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Lampedusa lestée de deux fléaux.

Un peu à la manière de Madame de Sévigné qui écrivit à sa fille (1), châtelaine à Grignan : « C’est inouï, impensable, monstrueux » et ici ce n’est plus une hyperbole, cinq cents personnes embarquées sur un rafiot depuis la Corne de l’Afrique, probablement la Libye, font naufrage à deux encablures de l’île italienne de Lampedusa. On n’en retirera vivantes des eaux de la Méditerranée, qu’environ cent cinquante !
Là-dessus, roulement de tambours entourés de crêpe, désignation de quelques responsables : la crise, l’Europe, la fatalité, les passeurs infâmes, etc. l’occasion pour des journalistes de montrer qu’ils ont bon cœur.
Juste en-dessous de cette nécrologie globale, dans un journal que je ne nommerai pas, une publicité montrant une belle quadragénaire un peu plantureuse, bref une femme normale pour des êtres bien constitués et vraiment trop grosses pour les amibes qui font la mode, avec ce slogan « Comment perdre des kilos de trop sans se priver ».
Voilà tout est dit.
On aura passé à côté de l’inouï, impensable, monstrueux, le temps d’une fausse douleur et d’oublier l’effrayant abîme dans lequel l’homme déshumanisé descend tous les jours à marche forcée, poussé vers le fond par l’illusion de la vie moderne.
Le journaliste qu’il soit du Soir ou de la Dernière Heure aura fait le travail qu’on lui demandait avec toute la bonne volonté qu’on lui concède, de servir son patron et l’Europe.
Il aura passé, comme nous tous, à côté de « l’inouï, impensable, monstrueux ».
Ce qui est inouï, etc. se résume à deux fléaux qu’on ne dépeint jamais dans les médias, les partis politiques et les parlements, sauf quelques « extravagants » qu’on s’empresse d’entacher de populisme.
Le premier relève d’une simple question. Comment se fait-il que l’on retire des richesses « inouïes » du continent africain, alors que sa population à concurrence de 90 %, voire plus, crève de faim ? Et que sachant cela, nul officiel, nul grand responsable de l’Europe, d’Amérique, d’Arabie ou d’ailleurs ne met en cause l’organisation de l’économie libérale !

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Deuxième question :
Nous sommes plus de 7 milliards d'êtres humains sur Terre, 9 milliards d'ici 2050. L'explosion démographique des pays émergents (exigence criminelle de certaines religions exigeant une procréation intensive des femmes) et l'allongement de la durée de vie dans les pays développés, amènent à la question suivante : quelles sont les conséquences possibles de la surpopulation mondiale ?
Les deux questions sont liées, puisque des économistes du bon côté du manche, c’est-à-dire de Wall Street et de la City passent leur temps à ridiculiser les idées de Malthus, en partie parce que ce dernier s’était embourbé dans des formes de contrainte pour les femmes à ne pas procréer, ce qui, évidemment, était intolérable. La démographie galopante arrange évidemment le système qui voit là une forme naturelle de diviser les foules sur la question du nombre et une belle manière de mettre les populations en concurrence pour le travail, ce qui en réduit les coûts.
La démographie reste néanmoins un problème majeur, ignoré des Instances internationales et européennes, lié à celui de l’économie mondiale, avec les conséquences que les îliens de Lampedusa connaissent.
Claude Lévi-Strauss l'anthropologue et ethnologue mondialement connu, a rappelé, à la fin de sa vie, le problème de la surpopulation humaine : « Ce que je constate : ce sont les ravages actuels ; c'est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu'elles soient végétales ou animales ; et le fait que du fait même de sa densité actuelle, l'espèce humaine vit sous une sorte de régime d'empoisonnement interne — si je puis dire — et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir mon existence. Ce n'est pas un monde que j'aime.»
Vous l’aurez deviné, moi non plus.
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1. « Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'à aujourd'hui, la plus brillante, la plus digne d'envie... » Madame de Sévigné à Madame de Grignan, juillet 1671.

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