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De la beauté en politique.

Le temps s’accélère. Entre la fin des études et la fin du travail, le nombre des années se rétrécit. Il ne reste pas beaucoup d’alternatives dans le choix à faire pour une place au soleil, d’où les bousculades au devant de la scène. Ce qui bouleverse la donne, c’est l’art de paraître. Tout tient dans la façon dont nous nous montrons et comme les autres nous perçoivent.
La difficulté provient de la durée. On vous a vu beau. Il faut faire avec l’image trente ans après, pour faire croire que vous êtes encore jeune et mince.
À ce point de vue, le Parlement est le lieu où se concentre le plus de vieux aux allures jeunes qui doivent faire oublier qu’ils sont là depuis quatre ou cinq législatures et que tout ce qui nous arrive « ce n’est pas de leur faute ».
C’est même un des aspects curieux de cette démocratie « gérontologique ». Ils nous disent que le pouvoir est une charge lourde et qu’ils ne la conseillent à personne, sauf qu’on y voit des familles entières s’y « épuiser » de père en fils, sans compter les grands-pères.
Quant à supporter les fautes, cela incombe toujours aux autres et notamment aux administrés. Là-dessus, même l’opposition est d’accord, puisqu’avec le pouvoir, elle procède de la même logique économique.
Un beau ou une belle secrète des attentes. Il va tenter de les satisfaire en faisant don de sa personne à la foule. Vieilli, l’effet Pygmalion diminue. Il lui faut donc des compensations à offrir par la parole, l’exploit et la présence aux moments les plus attendus, comme être sur place à un déraillement de train ou un attentat terroriste.
Un laid ne doit son accession et son maintien aux plus hautes fonctions, que par son droit de succession du père au fils, ce qui lui ouvre les portes d’un parti quasi directement jusqu’à l’estrade, vient ensuite la jactance. Mais attention, pas n’importe laquelle, il lui faut l’art de convaincre qu’il est le bon sens même.
L’avantage d’être laid au départ, c’est qu’on peut finir vieux et ne plus s’en apercevoir. On s’habitue à la laideur quand elle rassure. Si en plus, à moins de quarante ans et qu’on est sans âge, on parvient à vendre son image comme étant celle d’un vieux sage, il n’en faut pas plus pour faire une longue carrière politique.

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La séduction, c’est autre chose. On peut être laid et séduisant. C’est ainsi que se perçoit l’image de notre premier ministre parmi les suffragettes du MR et des clases moyennes. Et il le sait, l’animal, regardé comme séduisant, il s’est convaincu de ses capacités de séduire.
Didier Reynders, estimé beau au départ, a toutes les peines du monde à passer de beau à sage, la beauté disparue. Ce cas est très particulier, parce que ce type de visage à joues épaisses et au visage carré sous-entend une fausse minceur, cachant une obésité ventrale. Même si ce n’est pas son cas, il doit lutter pour que l’opinion publique ne lui attribue pas, à tort ou à raison, une suffisante rondeur que les hommes politiques appréhendent, par la subjectivité qu’elle suggère, selon laquelle les gros sont des jouisseurs qui s’occupent avant tout d’eux-mêmes (ex. DSK).
Ce qui est faux, si l’on en juge par le tour de taille de l’ensemble des élus, qui, si elle a tendance à s’épaissir avec l’âge, a parmi les minces, quelques jouisseurs notables.
Ce n’est pas votre serviteur qui le dit, mais Aristote « La beauté est une meilleure recommandation que n’importe quelle lettre ».
Si notre société a fait du corps un de ses produits, la beauté est devenue un capital. C’est une injonction sociale et tout le monde s’y soumet. L’Oréal ne se fait pas des milliards sur notre dos pour rien.
En période de crise, on a l’impression que notre apparence est la dernière chose qu’on puisse encore réussir à contrôler pour s’en sortir.
Il vaut mieux se croire beau quand on est laid, que laid quand on est beau. C’est dans cette dernière catégorie que l’on compte le plus de suicides.
Parfois, la réussite embellit les hommes laids. Les critères se mesurent alors en performance de notoriété. Plus vous avez du pouvoir, plus on vous admire. À partir d’un certain pouvoir, la beauté et la laideur se floutent. Elles sont devenues sans importance.
Quant aux femmes politiques, tout le monde le sait, elles ont bien plus d’artifices à leur disposition pour paraître ce qu’elles ne sont pas. Elles se veulent plus sincères que les hommes, car elles ne cachent pas leur maquillage qu’elles portent sur la figure, au contraire des hommes qui le cachent dans leur cœur.

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