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Liberté d’expression et laïcité.

Après l’émotion du massacre du 7 janvier, beaucoup de citoyens ont montré leur solidarité aux victimes, plus par un ralliement à la liberté d’expression, plutôt que par la conviction d’adhérer aux idées de Charlie Hebdo, cependant, une d’entre elles devrait être unanimement défendue : celle de la laïcité.
Certes, nous étions tous Charlie et, bien entendu, ceux qui ne l’étaient pas, avaient aussi le droit de le dire. Mais, la laïcité et le droit à l’expression ne sont pas toujours défendus unilatéralement et dans tous les sens. Il y eut d’abord ceux qui évitèrent de répondre oui et enfin les autres qui osèrent dire non. Ils furent regardés d’un drôle d’œil, sinon critiqués, parfois violemment. Inutile d’ajouter celle désormais qualifiée d’apologie du meurtre de Dieudonné « je suis Coulibaly » laissée à l’appréciation de la justice.
La liberté d’expression devient dans le cas de Charlie Hebdo « l’injonction » d’être Charlie.
Je suis très à l’aise pour écrire « je suis Charlie », d’autant que le blasphème pour lequel des cinglés ont mitraillé la rédaction du journal, je l’ai déjà sans doute employé quelque part dans mes chroniques. Pour être à 100 % en osmose, il aurait fallu que tout le public prenne à son compte le blasphème lui-même et aille jusqu’à le proférer.
Sans aller jusque là, il aurait quand même été souhaitable que l’on fît montre d’unanimité sur la question de la laïcité qui était une valeur de Charlie-Hebdo que l’on a tendance à oublier.
Après le 7 janvier tragique, on a escamoté la laïcité dans l’horreur du forfait. On ne l’a pas vue assez souvent associées à la liberté d’expression. Comme si l’horreur d’un crime réconciliait le mystique et le mécréant, l’athée et le cagot, l’esprit des lumières et le soufisme, Luther avec Léon X, tous subitement acquis à la liberté d’expression, à condition de laisser la laïcité en retrait.
En Belgique comme en France, le combat actuel n’est pas la liberté d’expression (même mesurée), ni même la laïcité, en réalité on se bat contre le terrorisme exclusivement. Si bien que les valeurs avec lesquelles on a consolé les amis et parents de ceux qui sont morts à Charlie Hebdo, n’avaient plus qu’un lointain rapport avec l'une et l’autre.
Les mesures actuelles contre le terrorisme ne sont-elles pas des restrictions à la liberté d’expression ? Les grandes précautions de langage à l’égard de l’islamisme, les messages de « bonne volonté », ne sont-ils pas des petites lâchetés et des reculades sur les principes de la laïcité ?

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En réalité, à cause des lois visant l’apologie du terrorisme : des poivrots et des déficients mentaux (en France un déficient mental a écopé de six mois ferme pour s’être écrié « Ils ont tué Charlie, moi j’ai bien rigolé ! »), auront tout à redouter des interprétations de la justice et de la police sur la liberté d’expression.
Mine de rien, le citoyen paisible qui applaudit aux décisions de Charles Michel pour sa sécurité, devrait, au contraire, se dire qu’à défaut, on le prive tout doucement de la sienne.
Les médias applaudissent à la popularité des ministres qui prennent des mesures de fermeté. Comment voulez-vous qu’ils défendent la laïcité, après leurs séances de lèche aux musulmans, obnubilés par les dangers de l’amalgame !
Les Belges déjà champions depuis la guerre 40 de la dénonciation aux autorités sont doublement sollicités par le ministère des finances et par celui de l’intérieur. La dénonciation n’est pas un bon exercice aidant à la liberté d’expression et à la laïcité.
Depuis qu’à Villers-Cotterêts en France, un enfant de 9 ans a été faussement accusé par un camarade d’avoir crié : « Allah Akbar », nous attendons en Belgique une autre performance d’un enfant d’un âge inférieur sinon égal, dénoncé par son directeur d’école comme une action civique !
Et cela réjoui nos gazetiers ! Nos parlementaires ne s’effraient pas ! L’inénarrable Michel se frotte les mains !
Est-ce qu’on entre dans ce show pour lutter contre les djihadistes ou pour empêcher les gens de penser au chômage et à la vie sociale dégradée ?

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