélienne.
On lui reproche d’avoir fait du régime « démocratique » une dictature. Pour ceux qui ont deux sous de bon sens et qui connaissent un peu l’histoire des pays d’Amérique du Sud, dire que le Régime qui précédait Chavez était une démocratie, c’est faire beaucoup d’honneur aux grands propriétaires fonciers et aux compagnies pétrolières américaines. Chavez a remplacé une politique soutenue par les agents de la CIA, par une autre s’appuyant sur les paysans pauvres et les ouvriers sous tutelles, c’est-à-dire une politique qui fait redescendre l’économie capitaliste de son piédestal pour la mettre au service des gens. Les Américains lui reprochent principalement de les avoir évincés des ressources pétrolières, une des plus grandes réserves au monde de pétrole lourd. On les comprend. Que les journaux belges fassent la fine bouche, on ne comprend que trop bien pourquoi.
Bien sûr tout n’est pas rose dans un pays aussi pauvre que le Venezuela ; mais on ne peut pas nier que les plus pauvres n’y ont pas trouvé avantages et dignité. Au contraire, des logements ont été construits en masse. Des redistributions de la richesse pétrolière ont permis un progrès majeur dans l’élévation de vie des paysans et des petits artisans. On situe le progrès à plus de 20 % par rapport à la période d’avant Chavez.
Alors, je veux bien que nos journaux fassent la fine bouche ; mais qu’ils reconnaissent au moins que Chavez ne s’est pas enrichi, même si la corruption est élevée, et que la pauvreté a reculé dans le pays grâce à son action.
Pour le reste on peut gloser sur sa dictature, ses affinités pour des dictateurs comme Castro ou Ahmadinejad, son antiaméricanisme viscéral. On ne peut pas se moquer de ses efforts tendant à rendre la souveraineté au peuple et son désir de mettre à genoux les grandes compagnies, surtout américaines du Nord, dans son combat contre l’hégémonie capitaliste.
Et c’est ça qui gêne nos parangons de la vertu du commerce et de la libre entreprise. Ils passent sous silence les méfaits des holdings qui pillent l’Europe, qui ruinent des industries viables qui pourraient les concurrencer. A cause d’eux des millions d’Européens sont sans travail, à commencer par les travailleurs belges.
J’aime assez la manière dont ils veulent enfumer les réalisations du « dictateur » vénézuélien, en les camouflant sous les accusations parfois basées sur des réalités : la vétusté des exploitations pétrolières, la dépendance du pays en matière de produits alimentaires achetés à l’étranger grâce à l’argent du pétrole. C’est vrai que Chavez n’a pas su développer l’agriculture du pays, qu’il y a pléthore d’employés d’administration de l’Etat et que le fléau de la corruption est loin d’être maîtrisé.

19jg000.jpg

C’est vrai tout cela.
Mais n’était-ce pas le premier devoir d’un homme d’Etat de procurer un toit et de la nourriture à ceux qui en manquaient ?
Et nos petits mariolles qui salissent tant qu’ils le peuvent cette présidence, feraient bien de balayer devant leur porte et parler de ce qui tourne au tragique en Belgique, pourtant sous un Régime qui n’est pas le même que celui de Chavez.
Quant aux restes de l’actualité de cette République d’Amérique du Sud que nous connaissons si mal, nous pouvons l’abandonner à la frivolité de nos magazines d’actus.
La propagande pro américaine intense se lit dans les commentaires de cette mort de celui qu’on va embaumer « comme Lénine ».
Je cite « …les chefs d’Etat des pays mis au ban par une grande partie de la communauté internationale mais soutenus par Hugo Chávez, l'Iranien Mahmoud Ahmadinejad et Loukachenko, sont venus saluer le leader «anti-impérialiste», qui avait également tissé des liens diplomatiques avec la Syrie de Bachar el-Assad et la Libye à l'époque de Mouammar Kadhafi. »… pour la circonstance on fait revenir les morts comme Kadhafi en rappelant les «liens diplomatiques du défunt ».
J’ai même pu lire le commentaire d’un journal qui n’y va pas de mainmorte «La seule chose que Chavez a faite a été de répandre la haine et la division. »
Le président intérimaire a trois mois pour préparer des élections à la présidence. On ne doute pas un seul instant que le pays va grouiller d’agents de la CIA et que les dollars vont couler à flots dans les caisses des partis de droite au Venezuela. Tout cela, évidemment, pour faire renaître une démocratie… à l’américaine, comme chez nous !

Poster un commentaire