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Vive le Populisme !

Les ténors des partis politiques en Belgique (les autres n’ont pas droit au chapitre puisqu’ils n’ont pas dépassé la barre des 5 %), lorsqu’ils sont à cours d’arguments, jettent le mot comme un anathème «c’est du populisme» !
Voilà le mot suprême lancé. Ils ont tout dit, puisque c’est souvent le début de rien !
Les partis disposent de moyens que les autres n’ont pas et s’ils sont bien d’accord sur un point : défendre leur pré carré. Le mot outrageant fait la clôture.
Le CD&V n’a pas respecté la consigne le jour où il a fait connaître la N-VA. Ils en sont toujours à le regretter.
Aussi, lorsqu’un parti accuse un autre de faire du populisme, entendez par là qu’il dénonce ce qu’initialement le CD&V a fait pour Bart De Wever : il lui reproche d’en appeler à des forces obscures et inconnues venant du peuple.
Bien entendu, le lecteur et le téléspectateur en ont conclu que faire du « populisme » était une chose affreuse réservée à des aventuriers qui veulent s’emparer des voix du peuple par la démagogie de leurs propos.
Vu sous cet angle, les partis font tous du populisme.
Et on peut se demander si faire du populisme dans ces conditions, ce n’est pas allé au plus près de la pensée populaire pour s’en inspirer dans le cadre normal d’une démocratie ?
Et c’est là l’hypocrisie des partis, respecter la démocratie est quasiment impossible… dans un cadre démocratique. Quand la politique est faite à 90 % de facteurs extérieurs au peuple par des impératifs liés au capitalisme, donc à l’économie et par l’association des pays « démocratiques » à l’Union Européenne, on sait à l’avance qu’on ne respectera pas la volonté du peuple ! Pourquoi ne nous le disent-ils pas que le suffrage universel est devenu de la foutaise ? Pour la même raison qu’un employé taira son opinion pour ne pas se faire vider par son employeur.
C’est un romancier, Léon Lemonnier, qui lança à l'été 1929 un «Manifeste du populisme». On lui doit donc le mot. Déjà à l’époque, sentant l’amalgame qui pourrait être fait d’une gauche plus prolétarienne que politicienne avec le bluff, la surenchère et la démagogie que suggérerait le mot populisme, Henri Poulaille ne voulut pas laisser passer l'amalgame, qu'il considérait comme une récupération «bourgeoise». Il réagit en écrivant une véritable anthologie-manifeste de la littérature prolétarienne, publiée en juillet 1930 à la librairie Georges Valois. La querelle ne faisait que commencer sur la signification du mot.
Tout cela est du passé. Mais on voit bien que sur moins d’un siècle comme les mots peuvent changer de sens grâce à l’opportunité des dirigeants qui s’en emparent et en établissent une définition qui les arrange, avec la complicité des médias et le manque de mémoire des électeurs.

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Contrairement au Marxisme, le populisme n'utilise pas la lutte de classe, mais les principes démocratiques. Le populisme, qui n'est ni de gauche ni de droite, n'est que le fait de donner l'avantage à la voix des urnes.
La flatterie des peuples par ceux qui en profitent n’est pas le propre des populistes, désignés comme tels par ceux qui jurent bien haut qu’ils n’en sont pas. Que fait, par exemple, Di Rupo dans ses nombreux contacts avec les gens en-dehors de son mandat, si ce n’est du populisme ?
Je me rallie donc à ce que dit du populisme Alexandre Dorna, dans Le monde diplomatique, « Faut-il avoir peur du populisme ? » : "Pris dans son acception de "discours populaire ", le populisme ne saurait donc être assimilé a priori à un mouvement réactionnaire, démagogique ou fasciste."
Le "Petit Larousse Illustré" est clair à ce propos : le "Populisme", souvent péjoratif, est une attitude politique consistant à se déclarer du peuple, de ses attitudes profondes, de ses divers tords qui lui sont fait.
C’est donc « une doctrine littéraire et artistique qui réagit contre la psychologie bourgeoise et mondaine et s'attache à l'expression de la vie et des sentiments des milieux populaires", sacré Henri Poulaille ! Pourquoi ne le lit-on plus ? On devrait le publier en livre de poche. Les chardons du Baragan croissent et prolifèrent toujours !
Au risque d’énerver tout le monde, je vais finir le bidule d’aujourd’hui par une citation qui va faire passer Richard III pour pédant (si ce n’est déjà fait) : « Senatum servire populo, cui populus ipse moderandi et regendi sui potestatem, quasi quasdam habenas tradidisset ? (1)
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1. Le sénat esclave du peuple ! Et n'est-ce pas au sénat que le peuple a remis, pour ainsi dire, les rênes en main, afin d'être gouverné et conduit par sa sagesse ? Cicéron "les dialogues de l'orateur". En latin "populus" est le "peuple" c.-à-d. les habitants d'un état ou d'une ville.

Commentaires

Oui, cher Richard III
Une chronique creuse, incompréhensible, inutile et pédante sur le populisme.

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