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Le palmarès.

La Libre Belgique punaise les stars du show politique pré 25 mai sur son grand mur « des cons ». Pas de surprise. Le public est constant. Les mêmes rigolos font les têtes d’affiches. La politique, c’est comme le spectacle. On ne vient pas voir le Tartufe de Molière, on vient voir Philippe Torreton.
C’est même pour ça que la démocratie ne fait pas sérieux. On s’est accommodé à la tournure façon remake de la manière dont on la gère pour nous, jusqu’à présent assez bénigne. Et c’est ce qui fait son charme. On sait qu’on y est cocu, mais que l’amant de la dame ne nous tient pas rigueur d’exister. On n’est pas en Ukraine.
Dans la course à l’échalote, un qui ne fait pas que tomber la chemise, mais aussi les sondages, c’est le premier ministre. Di Rupo perd un peu de son truc en plumes, mais la star reste la star. Il est au haut de l’affiche. Sa fausse humilité paie et on ne lui tient pas trop rigueur de sa social-démocratie entrée sans honte dans le paradis artificiel du centre, n’en ayant aucun remord et reniant les statuts mêmes du parti socialiste.
Pour le reste des dieux du stade, les partis traditionnels s’en tirent bien, sauf Écolo qui a eu la mauvaise idée de la présidence bicéphale. Le badaud n’aime pas les podiums à deux. Une passion ne se partage pas. D’autant que l’exclusivité amoureuse fait le reste et on déteste souvent plus qu’à son tour le partenaire des deux qu’on aurait voulu voir sur la deuxième marche. Enfin, tout le monde connaît l’impossibilité d’Écolo de traiter des problèmes simplement. Encore que, sur le fond, Écolo en ouvrant les possibilités à deux des siens lutte contre le star-system, mais le public n’est pas assez mature pour apprécier l’effort.
La Libre met le doigt sur « la mauvaise popularité des ministres du Gouvernement wallon ». Ils ne sont pas populaires parce qu’ils n’ont pas de shows permanents, à part Demotte, on ne les connaît pas ou lorsqu’un drame social les met en lumière, comme Marcourt ou Antoine. Si Demotte assurait sa présidence en tant que premier responsable, sa popularité s’en ressentirait. Il a l’intelligence de ne se montrer que dans des activités neutres, on ne le voit pas quand Arcelor-Mittal licencie ou quand les comptes de la Région sont épinglés par la Cour des Comptes. C’est un malin.

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A la Région, Jean-Marc Nollet reste toujours confondu avec Jean-Michel Javaux. Comme ils offrent une image lisse l’un et l’autre, Le premier bénéficie des sondages de l’autre et vice-versa. C’est pratique, c’est écolo et c’est surtout le désintérêt général qui veut ça.
Qui connaît Eliane Tillieux (47e), Philippe Henry (50e) et Carlo Di Antonio (52e) : personne. C’est bien l’illustration de la pacotille du souk démocratique, alors que ce sont des gens qui – peut être - mériteraient d’être connus
Il y a quand même des contrexemples. Willy Borsus opposant MR à la Région ne bénéficie pas de sa faconde et de sa notoriété devant les médias. Ses coups de gueule ne lui valent que la 43me place. Ici, un autre facteur aussi factice mais néanmoins capital dans le toc général, c’est le personnage. C’est purement et simplement de la discrimination au faciès et à sa manière volontiers agressive. Pour sauter dix places, il lui faudrait une gueule d’ange et des manières polies. Magnette, par exemple, à la gueule de l’emploi et en même temps à le sourire aimable des gens qui vont dire des vacheries et les électeurs aiment ça.
Reynders, depuis qu’il a laissé sa place à Liège à Christine Defraigne prospère et profite au niveau national. Son interprétation hors pair du citoyen indigné, son maniement intelligent de la langue française, enfin son culot de dire les yeux dans les yeux des énormités aussi fausses que la porcelaine de sa denture font de lui l’archétype du parlementaire appelé à de hautes fonctions dans le cadre d’une démocratie de circonstance.
Un mystère plane sur la bonne tenue dans le classement de Willy Demeyer. On l’entend rarement, son élocution est laborieuse et c’est un des rares dans la compétition à laisser parler les autres dans les débats télévisés.
Sans doute est-il l’exception qui confirme la règle ?
Un petit qui progresse bien, c’est Raoul Hedebouw. Propre sur lui, tenant des propos intelligents, usant d’un sourire désarmant, il recueille les suffrages des mécontents de plus en plus étoffés par temps maussade. Il évite de parler du grand soir, de la lutte des classes et de sortir un mouchoir rouge pour faire peur en se mouchant. C’est de bonne guerre pour ne pas effaroucher un public resté très arriéré politiquement et qui croit toujours en l’alliance du progrès social et des bonnes petites affaires.
Il fallait un Écolo pour fermer la marche. C’est fait. Patrick Dupriez, est loin derrière à la 56e et dernière place du classement.
Les vedettes du Nord, nous intéressent moins. Elles échappent à nos suffrages. Mais, elles dépendent des mêmes facteurs dérisoires et ridicules qui déterminent les gens et rendent aléatoire tout progrès dans une démocratie, à la pousse toi de là que je m’y mette.

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