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Une pression irrésistible.

La caisse de résonance joue à plein quand deux fous font péter deux marmites à pression à Boston et quand un attentat fait 80 morts et 200 blessés, au Pakistan, c’est à peine si ça fait dix lignes dans le journal.
On voit bien que le monde occidental a perdu la tête, et n’est plus en mesure de contrôler ses peurs. Des milliers de morts passent ainsi au compte des profits et pertes, frappés du sceau de la fatalité, comme les accidents de la route, les ravages dus à l’alcool, aux drogues et au tabagisme, sans qu’apparaissent au titre des faits divers, la plupart des sinistres spécifiques.
On dirait aussi que, sous prétexte de gagner de l’argent, quand un industriel empoisonne ses clientes de ses prothèses mammaires, c'est moins grave ! Et que les personnes qu’il tue sont moins les victimes d’un meurtrier, que de la fatalité et des circonstances.
Quand on pense que la ville de Boston est restée chez elle, tapie dans ses maisons, comme pour un tremblement de terre, pour un gamin blessé sous une bâche d’un bateau de plaisance, on se demande où est la raison ?
Viennent ensuite les images d’hystériques énamourés du succès de leur police et les gloussements de satisfactions du chef de la même sur « les exploits » de son personnel, et on aura fait le tour d’une Amérique en complète dérive sur l’hypothèse du pays cerné par les successeurs des fanatiques des Twin Towers.
Le plus tragique, c’est que l’hystérie américaine est hautement contagieuse et on peut dire que l’Europe en est contaminée depuis dix ans et réagit avec la même sottise, donnant l’image d’un fanatisme répondant au fanatisme d’en face.
On n’a pas fini de parler de Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, aussi célèbre dans le crime dorénavant que les plus fameux gangsters, rien que pour avoir fait péter deux marmites à pression dans la foule, un jour de marathon à Boston.

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Cette brusque célébrité de ces jeunes gens, pour un fait crapuleux, est dangereuse. La célébrité inouïe qu’elle induit, ils l’ont acquise au prix du sang des autres. Cela peut donner à réfléchir à la masse des imbéciles frustrés qui ont envie de laisser à la postérité leur médiocrité dans l’histoire, au même titre que Mark David Chapman, assassinant John Lennon le 8 décembre 1980, à l’entrée du Dakota Building de New York.
Ce qui complique la donne et en amplifie l’horreur, c’est qu’on soupçonne ces deux jeunots d’avoir été fanatisés par d’autres énergumènes, sous prétexte que leur religion est meurtrie et a besoin de sacrifices.
C’est encore une faute de nos dirigeants de croire que les crimes d’idéalistes ou d’intégristes salafistes sont à mettre à part des autres méfaits. C’est pourtant ce à quoi on assiste partout. Un assassin est un assassin sous quelque forme et sous quelque motif que ce soit. Dire qu’un crime sous le prétexte de religion est d’une autre espèce, c’est traiter des assassins différemment les uns des autres, c’est créer une discrimination qui les surévalue et finalement les distingue des autres criminels. C’est le cas de ces deux minables. Ils deviendront des icônes par l’ampleur de leur bêtise, plus que par leur haut fait !
Les guerres de religion sont vieilles comme le monde, les passions qu’elles suscitent n’ont pas fini de verser le sang des innocents, laissons les donc pour ce qu’elles sont : des ignominies, au même titre qu’un chauffard qui renverse un enfant sur un passage protégé et qui le laisse mourir en s’enfuyant à toute vitesse.
Evidemment, les USA ont eu leur compte de tueries avec ou sans connotation religieuse. Des tueries comme celles de Columbine, de Virginia Tech et de Sandy Hook, n’ont pas eu pour mobile l’amour excessif de Dieu ou la défense d’une patrie envahie par les étrangers. Aux Etats-Unis, à part les Indiens, toute la population est émigrée, vous voyez le genre de débats que peuvent avoir des imbéciles ?
Cela peut être aussi un signe du mal être de quelques individus devant une Amérique travaillée par l’argent et la consommation, réduite aux seuls objectifs de la réussite personnelle et devenue incapable d’humanité.
Si c’est ce divorce fatal entre deux individus et la foule américaine qui a été le levier et permis la tuerie, il n’en demeure pas moins que le crime reste un crime et qu’il est d’autres moyens moins meurtriers d’affirmer un mal de vivre.
En augmentant à l’extrême la mise en scène des peurs, on assiste à l'autoradicalisation d'individus issus de l'immigration sur le territoire américain et un irrationnel besoin de s’en défendre d’une extrême droite renaissante. Cela constitue un phénomène appréciable outre-Atlantique. Les frères Tsarnaev ont aussi un parcours qui rappelle celui de Mohamed Merah, en France.
Bref, l’affaire de Boston, jusqu’à preuve du contraire, devrait être traitée comme un fait-divers crapuleux, comme il y en a tant et dont on ne parle que devant les tribunaux.
La retenue intelligente paraît être fort compromise.

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