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Indigné d’indignations.

Le pauvre Hessel est mort en emportant son indignation. Il n’a rien résolu du tout, par contre il a créé un courant d’indignations en continu. S’il revenait, il serait atterré.
C’était déjà une indignation de son temps : les salaires des patrons des entreprises publiques sont sur le tapis. Les prises de position, les déclarations de principe étaient incantatoires et de manière à masquer l’indigence de la décision.
Non, les salaires des patrons ne seront pas plafonnés. Oui, le successeur de Bellens empochera 600.000 € de salaire annuel, non, il ne sera déterminé nulle part qu’un salaire de CIO ne pourra dépasser vingt fois le plus bas salaire de son entreprise.
Plus on trouve des arguments pour limiter les salaires de base, couper dans les primes et salaires différés, plus on trouve les mêmes arguments, mais inversés, pour maintenir, voire augmenter les salaires des patrons.
C’est comme ça et on ne refera pas le parti socialiste à la base de ce remue-ménage intempestif et inutile.
Wathelet, le meilleur coach des salaires élevés et le pourfendeur des trop gros salaires de base évoque le statut international du boss, pour un statut quo à la belge, c’est-à-dire une fausse diminution des gros salaires.
De quoi s’agit-il ? De trouver des gens capables de diriger des entreprises qui emploient des milliers de travailleurs. Leur mission consiste à trancher sur des rapports fournis par les directeurs et, enfin, de coordonner le tout dans le cadre d’un plan basé sur l’avenir.
Des gens capables de ça, il y en a des centaines en Belgique, aussi qualifiés, aussi doués des qualités d’intuition et de commandement, qui seraient partant pour un salaire bien moindre que celui imaginé à vingt fois le salaire minimum de l’entreprise et claironné comme l’étape prochaine, par miss Lalieux. .
L’argument suprême : nos élites dirigeantes iraient à la concurrence ! Bill Gates les attend avec impatience, Warren Buffet sort son carnet de chèque, Wall Street se désespère de ne pas les avoir, la Chine et la Russie les disputent, Poutine affrète un Iliouchine pour Zaventem…
Allons un peu de bon sens. La concurrence internationale n’a pas besoin de nos élites, apôtres des partis, mi-avocats, mi-camelots de leurs propres salades !

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On les voit venir avec leurs gros sabots. En défendant les gros salaires, les politiques défendent les leurs ! Un type qui fait bien son boulot pour 100.000 €, vous voyez la position d’un Flahaut à 700.000 ?
Un avocat moyen qui survit avec un salaire à 20.000 € devrait travailler 35 ans pour arriver au niveau d’un an de salaire d’un autre avocat, qui est sorti du métier pour faire président de la Chambre !
L’époque est aux indignations, il est vrai, mais des indignations ciblées par ceux qui ont intérêt à ce qu’on ne s’indigne pas de leurs privilèges.
La démocratie tolère les indignés de la chasse aux immigrés et les indignés du non-respect de la loi ; les indignés de la furie médiatique et les indignés qui n’ont rien à cacher réclamant plus de sécurité ; les indignés de la faim dans le monde et les indignés des États « démocratiques » qui tuent l’initiative par les impôts ; on n’a encore jamais vu l’indignation de celui qui dénoncerait ses propres privilèges. Pas folles les guêpes ! De même qu’on ne verra pas de sitôt des patrons s’indigner de leurs salaires, quand ils réduisent ceux de leur personnel.
L’indignation est-elle plus coupable venant des chefs syndicalistes et des député(e)s socialistes que des libéraux et des patrons ? Oui, puisqu’on reste dans le verbe – haut sans doute – mais non productif d’actions. A croire que Demelenne, Bodson et compagnie, tout en se posant en victimes, finissent par se ranger du côté de la députée PS Karine Lalieux, elle aussi chargée de faire croire que… alors qu’on fait le contraire.
Plaçons 2014 dans nos cœurs indignés, faisons-en l’année de l’indignation.
Nous n’en serons pas plus avancés.
L'indignation est une pièce de théâtre dont on connaît les actes par cœur mais qu’on ne se lasse pas de revoir et d’applaudir. .
L'indignation fait partie du système politico-médiatique et sert surtout à créer de l'immobilisme. La télévision attise le feu qui fait monter l’audience. S'indigner soulage les nerfs, fait croire à une activité qui combat l’indifférence.
En 2014, les indignations ne manqueront pas.

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