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On rentre…

Ça file le bourdon à plus d’un : c’est la rentrée… enfin pas tout à fait, mais elle s’amorce. Finis les infos sur la pluie et le beau temps, et les petits méfaits qui placent la Belgique devant l’incapacité de nos hommes politique de pouvoir. En effet, le pays où les transports en commun sont parmi les plus chers au monde, l’endroit en Europe où le travail est le plus taxé, celui qui possède le plus de gouvernements en exercice (5), celui qui se fait habituellement taper sur les doigts parce qu’il ne respecte pas les Droits de l’Homme et du Citoyen, mais c’est le nôtre ! Ces maudites choses dites et écrites pendant les vacances seront bientôt condamnées au silence, et pourront être l’occasion d’une émission sur la nocivité de l’imaginaire dans la société de consommation, à la RTBF.
Ce qui ne veut pas dire que certaines catégories d’individus vivent mal en Belgique, au contraire. C’est un paradis pour ceux qui ont de gros paquets d’argent. C’est une terre d’accueil pour les athlètes de la grosse déclaration d’impôt qui y trouvent le sûr refuge, à Uccle de préférence.
Dès la rentrée tout va redevenir comme avant. Les célébrités bien ravalées, rafraîchies, en pleine gravitation anti-âge nous reviennent avec des spectacles tout neufs et pas seulement dans le show-biz.
La politique aussi. Tout sera inédit, étonnant, pour enthousiasmer le spectateur et l’électeur regroupé en une seule personne. Dorénavant ce sera un parti très minoritaire qui va se charger de poursuivre la tâche du très majoritaire PS pour représenter la Wallonie. Est-ce raisonnable ? Non !... et pas sérieux non plus. Nous naviguons donc vers un avenir peu sérieux, vaudevillesque. Quand tout le monde en aura conscience, nous serons débarrassés d’un grand poids : celui de nos chagrins. Ce royaume n’en sera plus un et les élections auront fait la preuve qu’elles ne servent à rien, qu’à brouiller les cartes jusqu’à ce que le jeu devienne incompréhensible. Et nous chanterons « Embrassons-nous Folle ville ! ».
Plus on s’aventurera sur un terrain inconnu, tyrannique, ploutocratique, exaltant l’économie de bon aloi, plus nous croirons aux vertus de la démocratie. Même quand celle-ci aura complètement disparu, nous la célébrerons, comme si elle restait présente. Nous garderons le rite de la procession tous les quatre ou cinq ans dedans et aux alentours de nos écoles. Nous communierons sous les posters de nos élites. Nous réciterons « Je crois en toi, Di Rupo, créateur du ciel et de la terre » dans l’espoir de finir au paradis montois.
Enfin, nous aurons en septembre les dix épisodes de la cinquième année de Game of Throne !
Nous nous épouvanterons des méfaits du roi des sept couronnes et nous nous rassurerons que de telles mœurs sont incompatibles chez nous avec les vies édifiantes de nos héros, que nos reines ne font pas l’amour au pied du catafalque du défunt roi, leur fils, avec son géniteur, qui est en même temps leurs frères. (Je sais, c’est compliqué. Surtout pour ceux qui ne connaissent pas la série).

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Nous comparerons notre réalité à l’irréalité du cinéma, au point de croire que la misère filmée à Hollywood est bien pire que celle que nous avons dans les rues et que nous ne regardons pas vraiment. Mieux, que nous fustigeons comme une honte, exposant à la curiosité amusée de nos touristes, un ramassis de fainéants qui grossit avec le temps et dont nos gouvernements futurs auront difficilement la peau.
Notre idolâtrie de l’argent prendra en septembre l’aspect d’une grand’messe dans les étranges lucarnes où nous regretterons que la présence des gros bonnets sur les plateaux ne soient pas aussi dans les soutiens-gorge de nos présentatrices.
Enfin, pour tous ceux qui ne le savent pas encore, ce sera l’occasion de fêter les fermetures d’entreprises au champagne des patrons et au vinaigre des licenciés qui n’auront plus le même regard devant les mesures inspirées des insomnies de Bart De Wever.
Enfin, nous sauterons de joie à la bonne nouvelle de la fin de la crise. Comme Hollande, nos stratèges la sentent. Elle est là avec la croissance. Charles Michel, dit le Suédois, dit le Schpountz, est le premier à l’avoir sentie. C’est un don de famille, il a le nez des Michel.
Nous passerons l’hiver au chaud sur cette bonne nouvelle. Enfin pas tout à fait. Nous risquons d’être débranchés et privés de courant, à cause des méchants écolos qui en veulent à nos centrales… Mais nos petits cœurs vaillants en ont vu d’autres. Certains ont gardé le quinquet au pétrole de leurs arrières grand’mères. Ils pourront l’allumer et retrouver les joies saines des veillées d’autrefois, loin d’Hakima Darhmouch et des prétentieux qui savent toujours tout. Qu’ils se dépêchent, parce que le pétrole… je ne sais pas si on en aura assez jusqu’au printemps.
Et nous dirons merci à tous ceux qui se seront dévoués pour nous rendre le pays agréable, la vie simple et heureuse, le vin léger et la soie plus froufroutante que jamais de nos femmes, si belles en cet automne prématuré.

Commentaires

Ah,je pensais qu'il n'y avait que moi qui avait le blues de la rentrée et d'autres choses...merci pour cet bel article!

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