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Tous idiots ?

On entend bien les patrons se plaindre, comme Colruyt, de la cherté des salaires, surtout les salaires des anciens travailleurs de l’entreprise, les politiques nous parler du manque d’appétit des chômeurs pour l’emploi et enfin de l’absence d’intérêt pour les votes et la démocratie, tout cela brassé par les redites des journaux à leur service, enfin pour couronner le tout, les fausses solutions de l’extrémiste flamand Panda De Wever.
Bien sûr, nous vivons comme nos voisins français dans le doute et la déprime. Et même si cela est légitimé par les pertes sociales d’une population qui n’en peut, par rapport à notre passé, nous vivons sur un énorme déficit : celui d’une absence irréparable de la pensée intelligente des ouvriers de l’entre-deux guerres, dans l’art de faire et de produire, dans l’art d’exister tout simplement.
Certes, on ne s’abêtit pas tout seul. Assez curieusement, c’est le progrès technique qui s’en est chargé. Comment pourrait-il en être autrement attendu que les innovations qui depuis un demi-siècle nous travaillent l’esprit sont la propriété de ceux qui ont intérêt à notre abêtissement !
De cela il ressort que le plus grand déficit dont nous souffrons n'est pas économique, il est intellectuel.
Pourquoi nos « élites » osent-elles tenir les propos préélectoraux à la fois si mièvres et en même temps si irréalistes ? Parce que les industriels et les politiques au pouvoir connaissent parfaitement le résultat de leur œuvre. Ils ont les raisonnements que nous attendons. Ces messieurs-dames nous prennent pour des imbéciles ; puisque nous le sommes devenus ! Ils nous prennent exactement pour ce qu’ils ont devant eux : des naïfs, des immatures et des idiots… mais dans le sens où l’entendait Dostoïevski et c’est là que ça coince. Ils ne nous prêtent pas le désir de nous améliorer, parce qu’ils nous méprisent et ils ne veulent surtout pas admettre que si nous sommes devenus idiots, que c’est à eux que nous le devons.
Plus vite qu’ailleurs, dans une Belgique de compromis, nos « élites » renoncent à leurs promesses. Pour eux, la pire chose serait qu’une population lucide et intelligente leur demande des comptes. Ils paraitraient aussitôt désemparés, impuissants et quelques mois suffiraient pour que l'opinion s’aperçoive qu’ils mentent.
Quels sont les partis qui dominent la politique ? Ceux qui se sont installés dans le professionnalisme afin de préserver l’essentiel : leur propre réélection, plaçant du même coup les Institutions qu’ils semblaient vouloir défendre, dans une crise sans précédent. Une amélioration de la vie, plus de bonheur et des gens heureux, ce programme, ils ne le défendent plus. A part leur réélection, ils marchandent avec le pouvoir économique pour justifier une cohabitation entre le travail et le capital et au passage empocher leur bakchich, ô pas toujours consciemment et sciemment, mais de façon régulière.
Le système économique a éparpillé le travail, parcellisé les tâches, réduit en miettes les savoirs pour plus de rentabilité et de production sans doute, mais en se détachant de la fonction sociale et humaine du travail équilibré et partagé par tous, dans l’unique but de faire du profit.

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On a cru jeter un voile prudent sur le travail manuel, le travail idiot comme chez Colruyt ou ailleurs. Quid de l’universitaire aujourd’hui plongé dans la même galère et à qui on a menti autant qu’au jeune sortant désemparé d’une école technique, école qui n’a surtout pas voulu partager ses problèmes et dont il a fini par se séparer, d’un commun accord d’ailleurs, avec les autorités pédagogiques ?
Le grand échec du PS est éclatant. Il n’est pas parvenu à sortir les défavorisées de la pauvreté, sur le temps qu’au nom de l’efficacité capitaliste, il renonçait à sécuriser les salariés. Celui du MR ne l’est pas moins. Comment peut-on entrer dans la logique d’une mondialisation qui est aux antipodes d’un capitalisme d’intéressement général ?
L’unique solution n’est-elle pas de rendre aux gens leur capacité intellectuelle en ne les humiliant plus et en les considérant enfin comme devrait l’être la multitude, maîtresse d’elle-même et intelligente ?

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