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Claude de Sélys et Sybille Demelenne.

Claude Demelenne est au journalisme ce que Sybille de Sélys-Longchamp est aux confidences des familles, c’est l’escalade des petits potins l’un des faits divers, l’autre du cœur.
Que la Libre d’habitude collet monté ait publié les élucubrations de Claude, voilà qui est singulier. L’article « Une opinion de Claude Demelenne, journaliste-essayiste, auteur de plusieurs ouvrages sur la gauche. » présenté ainsi, semblerait faire passer ce journal pour très œcuméniste. En réalité, l’intention était de faire connaître le PTB, plus que laisser le lyrisme de l’essayiste s’essouffler au bout de dix lignes.
L’ouverture aux « belles plumes » est devenue un truisme dans nos gazettes. Depuis qu’on les y recense, on peut dire que la presse est tombée bien bas.
Donc voilà Sybille de Sélys-Longchamp alias Claude Demelenne devenue chroniqueuse au journal La Libre Belgique !
Son coup de cœur pour Raoul Hedebouw ravirait dans les chaumières si leurs habitants lisaient la Libre. Le self-made-man du PTB est toujours propre sur lui, le visage briqué comme le pont d’un navire et probablement les aisselles sous protection d’un déodorant. Il est capable de mettre une cravate à Mise au Point, alors que Charles Michel montre sa pilosité réfugiée à la base du cou et visible par l’échancrure d’une chemise ouverte.
Hedebouw n’a plus de ces discours d’avant Neuf Thermidor dont Mélenchon garde, dorénavant seul, la nostalgie.
Personne ne trouvera désormais oncques trace d’un marxisme-léninisme dans les élans du jeune tribun. Et Demelenne de Sélys de conclure « Le PTB a réussi sa rénovation ».
A se demander si devenir un parti clean et bourgeois n’est pas le sommet de la belle réussite et du bien penser pour Sybille devenue Claude, transsexuel écrivain.
Bien renseigné Demelenne (frère, mari ou neveu d’Anne du même nom ou encore homonyme ?) nous énumère les avancées prometteuses du PTB présent partout et nulle part, quelques élus communaux par-ci, par-là, pas de quoi s’en rincer les doigts, mais tout de même des prémices certains, non plus pour le grand soir dont Claude à horreur, mais pour les petits matins douloureux du PS.
Et c’est là que l’on découvre la supercherie.
Cette propagande pour le PTB n’en est pas une. On s’en doutait, puisqu’elle est si mal faite qu’elle ferait plutôt un effet contraire (à moi tout au moins). C’était juste pour entamer le PS sur sa gauche afin de permettre au MR et au CDH de progresser.
Vu ainsi, tout s’explique. Sybille de Sélys-Longchamp est royaliste et convaincue de la pérennité des Institutions, le PTB aussi. On peut raisonnablement s’attendre à un parcours réussi du bourgeoisisme ambiant lors des élections de mai 2014.

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C’est donc tout à fait inutile de présenter Demelenne comme un homme de gauche parfaitement au courant des manies de vieux garçon d’Elio Di Rupo, appréciant la sobriété des toilettes de Laurette et supportant les balbutiements de Willy Demeyer, pour la profondeur du discours.
Reste que sous des dehors aimables, le portrait qu’il dresse de Hedebouw est accablant pour lui. Je ne sais pas si passer du statut d’exclu à celui de montrable est une bonne note pour Raoul et le parti qu’il représente.
Heureusement que de Sélys-Demelenne est une commère qui écrit sans style. En effet, dans moins d’une page d’écriture, notre « belle plume » réussit le tour de force de se perdre dans des phrases mal torchées foisonnant d’injures à Grévisse. Je sais que les retranscriptions laissent à désirer dans nos journaux, mais quand même, il ne faut pas imputer toutes les coquilles à nos tâcherons quasiment bénévoles dans les rédactions, tant ils y sont mal payés.
Et ici, je m’adresse directement à Raoul Hedebouw. Certes, il faut composer avec l’image que les gens se font des politiques. Jeune avec une belle gueule, ce n’est pas suffisant. Il convient pour le commerce de donner l’apparence du gentil, du doux, du sobre, du pas mécontent de son sort. Hedebouw y réussit sans doute et voilà pourquoi – devenu convenable – Maroy l’invite et peut-être demain Demoulin. Il va faire monter la cote du PTB dans les médias et racoler quelques indécis du bulletin de vote. La gauche belge tiendrait-elle son Olivier Besancenot (loin de l’égaler sur le fonds, mais les gens ne le savent pas) ?
Mais, il ne faut pas en rajouter. Le PTB n’est pas un parti de demoiselles en train de glisser des images honteuses dans leur missel ; mais un parti qui doit assumer ses responsabilités vis-à-vis des malheureux en souffrance.
On ne peut pas qualifier une caresse doucereuse de beigne. Contrairement à ce que pense Claude-Sybille, Mélenchon a des élans et des colères qui se justifient et Hedebouw des airs de danser le tango qui ne le sont pas.
Jusqu’où peut-on aller dans le mimétisme en politique pour grappiller des voix sans perdre son âme ?
Étrange paradoxe que celui d’obtenir une carte d’invitation au bal des salauds pour y prendre la parole et dire qu’ils le sont, de manière que l’on reçoive une carte pour le bal suivant, et s’entendre dire à la sortie « Mon dieu, il est bien, ce garçon ! Il faudra que Stéphane Rosenblatt le réinvite un jour ».

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