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Valls disqualifie la République.

Triste jour en France ! Manuel Valls vient par une circulaire aux préfets rouvrir le dossier de la censure. La liberté d'expression est un droit compris dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Il y eut des éclipses de ce Droit fondamental qui correspondent toutes à une mise à mal de la démocratie par le pouvoir en place. La première fut son occultation par Napoléon, son neveu Napoléon III ne devait pas être en reste. Entretemps il y eut Louis-Philippe et Thiers juste après Badinguet. Une des dernières en date fut imposée par la Wehrmacht de 40 à 45. On le voit rien que du beau linge. Valls se trouve en bonne compagnie.
A l’exception de quelques journalistes – parmi les plus grands heureusement – la presse en général ne gueule pas contre Anastasie, au contraire, elle semble apprécier qu’une série de manœuvres illégales et souvent accompagnée de pression, réduise l’humoriste au silence.
Le sujet est scabreux, les opinions tranchées, mais assimiler le spectacle de Dieudonné au jeu « lancer de nains » qui fut interdit par Philippe Marchand, ministre de l’intérieur, le 27 novembre 1991, est d’un haut ridicule.
Malgré la quasi unanimité contre les spectacles de Dieudonné parmi les journalistes, on sent déjà pointer le malaise qui fut celui que dû ressentir Henri Rochefort, journaliste, « l'homme aux vingt duels et trente procès », et condamné notamment au bagne de Nouméa, après la Commune. Il y fut déporté plutôt comme polémiste, que comme communard. On voit bien quels sont les impératifs et les pressions qui musellent la presse française et son unanimité à condamner Dieudonné.

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La publicité que cette mesure va donner à Dieudonné dépasse l’artiste lui-même. On ne veut plus qu’il s’exprime, moins par ses propos – s’ils sont racistes et portent atteintes à la dignité humaine ( ?) il y a des lois pour ça – mais parce qu’il utilise les mêmes méthodes que le pouvoir pour diffuser ses propos et qu’il génère un courant autour de lui qui pourrait grossir et mettre à mal le système que nous subissons, tous plus ou moins consentants.
Edwy Plenel, un journaliste courageux dont nos sycophantes devraient prendre de la graine, a écrit dans Mediapart (excellent journal en ligne) un article auquel je souscris à 100 %.
En voici quelques extraits :
« Contre Dieudonné, mais sans Valls…
…» Dès 2008, Mediapart alertait sur l’antisémitisme obsessionnel de Dieudonné. Plus de cinq ans après, nous nous sentons d’autant plus libres de refuser le piège tendu par le ministre de l’intérieur, Manuel Valls : se saisir du prétexte Dieudonné pour porter atteinte à nos libertés fondamentales. Cette politique de la peur, qui instrumentalise un désordre contre la démocratie, est le propre des pouvoirs conservateurs.
» Un crime se prépare, et nous n’en serons pas les complices. Oui, un crime, c’est-à-dire un attentat contre les libertés. En République, du moins en République authentiquement démocratique, la liberté d’expression est un droit fondamental, tout comme la liberté d’information. Ce qui signifie qu’on ne saurait censurer au préalable l’une ou l’autre de ces libertés essentielles. On est en droit de leur demander des comptes de ce qu’elles disent, de leurs opinions ou de leurs informations. De les poursuivre en justice, de les faire condamner par des tribunaux. Mais seulement a posteriori, sans porter atteinte a priori aux droits fondamentaux qui font la force, et non pas la faiblesse, des démocraties : le droit de dire, le droit de savoir. »
Je vous remercie, Monsieur Edwy Plenel pour cette leçon de journalisme.
Ce que vous écrivez si bien pour la gouverne de vos collègues français est tout aussi valable pour vos lointains collègues de Belgique.

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