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Un bide occidental.

Le procédé des Autorités est toujours le même quand il s’agit de faire approuver leur politique extérieure par le peuple.
Avec la complicité des journaux, on s’est emparé d’une situation de turbulence dans un pays qui n’est pas dans la zone euro. Deux factions s’y affrontent, la pro-russe et la pro-occidentale, entre ces deux pôles aussi corrompus l’un que l’autre, une population révoltée d’être pillée, proteste d’abord pour ce qu’elle endure, avant d’être pour l’Europe ou pour la Russie.
Comme la situation sociale est mauvaise en Europe, c’est une aubaine en montrant qu’ailleurs, c’est pire. Mais, si ce n’était que cela !
Voilà des Ukrainiens qui montent des barricades à Kiev contre le président Ianoukovitch. Celui-ci après avoir longtemps fait des zigzags, tourne le dos à l’Europe et confie sa trésorerie catastrophique au grand frère Poutine. Et c’est l’explosion populaire !
Le monde occidental s’enflamme et crie au scandale.
Dès lors, vous n’aurez plus droit qu’aux images d’une peuple amoureux de l’Europe et brisé par l’ours brun de l’Oural.
La presse et les Autorités ont tiré le cordon (voir la chronique précédente).
L’Europe et les Etats-Unis s’étaient d’abord affermis dans leur politique anti tzariste en célébrant la Révolution Orange, puis en approuvant Julia Timochenko. Dubitatifs, ils s’étaient éloignés de Viktor Ianoukovitch, à propos de la prison de Julia pour corruption et jugée par un pouvoir pour le moins aussi corrompu, puis calmés, par la volonté de Viktor de passer à l’Occident.
Tout se précipite après qu’Ianoukovitch ait mangé sa parole et réintégré le camp russe. Gros chambardement, Viktor met les voiles et le « peuple » prend le pouvoir en Ukraine. Ce que voyant, Poutine en profite pour annexer la Crimée occupée essentiellement par des russophones et « donnée » à l’Ukraine par un Khrouchtchev en état d’ivresse, dans les années soixante.
Voilà la presse et les autorités occidentales bien excitées par l’invasion et impuissantes à faire autre chose que protester avec le prétexte d’attentat à la liberté, d’atteinte aux droits des gens, etc. Reste que Poutine avec son gaz et sa puissance militaire, laisse à l’Occident le soin de régler les 140 milliards de dollars de dette extérieure de l’Ukraine. Le détail a quelque chose d’effrayant : 65 milliards payables dans l’année, dont 2 milliards sont destinés au gazier russe Gazprom, pour ses livraisons d’énergie (et encore à un prix d’ami).

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Nous voilà beaux avec un pays pillé par tous les appareils d’État qui s’y sont rempli les poches, l’absence de réserve avec une épargne nulle et un salaire moyen qui n’atteint pas 300 euros !
Pour un pays qui n’est même pas dans la zone euro, voilà qui n’est pas très malin ! Va-t-on faire pour l’Ukraine ce qu’on a fait à grand peine, et encore, pour la Grèce, membre de l’UE ?
Et tout cela pour montrer à Poutine l’ambition d’unification de l’Europe ! Une politique dont nous n’avons pas les moyens ! Le comble, nous traitons Poutine d’expansionniste.
Avant la destitution de Viktor l’économie de l’Ukraine ne survivait que grâce à Moscou. Avec son départ, Poutine récupère la Crimée et coupe l’aide financière. On peut dire ce qu’on veut, mais la stratégie de l’Europe n’est pas fameuse.
Si la démocratie n’a pas de prix, il faudra bien trouver très vite quelque millions de plus en Belgique pour notre participation au sauvetage de l’Ukraine !
Vu les circonstances, nous sommes pour longtemps dans des gesticulations à l’encontre de la Russie pour ne pas perdre la face. Les journaux belges dans leur zèle ont été trop vite emballés. Ils ont agi comme on le leur suggérait, et c’est triste.
Il est probable que l’UE s’allègera d’une manière ou d’une autre du poids de cette démocratie nouvelle en laissant Moscou reprendre sa part du fardeau par l’annexion plus ou moins officielle de la zone orientale russophone. On a déjà vu le scénario au Kosovo.
Évidemment, cela ne se fera pas tout de suite. Il y aura encore une large part de cris et d’indignations. L’Europe est déjà perdante en politique intérieure, elle ne va pas cumuler avec l’externe.
Poutine joue sur du velours. Il n’a qu’à attendre que nous lui abandonnions l’Ukraine en lui recommandant de nous laisser les territoires où on ne parle pas russe. Les Flamands connaissent, ils savent mieux que tout le monde ce qu’il faut faire.
Et si, dans un dernier sursaut d’orgueil, Di Rupo proposait son expérience en « frontière linguistique » pour arranger le coup en Ukraine ?
Il manque à son palmarès un triomphe international, à cet homme là !

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