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Pauvre France !

Le jour avant le match, les bleus ne valaient rien. Avec un petit goal de plus que les Ukrainiens, le revirement de millions de supporters est soudain, voilà que le stade s’enflamme. Même pas invités au Brésil la veille, ils sont champions du monde 2014 le lendemain !
Pauvre France ! On passe du fatal découragement, à l’enthousiasme le plus explosif. Tout ça pour un but d’écart, après avoir frôlé le désastre…
Mais le monde merveilleux s’arrête à la sortie du stade. La situation politico-économique ne s’améliorera pas pour autant. Sous certaines conditions elle s’oublie. Le football est aux Français, ce que la feuille de coca est aux Indiens.
François Hollande qui était venu en mâcher une est reparti comme il était venu, dans l’espoir qu’on l’associe au triomphe. Pour cela, il a fait cravacher son avion depuis le Moyen-Orient au prix de quelques milliers de litres de kérosène.
Cette vacuité qui va du découragement à l’euphorie maximale est très bien perçue chez les faiseurs de soleils artificiels. Ils comptent bien en tirer parti.
Ça ne m’étonnerait pas que la cote de popularité de Hollande remonte un brin.
Jacques Lacan a eu raison d’écrire : « La psychanalyse est un remède contre l'ignorance. Elle est sans effet sur la connerie. »
Une psychanalyse collective ? Mais cher grand disparu, Lebon écrivit la psychologie des foules en 1895. Ce petit livre est toujours parfaitement d’actualité. On y découvre même à la suite des engouements irréfléchis, l’impossibilité d’imposer une démocratie absolue, d’où la démocratie approximative que l’on vit tous les jours !
C’est ballot tout de même ! J’ai l’impression que si l’opinion était restée en-dehors de l’esprit sportif, les médias et les condottieres qui font le destin de la France, auraient un autre comportement. Autrement dit, les raisons de trouver l’époque dangereuse n’auraient pas été appréhendées de la même manière. Des raisonnements meilleurs auraient prévalu pour améliorer la destinée des Français, ceux-ci s’en seraient mieux portés.
C’est donc ça, la démocratie ? Un thermomètre tourné vers le stade français et Laurent Blanc, plutôt que du côté du chômage, de la révolte des bérets rouges, des impôts et des grands projets pour améliorer tout ça !
Hier encore sur France Culture, le clown de service revenait au grand conflit, pas en Syrie, ni à Gaza, pas davantage en Égypte, ni même au Pakistan, pourtant conflits dans lesquels les Nations d’Europe sont directement et indirectement impliquées ; mais sur le parallèle de délabrement de la France et de son football, allant jusqu’à dire que la France triomphante de l'épopée 98 était le reflet d'une France dynamique et prospère, tandis que celle de 2013 est le reflet d'une France en décomposition.
Le voilà beau avec le petit but de plus qui propulse le football français au Brésil. La France est toujours bien en état de décomposition, mais on n’y pense plus.

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Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir raconter quand, après l’euphorie, ils se réveilleront demain sans aucun plan pour les sortir de la mouise ?
Vous me direz, trois ans après 98, année de la France championne du monde, Le Pen était présent au second tour des élections présidentielles.
Ce n’est même pas le supporter qui est à critiquer, mais bien ceux qui conduisent un événement mineur à quelque chose d’autre. Ils s’y entendent bien, non pas pour commenter l’enthousiasme des foules, mais pour le pousser dans des formes extrêmes, faisant passer un non-événement dans la catégorie des choses extraordinaires, plaçant Gusev marquant contre son camp, le héros malgré lui, du stade de France ; car, ironie des choses, ce n’est même pas un footballeur français qui a déchaîné la folie du stade, mais un Ukrainien !
Et cette euphorie n’est pas propre à la France qui n’a pas le monopole de la bêtise, la Belgique en matière de foot n’a pas son pareil.
Pendant que l’enthousiasme baissait d’un cran à Bruxelles après la défaite contre le Japon, on apprenait que 55.000 chômeurs - dont 35.000 Wallons et 9.000 Bruxellois - perdront leurs actuelles allocations, dès le 1er janvier 2015, six mois avant le coup d’envoi du premier match au Brésil ! La minute de silence avant le match sera inutile, il ne faut pas six mois pour oublier un vrai drame.

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