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Deux millénaires de conneries.

Je suis d’accord avec Jean-François Kahn, sur le fond de son article en forme de « question-réponse » Le monothéisme, cause de toutes les tragédies (Marianne n° 918). Par contre, je ne suis pas de l’avis de Joseph Macé-Scaron et Martine Gozlan, lorsqu’ils décrivent sous le titre « Pourquoi les religions les rendent fous » l’atmosphère apocalyptique d’une empoignade générale à cause du poison fondamentaliste, comme s’il venait à peine d’éclore à la guerre d’Irak de Bush junior, comme si les siècles antérieurs avaient été plus doux.
Cette folie des hommes date de l’empereur Constantin et la fin du polythéisme.
Les dieux antiques étaient nombreux et leurs prêtres et prêtresses étaient divisés sur les qualités des dieux voisins. La concurrence était parfois sévère et les dieux étaient jugés sur les résultats de leurs officiants.
Mais, ils étaient si nombreux, qu’ils finissaient par se neutraliser.
Certes, il y eut des exactions. Lorsque l’armée de Dyonysos, formée des Ménades et des Satyres ivres d’avoir consommé Amanita muscaria dévastaient les villages, des innocents étaient égorgés. Certaines pratiques allaient jusqu’aux sacrifices humains (interdites sous Auguste). Dans l’ensemble, qu’il s’agisse de la Grèce ou de Rome, les dieux étaient aimables et indulgents. Zeus à Athènes, quoique le dieu au-dessus des dieux, avaient tellement fait des farces aux humains, trompés les maris et, par conséquent humilié Héra, son épouse (Junon chez les Romains), protectrice de la femme et déesse du mariage, que les citoyens qui avaient failli, y puisaient du réconfort par la compréhension de la divinité, après quelques offrandes.
Cette époque était cependant aussi sombre que la nôtre par les guerres entre les tyrans et par la pratique de l’esclavage, mais au moins, les mythes concouraient par leurs belles histoires à pacifier le cœur des hommes. Le bain de sang était le produit d’une autre folie : celle du pouvoir.
Sous l’empereur Tibère (j’abrège) voilà que naît un autre mythe parmi les autres. Cependant ceux qui le racontent, élèvent leur dieu au-dessus de Jupiter et prêchent l’exclusive, rejetant toutes les autres religions en les qualifiant d’impostures.
Après Tibère, de Caligula à Claude, puis de Claude à Néron, des chevaliers romains, des écrivains publics s’associèrent aux émissaires de l’empereur pour composer avec ces fanatiques qui voulaient détruire les dieux, alors que ceux-ci, pacifiquement avaient assimilés les dieux grecs. Peine perdue. Les premiers martyrs chrétiens, s’ils furent les bases du christianisme par leur sacrifice, surent aussi transmettre adroitement aux générations suivantes que l’esprit de la barbarie était dans l’autre camp. Ce qu’on nous enseigne toujours dans les écoles.

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Bref, le culte de Jésus, le dieu venu sur terre, prit son véritable envol au début du quatrième siècle, lorsque Constantin devint empereur.
Auparavant, il y eut des empereurs tolérants. Mar Aurèle fut de ceux-là, jusqu’au moment où la patience à bout, il dut convenir que le fanatisme des adeptes à une vérité unique et incontournable – la leur – mettait en péril l’équilibre des pouvoirs et finirait par détruire l’État.
Les chrétiens sont encore aujourd’hui à situer le règne de Constantin parmi les plus grands et des plus accomplis de la civilisation antique. Empereur funeste pourtant que celui-là, condamnant les générations futures à plier sous le joug d’une seule caste de prêtres.
Le fanatisme et les bains de sang, définitivement dans le camp chrétien, trouveraient leur apogée aux Croisades et finiraient pas la chasse aux sorcières et aux Juifs à l’Inquisition, jusqu’au seizième siècle et même au-delà.
Mahomet n’a rien inventé.
C’est le même cinéma, jusqu’à ces derniers temps avec l’EI et la volonté de remettre sur pied un khalifat dédié à Allah.
Voilà deux mille ans que les têtes tombent victimes de la même folie des hommes.
Toutes les religions monothéistes se ressemblent. Elles fondent leur fonds de commerce sur l’exclusivité et se donnent pour mission de détruite les autres, tandis que des charlatans disent aux esprits faibles, que le sang des mécréants fait plaisir à dieu.
Oui, le monothéisme est la cause de toutes les tragédies du passé à nos jours.
Si le discours moral est apparu à la décadence de l’empire romain dans la vie publique, c’est en partie grâce aux chrétiens de plus en plus influents, certes, mais contrairement ce que JF Kahn prétend, des philosophes grecs aux hommes de lettre romains, le discours moral existait déjà, sauf qu’il était laïc et qu’il n’entendait pas qu’il fût sanctionné par une loi divine, sinon dans quelques fragments de discours chez Platon.
J’ai conscience d’avoir tout bousculé dans un espace aussi réduit qu’une chronique. Mon idée pour la développer aurait besoin d’un espace plus vaste. Pardonnez-moi d’être confus, de n’en pas dire assez ou d’en dire trop.

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