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Déchéance en Haut Lieu !

Si l’affaire Cahuzac a soulevé d’immenses remous en France, l’affaire Michel Tilmant risque de faire une tempête dans un verre d’eau en Belgique !
Pourtant, il s’agit dans l’un, comme dans l’autre cas, du même problème : celui de la moralité publique et de l’application de celle-ci parmi les cadres supérieurs.
Nous avons apparemment des dirigeants qui n’ont pas peur d’affronter l’opinion publique, puisque celle-ci est maîtrisée par les détenteurs et les propagateurs d’informations qui, on ne le sait que trop, sont d’une grande complaisance – quoique Milquet puisse dire – à l’égard de nos élus. Heureusement, il y a quelques exceptions à la règle, pour une fois tirons le chapeau à un journal. « Le Soir a révélé vendredi que M. Tilmant, ancien patron du groupe bancaire néerlandais ING, apparaît dans la base de donnée de l'Offshore Leaks en lien avec des opérations dans l'île malaise de Labuan, présentée comme une paradis fiscal. L'actuel président du Conseil d'administration d'ING Belgique, Eric Boyer de la Giroday, est également mentionné. »
Les Ecolos, dans l’opposition, ont immédiatement réagi.
Les Verts ont appelé vendredi le gouvernement à relever Michel Tilmant de ses responsabilités d'administrateur représentant la Belgique à BNP Paribas.
Evidemment majorité et opposition devraient sur des questions éthiques, pouvoir comme en France, avancer des arguments, les confronter et comme le président Hollande, Di Rupo devrait proposer une ligne de conduite, voire une proposition de Loi pour assainir ce côté malsain que sont les liens inavouables ou avérés qu’ont certains mandataires et hauts administrateurs de l’Etat avec le monde de la finance et de l’industrie.
Evidemment, quand on se prosterne comme Di Rupo vient de le faire devant Google à Mons, il est très difficile de rappeler à l’ordre ceux qui ouvertement ont des liens que je viens de citer, sans irriter d’une certaine façon le monde de l’industrie et du commerce.
"Ces informations entachent la crédibilité de Michel Tilmant aujourd'hui représentant de l'Etat belge au CA de BNP Paribas". Le gouvernement doit "procéder sans plus attendre à son remplacement", disent les Ecolos.
Pourquoi le gouvernement s’acharnerait-il à faire le ménage au sommet, quand seules quelques voix isolées, sans grand poids et dans l’indifférence générale, se font entendre ?
Le gouvernement Di Rupo a une étrange conception de la morale en politique. Il ne réagit qu’en fonction du nombre de personnes qui trouvent certaines pratiques choquantes. Quelques centaines de citoyens ne l’intéressent en rien. Ils peuvent tempêter, crier à l’immoralité, Di Rupo s’en fout. C’est à partir de plusieurs dizaines de milliers que le fond vertueux de l’homme est pris de scrupule !

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Étrange mathématique en application d’un code de la vertu datant du Quattrocento florentin.
Mais, monsieur de Mons, un crime est un crime, une prévarication l’est tout autant, et l’opportunité à des mandats de l’Etat pour être garant de la bonne tenue d’une banque, quand on est soi-même un grand fantaisiste amoureux des paradis fiscaux, apparaît comme une supercherie, à peu près la même, qui a rendu Cahuzac impopulaire en France.
N’y aurait-il qu’un seul Belge à se dire gêné par le manque de morale de certains opportunistes, c’est tout le gouvernement qui devrait s’en montrer sensible et réclamer sur le champ une investigation approfondie du cas.
C’est avec raison que les écologistes plaident aussi pour des auditions, afin de "redéfinir le rôle des administrateurs agissant au nom des citoyens belges au sein de banques comme BNP Paribas, banque également 'réputée' pour sa présence active dans les paradis fiscaux".
Hélas ! à force de survivre de petites rapines, de tricheries bénignes et d’oublis volontaires dans ses déclarations au fisc, le citoyen lambda ne voit plus où est le mal, pourtant cent fois multipliés quand on est au service de l’Etat et que « les manquements » se chiffres en millions d’euros.
Pourtant, contrairement à ce que pense l’Haut-Lieu, même si le citoyen est réduit à l’état de comparse et donc indifférent aux grands prédateurs, puisqu’il a le sentiment qu’avec plus de chance, il ferait pareil à leur place, ils oublient que la conscience collective est toujours respectable et qu’elle est exigeante, parce qu’elle est irréprochable.

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