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Qu’en pensez-vous ?

Hollande avait l’anaphore plus facile que la réalisation de ce qu’elle annonçait.
Jacques Julliard (1) est l’auteur apodictique qui termine chaque idée qu’il soumet aux personnels politiques, par « Qu’en pensez-vous ? ».
Ses 5 points rêvés sont exactement ceux qu’il m’arrive assez souvent de ressasser sous la couette et d’en rester convaincu au levé, après les avoir tournés et retournés dans la tête.
Ce n’est pas l’électeur qui a la responsabilité de la démocratie entre les mains, mais ceux qu’il élit.
S’ils veulent la sauver, rien de plus difficile et de plus facile à la fois. Il suffit que les patriotes élus qui ont du cœur, sacrifient leurs intérêts particuliers au Bien public.
1. Il faut mettre l’indemnité parlementaire sous condition de ressources.
Dans la traque aux dépenses inutiles dont l’État pourrait faire l’économie, les indemnités et frais de secrétariat cumulés sont loin d’être négligeables. Il y a des ministres et des parlementaires riches et d’autres qui le sont moins. Un Bacquelaine avec toutes ses casquettes pourrait, sans finir sur la paille, être ministre bénévole, rien que pour le fun et l’orgueil. Il n’est pas le seul. Si on instaurait un système au tarif variable selon les revenus des élus ?
N’est-ce pas ainsi que des millions de Belges vivent et notamment les chomeurs, les invalides et les indigents du CPAS ?
2. Assurer l’égalité sociale entre les élus.
D’abord les sexes. Tous les efforts entrepris n’ont pas encore permis en Belgique de prévoir autant de femmes que d’hommes au gouvernement et au parlement. Ensuite, comme l’écrit Julliard « …la sous-représentation des catégories populaires (ouvriers-employés-artisans) est un scandale ». Il prévoit une alternance des métiers entre les privilégiés et les déshérités. Il faudrait revoir aussi le statut des travailleurs du privé qui représenteraient le peuple et leur accorder les mêmes droits et privilèges de ceux qui passent de la fonction publique à celle de parlementaire.
Un parlement qui reflèterait l’exacte composition du pays serait enfin au plus près des préoccupations de tous, alors que la mascarade actuelle représente seulement quelques professions libérales, les finances et la haute administration.
3. Décider la non-rééligibilité des élus.
Ainsi se comblerait le fossé entre les élus et le peuple. Débarrassé de la lancinante question de sa réélection, le ministre et le parlementaire auraient conscience que leur mission commence le jour où ils ont été élus et finit à la fin de la législature.
Les Assemblées seraient des événements, la fougue suppléant à l’inexpérience. Les grandes républiques étaient ainsi formées à leur naissance et n’ont pas laissé que des souvenirs désastreux.

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4. Ouvrir la profession politique à la concurrence.
Par là Julliard a raison de croire qu’il faut briser les monopoles des partis et les règlements internes qui permettent surtout d’exclure la concurrence. Au PS comme au MR, il faut être porteur de serviette et servir un maître avant de servir la cause en s’asseyant au premier rang. Tous les ténors actuels ont fait leurs gammes de cette manière. On se rappelle de quelle manière un postulant au poste de Di Rupo à la présidence du parti a été proprement balayé et insulté pour avoir défié le maestro !
5. Dissoudre les partis politiques actuels, à commencer par le PS.
Julliard rêve, évidemment, il croit que l’évolution des partis ne leur permet plus d’être la courroie de transmission entre l’élu et l’électeur. Il cite le PS français, vieille patraque soutenant un Hollande à bout de souffle, malgré une opposition interne. Les partis francophones, sauf Écolo, sont des remparts de sécurité des élites, alors qu’ils devraient être les porte-voix du peuple.
En conclusion, Julliard nous assure qu’il a rêvé. Je veux croire qu’il a passé une bonne nuit. Je me souhaite le même rêve.
Julliard, le Martin Luther King de la politique française : I Have a Dream.
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1. Jacques Julliard « Derniers conseils avant le crash » Marianne, n° 915.

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