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Burnous et burnout.

Le rapt du baron Empain, celui de Paul Vanden Boeynants et enfin les aventures de l’inénarrable Guy Cudell disparu le 24 juin 1984 et revenu 2 jours plus tard à Saint-Josse, on a toujours enlevé en Belgique. C’est moins risqué qu’un fric frac au bankomat. Où il y a des riches, on trouve des malfrats, comme la misère attire les punaises.
L’enlèvement est un crime vieux comme le monde. Les Sabines ne diront pas le contraire. L’apogée se situe au temps des Croisades. Les razzias, qui ont suivi en Europe, figuraient déjà une spécialité d’Afrique du Nord.
Du cornet d’oreille à Internet, l’homme moderne a fait des progrès dans l’amplification des événements, la rapidité de les dépeindre et de les situer. Si bien que l’enlèvement d’un seul citoyen fait plus de bruit de nos jours que la déportation d’un village de Cafres pour les champs de coton de Virginie en 1850.
Avec notre goût bourgeois du molletonné, des flics et des caméras de surveillance, le rapt nouveau style nous dérange plus que mille couturières qui meurent d’un coup au Bangladesh, assassinées par des multinationales.
Tous les salauds ne sont pas montrés du doigt de la même manière. Par exemple, nos grandes maisons de couture sont loin de rivaliser dans notre dégoût aux ravisseurs d’Al Qaïda.
Il n’y a aucune différence sur les intentions criminelles d’un pistolero d’Amérique du Sud, d’un gangster bruxellois, d’un banquier en titrisation d’hypothèques pourries ou d’un faux/vrai ayatollah soudanais à se faire du blé.
L’otage européen s’échange contre des dollars, selon un processus qui, sur le fond, est invariable, l’employé en plein burnout s’échange contre un congé maladie, une mise à pied sans préavis ou une corde pour se pendre. Société de consommation ou société barbare, comme les tapis d’un souk, on ignore ce qu’elles valent réellement.

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Ceci dit, la truanderie si elle est universelle ne se traite pas de la même manière selon qu’il s’agisse d’un maffioso de la Cosa-Nostra, du GIA proche d’Al-Qaïda, et de Lehman Brothers.
On met des gants quand on entend le nom d’Allah et on ricane quand on pense que ce sont les successeurs de Corleone au tiroir-caisse, on présente des excuses aux banquiers.
François Hollande s’évertue à nous faire croire qu’aucune rançon ne sera plus versée. Les quatre journalistes français détenus en Syrie depuis Juin 2013, ont donc été libérés par l’effet d’une bonne conscience soudain retrouvée des preneurs d’otages.
Ce mensonge officiel est-il encore d’utilité ?
Sous prétexte qu’Allah les missionne, les gangsters le savent : il n’en est rien.
Les millions de dollars empochés servent à la belle vie des combattants religieux, à l’achat d’armes et à la propagande pour amener les paumés d’Europe à jouer les poupées sanglantes en remplacement des exsangues.
Cercle vicieux dont nous ne sortirons qu’en coupant le robinet des dollars.
Seulement voilà, les têtes de gondole se verraient montrées du doigt, les otages périraient des mains de leurs bourreaux et il n’est pas dit que des truands ne poursuivraient pas leur petite entreprise par atavisme et bêtise. En plus, les marchands d’armes licencieraient nos brav’ gars et les syndicats feraient la gueule !
Or, les libérations d’otages redorent les blasons du pouvoir. Le rondouillet Hollande était aux anges sur le dernier tarmac de libération. Fabius savourait l’instant triomphant devant les caméras de tout le pays.
Quant aux sondages, les tentatives de détournement de l’attention du public des affaires d’Etat n’ont pas été suivies d’effet !
La poésie a un peu perdu de son panache, depuis que les pirates somaliens, en pneumatique à moteur de la marque Ali Baba (ça ne s’invente pas), ont remplacé les Barbaresques à la voile.
Les pignoufs illettrés, islamistes par désœuvrement et sillonnant les déserts au nom d’Allah en 4/4 ont remplacé les marchands d’esclaves à chameaux, mais la tradition est sauve. Comme les vacanciers se font rares, ce sont les journalistes qui remplissent les vides. Si ça continue, en France, il faudra avoir fait au moins six mois de stage dans des confins désertiques pour prétendre avoir accès au métier.
Si ces messieurs des déserts pouvaient au moins nous débarrasser de nos hommes politiques au lieu des journalistes qui eux, au moins, travaillent et ne s’enrichissent pas !

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