« Surfer sur l’opinion … | Accueil | Burnes et burnous. »

À droite toute…

La constitution de la Maison du roi est une indication sur les tendances au-delà de la fonction royale. Elle permet une simulation de la politique future de Philippe.
Comme Albert, le fils est catholique, avec un fond libéral.
Ses multiples missions commerciales avec des industriels belges l’ont rapproché du milieu patronal et familiarisé avec la mondialisation de l’économie, dans le cadre du MR actuel.
La formation de sa Maison ou plutôt de son cabinet livre quelques signes qui montrent une certaine prudence par rapport aux règles nouvelles du fédéralisme de ce pays.
Son entourage est majoritairement flamand et libéral. C’est donc faux de la part de Vincent Dujardin, professeur d’histoire à l’UCL et des journalistes qui l’écrivent, de prétendre que le roi cherche un équilibre linguistique et communautaire.
Ce qui ne veut pas dire que, principalement entouré de Flamands parfois camouflés sous l’apparence de francophones de souche, le roi compte mener une politique déséquilibrée très en faveur de la Flandre, cela veut dire qu’il essaie de casser la montée en force de Bart De Wever en se fondant sur l’opinion flamande favorable à la monarchie.
C’est un pari risqué puisqu’il se fonde sur l’atonie des francophones et l’engouement irrationnel des Wallons pour le trône.
Jusqu’à présent le parti du centre droit d’Elio Di Rupo a calmé le jeu du côté francophone. Le seul opposant sur le terrain de la francophonie est Olivier Maingain. Malheureusement les années que le président du FDF a passées au MR l’ont définitivement désigné comme un homme de droite. C’est un libéral dont il ne faut rien attendre du point de vue social et qui n’aura pas de poids aux élections de 2014 en Wallonie.
Les avantages octroyés à la Flandre n’ont fait que donner de la vanité à ses représentants qui ne se contentent pas de ségréguer les francophones en Flandre, pour s’aller associer en extérieur à n’importe qui sauf aux pays de langue française, oubliant dans leurs contacts avec l’Amérique, la Chine et l’Afrique les partenaires wallons de la fédération belge.
Cette outrance va de pair avec le choix du roi dans la formation de son cabinet. A force de vouloir charmer les uns, en comptant sur les autres, Philippe pourrait se trouver dans une position inconfortable, n’ayant pas davantage « conquis » les Flamands, tout en ayant découragé les francophones dans leur fidélité non récompensée.
C’est là que le parti du centre-droit (ex gauche) d’Elio Di Rupo intervient en contenant les rancœurs des Wallons, en avalisant les non-sens nationalistes flamingants, en ne s’élevant pas contre les absurdités linguistiques et l’atteinte aux droits des minorités. Di Rupo est un pion important dans la stratégie possible du roi.
Philippe est partisan d’une économie libérale, à la limite contre une forme sociale de socialisme très édulcorée. Nous verrons à l’usage ce que ses conseillers flamands lui souffleront à l’oreille, et la dose de pragmatisme qu’il affectera aux relations avec le parti d’Elio Di Rupo.

76bis.jpg

En un mot, ce roi naturellement francophone, puisqu’il utilise le français dans ses relations familiales, est plus sensible au langage économique de la N-VA qu’il ne l’est à celui du PS. Et si De Wever n’avait pas caressé le rêve de Napoléon en voulant ceindre la couronne en Flandre, il constituerait pour Philippe un parfait premier ministre selon son cœur.
Il n’est pas impossible qu’un jour les Flamands s’en aperçoivent et imposent un gouvernement purement de droite en larguant De Wever et en revenant aux traditions royalistes anciennes.
On verrait alors le PS tenter de faire oublier ses erreurs, afin de reprendre la main sur un électorat volatile et utiliser un discours plus à gauche.
C’est à souhaiter que les électeurs – dans pareille alternative – n’oublient pas ce qu’ont concédé à la droite Di Rupo et Onkelinx.
Mais nous n’en sommes pas là.
Résumons : la Maison du roi n’est pas flamingante comme l’entend la N-VA, au contraire, mais elle est principalement flamande dans le sens plein du terme, dans son désir de contenir la francophonie dans des limites fixées par une loi en sa défaveur et par le maintien du statuquo des Flamands de Bruxelles extra-minoritaires, dans tous leurs privilèges concédés depuis vingt ans par les francophones, pour la simple raison que les Flamands sont majoritaires dans ce pays.
La coloration générale de la Maison du roi est bleue-violette. Seule Rafike Yilmaz vient de la S-PA. Cerise sur le gâteau, elle est d’origine étrangère mais socialiste anversoise, pour faire plaisir aux deux partis socialistes du centre-droit, flattant ainsi le thème de l’immigration réussie, cher « aux progressistes », tout en étant une bonne flamande, enthousiaste comme il se doit.

Poster un commentaire