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Né à Pessoux !

C’est fait, v’là la relève !
Pour ceux qui se sentent d’humeur chafouine au gouvernement wallon et qui voudraient voir Rudy Demotte tourner ses talonnettes rouges vers la sortie, un marquis à talonnettes bleues vient de naître et le fait savoir : Willy Borsus.
Cinquante et un an, c’est le bel âge pour se faire un petit supplément par rapport aux collègues. On n’est pas encore gâteux, l’esprit reste alerte. On a une bonne douzaine d’années de carrière devant soi, à condition une fois installé, de mécontenter tout le monde avec modération et de faire croire aux amis qu’ils font exception.
Willy n’a que deux défauts : il n’est pas avocat. Qu’est-ce qu’être gradué en science juridique ? Willy Demeyer en chie deux tous les matins pour ses bureaux de la Cité administrative où ils font les fonctions sans manchette et sans bon salaire ; et surtout il est né à Pessoux (Ciney), c’est-à-dire sans militants au départ et mal vu à Bruxelles et Namur.
Vous me direz un autre illustre est bien né à Morlanwez, dès lors tout est permis à ceux qui rêvent d’être quelque chose et qui sont nés nulle part.
Borsus est aux antipodes de Di Rupo. Autant le Premier ministre est insidieux, fourbe comme une lettre anonyme, rancunier et jovial à la fois, donnant une image de bon garçon, autant Borsus est teigneux, hargneux, le physique à la Vincent Reuter, le genre de patron qui répand la terreur sur son passage et qui donne l’impression de lutter contre un ulcère à chaque fois qu’il parle des syndicats.
Ça n’a l’air de rien, mais nous sommes dans une démocratie où l’apparence fait tout. Le public ne se donne jamais la peine de lire sous les masques convenus. Faire la gueule du supporter réjoui d’un Standard qui vient de battre un concurrent 5 – 0, même quand on n’a pas digéré le foie gras au don Pérignon, il n’y avait que papa Daerden pour réussir la chose. Quand on a le parcours de Borsus, on reste à la merci d’un fait divers dans lequel la malignité publique vous embarque, alors que vous n’y êtes pour rien. C’est la pente fatale. A défaut de se faire valoir par soi-même (1) on savonne la planche aux autres. On ne s’élève pas, mais ce sont les autres qui s’abaissent. Tout qui fréquente le milieu des partis, en sait la pratique répandue, s’il ne la pratique lui-même.

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Son atout ? Kubla, son concurrent direct, a 66 ans, quinze de plus que l’ambitieux. Sa mauvaise carte ? Borsus est du même âge que Rudy Demotte. Le MR devrait galoper drôlement aux avant-postes du réalisme électoral pour que son heure arrive. Si bien que Borsus bataille plutôt pour un renversement des alliances et un emploi de ministre régional, le PS tenant toujours le haut du pavé en Wallonie, par atavisme et le dégoût des électeurs pour un système où ils sont toujours marrons.
Seulement voilà, c’est bien beau de verser de l’huile sur le feu de la politique régionale, à bien faire son métier d’opposant, il a vexé profondément Rudy Demotte.
Le voilà donc disponible pour assumer la présidence wallonne ou la présidence de son parti. Quand on a de l’ambition, on brigue toujours plus haut pour obtenir le galon en-dessous.
Dévoré par l’ambition il a déclaré que si Charles Michel devait devenir ministre-président wallon à l'issue des élections régionales de 2014, il pourrait être tenté par la présidence du parti.
Voilà bien l’erreur ! Les Michel se sentent visés, Didier Reynders, à l’affût de tout ce qui reluit, est un bon tireur. Tous les gradés du MR y pensent, même Gérard Deprez, c’est dire.
Alors, député wallon insatisfait, Borsus pense améliorer son ordinaire. C’est humain. Mais ce n’est pas en mangeant dans la gamelle des autres qu’il y parviendra. En attendant, qu’il se méfie du vieux Kubla. Le brave soldat Chvéïk (Dobrý voják Švejk) n’a pas encore jeté l’éponge.
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1. La Bruyère « Les caractères de l’homme et du mérite personnel ».

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