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Des barbares et des métèques.

On comprend un peu Charles Picqué qui a jeté l’éponge, juste à temps diront certains, pour ne pas se prendre les pieds dans le tapis des populations allochtones qui gonflent la démographie bruxelloise et qui vont créer - que dis-je – qui créent déjà, des problèmes de démocratie.
390.000 étrangers résident dans la région de Bruxelles-Capitale. En comparaison, la proportion des résidents étrangers s’élève à 7% en Flandre et 10% en Wallonie (1), celle-ci est 3 à 4 fois plus élevée en région bruxelloise : un tiers des bruxellois a une nationalité étrangère. A titre de comparaison, la population étrangère représente une vingtaine de % dans les villes d’Anvers et Liège, et 15 à Charleroi.
Et on ne compte pas, bien sûr, les naturalisations qui font un Belge d’un ressortissant d’un autre pays et qui, bien que s’en défendent les promoteurs de l’accueil tout azimut, n’en acquiert pas ipso facto les mœurs et les traditions en cours.
En un mot, le ketje voit sa population fondre comme neige au Pôle Nord, depuis le réchauffement. Ce déclin s’accélère par la démographie plus forte des ressortissants des pays du Sud venus s’installer définitivement à Bruxelles, quoique la majorité des étrangers sont des ressortissants de l’un des 27 pays de l’Union Européenne, un cinquième sont africains et près d’un sur 10 est asiatique. Les américains sont par contre peu représentés : 4%.
La population étrangère a progressé de 43% en région bruxelloise depuis 10 ans, alors que dans le même temps le nombre d’habitants de nationalité belge a crû de 7%. En chiffres constants, la parité serait atteinte dans une quinzaine d’années, voire moins.
Dans les communes de Saint-Gilles, Ixelles, Etterbeek et Saint-Josse-ten-Noode : plus de 4 habitants sur 10 sont étrangers.
Tels sont les chiffres officiels consultables aisément.
Après ce qui précède, en général le ton devient pathétique.
Les racistes font gaffes par peur des astreintes, à faire sentir que cela est inqualifiable, certains désignent le laxisme du parti socialiste comme étant le premier responsable de « l’envahissement » et de citer les têtes de gondole Moureaux et Onkelinx poussant à ce laxisme pour des raisons personnelles. D’autres iront jusqu’à soupçonner certains Belges de par leurs origines étrangères à saboter par l’intérieur les habitudes de la Nation et de citer d’emblée Fadila Laanan, contre laquelle on établit un délit de sale gueule, avant de dénoncer la dilution de la culture française dans un salmigondis multiculturels, ce qui est honteux et inqualifiable pour le premier grief et sans doute vrai, pour le second.
Eh bien pas du tout, mon propos n’a rien à voir avec la politique du caniveau.
C’est au contraire sur un autre aspect de la démographie galopante que je voudrais mettre l’accent et qui passe complètement inaperçu de nos élites discourantes.
Pour plusieurs raisons.
Les résidents étrangers contribuent au développement de nouvelles activités économiques en région bruxelloise, et cela, au même titre que les habitants de nationalité belge. Ensuite, peu de ressortissants belges peuvent se vanter d’avoir des ancêtres bruxellois dépassant quatre générations.
Bref, Belges ou pas, nous venons tous de quelque part et rarement du pays dont nous nous vantons d’être des citoyens plus que d’autres.
Les invasions datent des premiers regroupements d'hommes. Les peuples disparaissent et sur les territoires qu’ils ont occupés d’autres peuples s’implantent et se considèrent chez eux sur une ou deux générations.

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Les populations arabes chassées par l’avènement d’Israël au sortir de la guerre de 45, des colons juifs sont entrés dans des maisons à peine désertées par leurs occupants avec la clé que les autres avaient abandonnée en fuyant. Que je sache, l’Europe n’en a pas fait toute une histoire. Ni les colons non plus, qui n’ont aucune considération pour les anciens habitants, au contraire, tout remord est exclu. A les entendre, ils croient dur comme fer qu’ils ont raison.
Venus d’ailleurs, les Turcs ont chassé les populations grecques de Byzance, allez un peu leur dire que, La Fontaine en discourait déjà, « le premier occupant est-ce une loi plus sage ? » (2).
La mauvaise conscience est bien mal répartie de par le monde. Il est vrai que le système économique contribue pour beaucoup à blanchir les consciences et qu’un escroc qui s’appuie sur la force, se rebaptise « honnête homme ».
Bruxelles est dans une période de transition. Cela peut durer quelques temps.
On voit bien que, même les enthousiastes de la polyculture, du métissage, de l’ouverture aux autres, du crédo gauchisant de la fraternité mondiale, ne disent pas un mot du jeu normal du pouvoir en démocratie.
Qu’en est-il d’un homme, un vote, dans une société comme à Bruxelles dans laquelle un tiers de la population n’est pas représentée, que très approximativement dans des pouvoirs communaux ?
C’est que Bruxelles offre la particularité d’être une ville Région.
Rome a mis tout le monde d’accord en imposant sa loi dans le pourtour du basin méditerranéen, Rome commandait à une vingtaine de millions de métèques que pour la commodité on appelait Barbares, alors que la Cité atteignait à peine 500.000 personnes. L’Europe est-elle le berceau d’une nouvelle Rome ?
Si c’est de cela dont il s’agit à Bruxelles, je revendiquerai qu’on m’y appelle Métèque, puisque je suis Liégeois, curieux mélange de trois pays et pas plus de droit qu’un Polonais ou un Turc à dire la loi à 100 kilomètres de la place Saint-Lambert !
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1. La différence est le produit de la réputation du racisme sous-jacent des Flamands et de leur frilosité vis-à-vis du français.
2. Le chat, la belette et le petit lapin.

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