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Veillée d’armes.

Les débats sur les politiques du gouvernement et de l’opposition sont d’une profonde bêtise par leur inutilité. À quoi bon s’obstiner à croire en des négociations qui ne sont pas comprises de la même manière selon que l’on se trouve dans le camp de ceux à qui on va retrancher outre l’index, quelques petites avancées sociales acquises en d’autres temps de haute lutte et ce gouvernement des droites des plus convenues et des plus classiques.
On voit tout de suite les pauvres gueules navrées de Charles Michel et de Didier Reynders, si leurs employeurs, c’est-à-dire les électeurs, leur renvoyaient la pareille et sabraient dans leurs revenus. Le petit Chastel « qui ne peut pas s’empêcher de penser », ce qui est bien dommage, prendrait sa carte au PS de Charleroi, Marie-Christine Marghem reprendrait la sienne au CDH et Bacquelaine majorerait en douce ses consultations en série dans les homes pour les vieux de Chaudfontaine et environs.
Ce qui est consternant, c’est le caractère dépassé, obsolète même, des arguments patronaux et gouvernementaux qui portent sur la comparaison avec les grands pays voisins et notamment l’Allemagne pour justifier la « purge » sociale qui débute.
Complexe d’un petit pays, de petits esprits se sont crus autorisés (majorité flamande + minorité libérale francophone) d’infliger un net recul à des travailleurs qui n’en peuvent, aux noms des sacro-saints exemples allemand et hollandais.
Il est clair que le « miracle » allemand n’est pas tout à fait le même que Charles Michel nous le vend, comme l’a encore voulu vendre dimanche encore Marie-Christine Marghem, chez Dominique Demoulin.
Angela Merkel a suivi et approfondi la politique de Gerhard Schröder pendant deux législatures, ce qui a valu à l’Allemagne une balance extérieure incomparable avec d’autres pays européens, mais qui plombe son avenir en interne, dans bien des domaines. À moins d’investir des milliards d’euros tout de suite pour remettre à neuf une infrastructure délabrée, redonner de l’espoir à des millions d’Allemands en-dessous du seuil de pauvreté et d’autres acculés à la misère tout en exerçant une profession, les dirigeants et la bourgeoisie ont fini de manger leur pain blanc (le reste de la population étant depuis Schröder au pain de seigle et à l’eau).
L’alliance de Merkel avec son ex-concurrent le SPD (Parti social-démocrate d'Allemagne) tend à remettre de l’huile dans les rouages et notamment à relever les salaires, à améliorer les transports publics et à refaire les routes et les ponts. Y arrivera-t-elle ? Serait-ce trop tard ? L’excellence d’un côté et un zéro pointé de l’autre, l’adéquation n’est pas facile à trouver.
Toujours est-il que consciente d’être allée trop loin, madame Merkel n’affiche plus la confiance absolue en une méthode qui est exactement celle dont le gouvernement Michel s’est emparé et ce malgré l’exemple de la Hollande qui a quelques longueurs d’avance en ce domaine sur nous, et qui plonge actuellement dans le rouge, par le même défaut que l’Allemagne.
Petite par la dimension du territoire, mais grande par la bêtise de son personnel politique, la Belgique est perçue à l’étranger comme un paradis fiscal baroque et il n’y a pas de quoi être fier.

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Le seul qui pose les bonnes questions et remet la situation du pays à sa juste place en montrant du doigt les responsables est encore monsieur Hedebouw, qu’on invite de plus en plus souvent à la télé et dont la persévérance finit par payer. En effet, devant lui, les politiciens des autres partis sont moins goguenards et on les voit moins assurés de fournir des réponses satisfaisantes aux propos du leader PTB. On a vu madame Marghem de la mouvance de Gérard Deprez, réajuster sa moue méprisante, après les répliques du dernier Ruy Blas de la gauche.
Je ne sers la soupe à personne, puisqu’il reste entre ce représentant de la population et moi, le contentieux sur la façon d’amener la Belgique au changement.
Peut-être même qu’un jour, dépassés par un tsunami social, nous soyons emportés lui et moi, par une vague balayant indistinctement les voyous qui nous gouvernent et leurs opposants jugés trop tièdes.
Nous sommes dans une ambigüité redoutable avec la collusion des notables et des politiques. Difficilement prouvable par voie de justice, elle ne peut se résoudre par le jugement des urnes, lui-même faussé et ambigu, puisque tous les outils de propagande, les journaux et les hommes influents sont entre des mains liées par des intérêts économiques..
Si c’est pour faire de la lutte des classes une gentille mise en scène en faveur de la bourgeoisie, autant attendre que les masques tombent par le poids des inégalités, si bien que le capitalisme ne soit plus fréquentable par la majorité des gens, comme une chose allant de soi.

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