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Une marche à suivre.

Les Anciens en ont le souvenir, les autres et, parmi eux, ceux qui ont quelque notion d’Histoire vous le diront : ils ne reconnaissent plus le PS aujourd’hui. C'est-à-dire qu’ils ne distinguent plus cette gauche là du mouvement libéral.
Oui, diront les gens du boulevard de l’Empereur, mais les temps ont changé.
On se demande bien en quoi ?
L’écart entre les revenus du capital et du travail s’accroit, le chômage est à des pourcentages record, les acquis sociaux fondent au soleil socialiste et les banques, responsables de la crise à la suite des opérations casinos 2008-2009, s’en tirent indemnes et c’est la population qui trinque.
Si le PS ne voit pas là une situation explosive, je ne sais pas ce qu’il lui faut.
Il est vrai que les notions de gauche et de droite sont assez floues, au point que pour avoir des opinions tranchées, il convient d’ajouter le qualificatif d’extrême à l’une et à l’autre.
Certaines causes ont même carrément changé de bord.
Par exemple les mouvements communautaires en Wallonie étaient avec le Mouvement Populaire Wallon carrément à gauche et même à l’extrême gauche. Le point culminant fut l’affaire des Fourons, la montée des Happart et l’effervescence pour le retour des Fourons à Liège.
Et qui a repris le flambeau ? Le FDF (Front des Francophones) avec Antoinette Spaak et Maingain, de purs libéraux jusqu’il y a peu.
Sous la pression de l’aile Hainaut-Centre et du Montois Di Rupo, le PS s’est converti au royalisme unitaire, et a rejoint l’aile nationaliste conservatrice et monarchiste la plus catégorique.
Un autre exemple, les syndicats socialiste et social-chrétien.
Quel est le rapport entre l’esprit de ceux qui ont animé les grèves de 68 et celui des guichetiers de la place Saint-Paul et des verdâtres de Claude Rolin ? Aucun !
C’est une autre planète, des autres gaillards, d’autres convictions et d’autres certitudes.
L’édulcorant socialiste et la violette bruxelloise façon Milquet sont passés par là.
A quoi faut-il attribuer ce glissement ?
Sauf quelques gadgets à des prix abordables pour le commun, la situation se serait plutôt dégradée, qu’améliorée. Soit les discours ont changé. On nous a servi le couplet de l’inexorable mondialisation des marchés, ressassé l’impossible lutte contre le système capitaliste. Personne n’a vu, sauf à l’extrême gauche, combien ces discours sont défaitistes, démobilisateurs et avachissant.
Et au lieu de montrer du doigt et d’exclure de la gauche ces pollueurs de l’idéal populaire, ils occupent les premières places du parti socialiste et du CDH !

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On a connu des récupérations de philosophes et d’écrivains politiques dans l’Histoire aussi. Alexis de Tocqueville et Benjamin Constant (1) sont les meilleurs exemples. De leur vivant, ils ont pu être considérés de gauche ! Et quand on lit Tocqueville – mais qui le lit encore ? – on est surpris de l’interprétation qu’en donne Didier Reynders. Le MR et lui l’ont récupéré et placé sur un piédestal… à droite. Benjamin Constant a développé dans ses écrits un libéralisme politique bien plus à gauche que n’est le PS aujourd’hui. Ce n’est qu’à la fin du XIX me siècle qu’il est récupéré par les libéraux en quête de grands ancêtres.
Ce qui gêne de nos jours l’interprétation à gauche de ce qu’ils nous ont légué, c’est ce pourquoi ils ont lutté toute leur vie : rendre au commerce entre les hommes, la morale que cet exercice leur a fait perdre.
C’est justement une des raisons du délitement du PS et des autres partis de pouvoir. Ils ne luttent plus contre les inégalités et les injustices ; car, de morale ou d’éthique (ça fait plus chic), ils n’en ont plus qu’une : celle de l’argent.
Ayant définitivement inversé le sens entre immoralité et moralité, ces politiciens de gauche, comme de droite, n’envisagent plus la morale que par un bon rapport qualité prix de leurs prestations.
En France la marche anti Hollande/Valls était ce samedi une réussite. Et en Belgique, si on faisait une marche anti Di Rupo/ Michel ?
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1. La morale est une science beaucoup plus approfondie que la politique, parce que le besoin de la morale étant plus de tous les jours, l'esprit des hommes a dû s'y consacrer davantage, et que sa direction n'était pas faussée par les intérêts personnels des dépositaires, ou des usurpateurs du pouvoir. (Benjamin Constant)

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