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Et c’est en Grèce…

…berceau de la civilisation occidentale que ça se passe !

Cela aurait pu être un gag. Malheureusement, c’est la démocratie et la culture qui se ramassent après s’être laissé jetées par terre par le gouvernement grec.
Les marioles à l’Europe qui contrôlent la crise grecque incontrôlable, la Troïka, en un mot, décident que pour satisfaire aux critères d’épuration des fonctionnaires, il conviendrait de supprimer 2000 postes.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Sans même avoir préparé le terrain ; c’est-à-dire inonder le marché d’informations selon lesquelles les fonctionnaires de la télé sont des fainéants qui gaspillent des budgets énormes, que la désorganisation et le laxisme sont tels que des employés qui ne se sont jamais présentés à leur travail perçoivent des salaires depuis des années… sans même donc prendre ces précautions élémentaires pour avoir l’opinion du côté du manche, en vertu d’un plan de rigueur inimaginable, le gouvernement grec a annoncé mardi soir la fermeture immédiate des télévisions et radios publiques (ERT), en raison de sa mauvaise gestion. "La diffusion de ERT s'arrêtera après la fin des programmes ce soir", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, à la presse, en soulignant que ERT, qui est composée de trois chaînes, constitue "un cas exceptionnel d'absence de transparence et de dépenses incroyables. Et tout ceci prend fin maintenant" a-t-il dit !
Les télés privées qui pullulent chez les Hellènes se frottent les mains. Elles vont rester seules à tresser des couronnes de laurier au pouvoir en place, à l’ordre public et à l’économie mondiale, comme toutes les chaînes privées le font dans le monde, nationalistes et mondialistes à la fois, saluant les bienfaiteurs de l’humanité que sont les holdings qui les abreuvent de dollars pour leurs publicités.
Petit couac, les personnels des dites chaînes privées, les journaux papiers et en général les gens pratiquant des arts relevant de la culture se sont mis en grève par solidarité.
Décidément, on a beau répéter que la culture n’est pas une marchandise, en Belgique en ce moment les frères Dardenne font circuler une pétition pour le cinéma, rien n’y fait la marchandisation du monde de la culture est l’objectif libéral par excellence.

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Les libéraux, assez curieusement, essaient de nous démontrer qu’un fonctionnaire ne vaut rien, mais dès qu’il est happé par le privé voilà qu’il devient un être exceptionnel de vigueur créative et d’intelligence, sauf s’il devient chômeur, alors il reste ce qu’il était.
Puisqu’on en est à la télé, comparons nos deux panouilles nationales. Les programmes de RTL sont-ils plus « culturels », imaginatifs et créatifs que les programmes de la RTBF ?
Les dégoûtés diront que ces deux merdes se valent. Objectivement, on sent davantage le commerce qui pointe son museau à RTL pour le grand plaisir des abrutis qui « se cultivent » aux émissions de jeux, entre deux séries américaines ; même si l’autre qui essaie de l’imiter pour faire de l’audience, n’a pas compris qu’elle doit faire ce que le privé ne sait pas faire.
La télévision publique grecque a les mêmes problèmes de concurrence que la RTBF. Était-ce une raison pour la fermer ? Aussi imparfaite soit-elle, une télévision divertit, mais aussi informe, c’est ce que la télévision d’État faisait dans des conditions difficiles. La télévision grecque n’est jamais descendue aussi bas que la télévision turque qui ne rend pas compte de l’affrontement permanent depuis une semaine des gens place Taksim, contre les flics de Tayyip Erdoğan, dans ses journaux télévisés.
Soulignons le sang-froid des journalistes de la chaîne ERT qui ont continué le travail après que le canal ait été coupé vers 23h15, laissant un écran noir, sachant qu’ils étaient relayés par Euronews qui retransmettait en streaming sur le site de la chaîne défunte.
Merveilleuse civilisation que nous allons transmettre à nos enfants : la librairie fiche le camp, sauf quelques « gloires » assurées par plus de renommée que de talent, les écrivains nouveaux peuvent toujours se brosser pour trouver un éditeur honnête et désintéressé ; dévoiement de l’art par les galeries de peinture qui vendent des signatures, et plus de la peinture proprement dite ; idem pour le théâtre ; enfin, la télé commerciale qui est devenue le refuge des assassins de l’esprit et de la culture, les résistants étant dans le collimateur des "Sylvestre" de la Word-Compagnie qui tirent à vue sur ce qui ne rapporte pas de pognons.
On peut dire que le système adulé par Charles Michel et Elio Di Rupo est en train de se redéfinir en une société duale : d’un côté les élus et de l’autre les esclaves. Merci pour la culture. Même en vedette du X, Fadila Laanan aura beau se tordre le cul en mondovision, il n’y aura bientôt plus que les sombres abrutis pour contempler ses vergetures.

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