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À un p’tit gars d’la Meuse…

Marcourt est le numéro 1bis de la Fédération du PS de Liège. On est bien heureux pour lui. Le numéro 1, c’est Willy Demeyer, tel qu’en lui-même. Voilà pour les étoiles, on n’ose dire montantes, plutôt à 5 lumens. Notez que pour éclairer la mortuaire, c’est suffisant. Tout ça consigné par Gaspard Grosjean, de la Meuse, journal local. C’est dire le sérieux.
En-dehors de la place Sainte-Véronique, siège du PS, et de la place du Marché, lieu où se dresse « fièrement », comme on dit au Touring Club, la maison communale, personne, au sortir de ces périmètres, n’a jamais entendu parler de ces deux là, sauf Gaspard Grosjean pour des raisons professionnelles.
À part cette information de première main, il fallait bien que Gaspard écrivît quelque chose pour remplir la colonne qui lui était dévolue dans la gazette.
D’habitude vingt lignes faciles chez des gens comme le Suédois, le curriculum du Jean-Claude, avec virgules et points de suspension, on fait à peine trois lignes !
« Vice-président des deux gouvernements – en Wallonie et à la Fédération Wallonie-Bruxelles », débute ainsi le malheureux journaliste. Il aurait pu faire plus long avec la même chose. « Jean-Claude Marcourt est le talentueux vice président du gouvernement régional wallon et l’incontournable vice-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles. » Cela fait en corps dix et quatorze cicéros de large, deux lignes de plus. (Fais attention m’fi, les patrons du Soir à Bruxelles t’ont à l’œil.)
Là, comme on a bien le temps, puisque de Marcourt, on n’a rien à dire, si je comprends bien, J-C a été vice-président des deux assemblées, et il n’a même pas été fichu de devenir président de l’une des deux après les élections de mai ! Faut-il qu’il soit dans la manche d’Élio-le-Magnifique !

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Mettez-vous à la place de Grosjean avec cette possible inimitié montoise. Il doit marcher sur des œufs. Sa place est en jeu ! Interviewer J-C pourrait passer pour de la provocation en Haut lieu.
Il a dû hésiter. Pour faire plaisir à Élio, il a été tout près d’écrire que J-C en 2012 fut un des artisans du démantèlement de la sidérurgie en Wallonie et notamment dans le Bassin liégeois. Félicité par Écolo pour l’air pur retrouvé, il n’en demeure pas moins honni par tous les sidérurgistes qui ont perdu leur emploi et dont le dernier carré s’apprête à souffrir sur le chantier en voie de disparition de ce qui reste.
Ah ! Grosjean a hésité… Dire la vérité est punissable par la direction. Le pauvre était pris entre deux feux. Puis, son bon cœur aidant (à cause de ça, il est toujours au niveau zéro du prix Albert Londres), il nous a fait l’interview tout en douceur et chatterie…
Gaspard Grojean a eu un trait de génie. Son article sera traité sous la forme de questions réponses..
L’interview, dégage en effet, l’intervieweur de toute responsabilité. Il pose une question de trois lignes et l’autre répond par une douzaine d’autres. Cinq questions vous font un article, avec l’intro, le compte est bon. En plus, tout est sur bande enregistrée et l’autre ne peut pas dire « je n’ai jamais dit ça ».
Ça a l’air vivant, relevé même, et hop, c’est bouclé.
Déjà à l’intro, quelque chose rebute. « Jean-Claude Marcourt se dit heureux de ses compétences. Il défend le nombre de ministres et met le MR face à ses responsabilités pour le fédéral. Le Liégeois s’affirme un peu plus comme un cador, tant à Liège qu’au sud du pays. Et exclut une élection présidentielle anticipée à la puissante Fédé. » Le terme « cador » fait argotique et vulgaire, mais bon, Gaspard n’écrit pas pour des intellectuels.
Soudain, je me comprends. J’ai traîné des pieds pour ne pas lire la suite. Je me suis interrogé. Marcourt, je ne le connais que dans ses primesauts d’athlète local. D’où vient mon aversion ? Je crois que c’est l’homme ! Il n’est pas avenant et faussement ouvert comme Paul Magnette, il ne fait pas pitié comme Rudy Demotte. Non, lui, il fait veule !... Dès qu’il apparaît à la télé, je me tâte pour sentir si j’ai toujours mon portefeuille.
Que Gaspard Grosjean me pardonne, je ne saurai jamais si son articulet était de taille à le faire passer de la classe zéro à la classe 1, celle dans laquelle tous les débutants peuvent prétendre entrer après six mois de stage.

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