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La fleur au fusil !

Le monde regarde estomaqué les événements d’Ukraine.
Que pouvons-nous sur leur déroulement, nous, lecteurs de la presse et consommateurs des nouvelles télévisées ? Rien. Et qu’y comprenons-nous ? Idem.
La faute à Rouletabille qui nous raconte n’importe quoi, sachant que nous ne l’écoutons que d’une oreille distraite, la tête dans les nuages d’une Europe d’Épinal.
Il y a à peine trois jours, l’Europe roulait des mécaniques. Les journaux s’enthousiasmaient de l’amour des Ukrainiens pour nous. Il y avait même quelques déçus par Barroso qui se reprenaient à espérer du Rond-point Schumann.
Bravant le danger, nos hardis reporters interviewaient des insurgés armés de gourdins et protégés par de grands couvercles de marmite. On entendait siffler des balles tirées par les hommes de main du Président Viktor Ianoukovitch.
Quelques heures plus tard, Ianoukovitch en fuite, un gouvernement se mettait en place. On visitait la datcha luxueuse du tyran. Van Rompuy appelait le peuple Ukrainien au triomphe modeste et serein. Timochenko revenait en fauteuil roulant et faisait oublier dans les pleurs qu’elle avait été l’égale ou presque de Ianoukovitch dans la corruption.
Qu’importe, on la trouva bouffie, mais admirable.
Bref, l’Europe venait de s’assurer un peuple de fervents qui frappait à sa porte. On allait voir avec le FMI comment régler la dette de l’Ukraine. Barak Obama parlait du triomphe de la démocratie.
Ce samedi soir, on s’est réveillé d’une sieste heureuse de fin d’après-midi au deuxième acte de la Libération de l’Ukraine qui s’appelle « Crimée, nous voilà » et qui vire au cauchemar.
Les Russophones sont plus nombreux qu’on le croyait. La Russie détient dans ses mains des cartes économiques bien plus importantes que celles de nos brelans bancaires et nous n’avons pas d’armée comparable à celle de la Russie pour lever le menton dans les endroits stratégiques où les populations hissent le drapeau de Poutine.
Du coup, la démocratie replie son matériel de campagne. Ianoukovitch jure qu’on ne l’a pas destitué et les journalistes européens téléphonent à leurs confrères de Moscou pour avoir des nouvelles fraîches.
Dans la rue, on croit que ça va être la guerre, comme au temps de Staline. Les plus farfelus disent qu’avec un ex champion du monde de boxe du côté occidental et un autre du même acabit du côté russe, on n’a qu’à faire un match en quinze rounds, pour départager les deux blocs.

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Qu’on se rassure. Il va y avoir encore quelques journées de gesticulation de notre côté, mais nous n’avons pas d’armée ! Sinon, tout au moins quelques embryons épars. Mieux que du temps de Staline, les chars de Poutine sont à 48 heures du Manneken-Pis.
Le plus dur ce sera d’expliquer aux Européens que, tout compte fait, on avait oublié la forte minorité russophone et que la Russie est la seule à pouvoir tenir l’Ukraine la tête hors de l’eau et, dans le cas contraire, si elle ferme le robinet, mettre le gaz russe en bonbonnes à Bruxelles pour l’expédier à Kiev, est pire encore que le pont aérien imaginé par les Américains pour approvisionner les Alliés à Berlin, au temps de la guerre froide.
Il est toujours fâcheux d’avoir un triomphe prématuré.
Les guerres du passé n’avaient pas d’autre départ que celui-là.
Napoléon III allait bouffer Bismarck. On a vu le général Bazaine vert de peur et claquemuré dans Metz, déconvenue ! L’oncle de Badinguet avait fait mieux à Waterloo. Il attendait Grouchy, ce fut Blücher. De l’autre côté, ce n’est pas mal non plus. Hitler en 40 dansait la gigue devant la UFA, à la nouvelle de la percée de Sedan. Il finit par se suicider dans son bunker de la Chancellerie, cinq ans plus tard.
Si Kiev en colère a chassé les pourris du pouvoir, l’ennuyeux c’est que les honnêtes ne sont pas légion non plus de l’autre côté. Comment cimenter un pays dans une réconciliation générale, quand toutes les têtes de gondole sont à mettre au rebut ?
Qui veut enfourcher son blanc destrier pour pourfendre au nom de la démocratie des ploutocrates malhonnêtes jusqu’à Belgorod en terre russe !
Personne !
Alors, hein ! Messieurs les journalistes de la retenue. Ce n’est pas que la démocratie n’est plus ce qu’elle était, la démocratie n’a jamais été ce qu’on croyait qu’elle serait.
L’Ukraine refuse de répondre à une provocation ? Elle a bien raison. Et nous ferions mieux d’éviter de la pousser dans le dos, dans la crainte qu’elle ne fasse des conneries !

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