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Une politique de non-croissance.

Une économie de non-croissance qui serait néanmoins propice aux avancées sociales et à la disparition du chômage jusqu’à concurrence de 3 ou 4 %, taux normal en période de progrès (ne pas confondre progrès et croissance), est-elle possible ?
Les kublatistes et les dedekerriens ne veulent même pas en entendre parler et avec eux le MR, une partie non négligeable du PS et du CDH. Pourtant, beaucoup d’économistes et non des moindres, sensibilisés par la misère des masses, cogitent sur cette fiction. Justement, il est urgent que des forces démocratiques ouvrent un débat là-dessus. On a tout le matériel à portée : absence de croissance économique et impact sur la démocratie. Dans le rôle du « crétin » selon Michel Onfray, un autre premier ministre, Charles Michel, dans la version mondiale de « la croissance sinon tu meurs ».
Je suis atterré de la passivité des « élites » sur cette hypothèse, s’en référant à l’Europe, comme si l’Europe ce n’était pas eux qui la font !
Ou alors, je n’ose y penser, sans me croire désormais populiste façon Gerlache, on se demande devant l’absence de réaction, combien nos « élites » ont touché pour en faire un sujet tabou ?
Au prochain congrès en juin de l’AFSP (Association Française de Science Politique) une commission thématique sera mise en place : «Démocratie sans croissance: théories, institutions et pratiques». Ce sera l’unique occasion cette année de réfléchir aux implications de l’absence de croissance économique en Europe, même si, nous dit-on, il y a reprise, alors qu’on voit bien que cette reprise ne concerne pas les travailleurs et les chômeurs.
C’est étonnant quand même que ce débat soit si peu ouvert, même si les libéraux y font obstruction, quand on sait les conséquences graves que cette absence de croissance fait peser sur la démocratie et son fonctionnement.
Cette question dérange. Voyez-vous qu’on trouverait la parade à cette calamité qu’est devenu le système capitaliste débarrassé de son concurrent communiste ? Quelque chose qui n’aurait pas les inconvénients graves des deux, mais qui serait plus harmonieux et conviendrait mieux au plus grand nombre !

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Les kublatistes et les dedekerriens n’en dormiraient plus de la nuit, De Wever et Michel retourneraient à leur ping-pong et chez les lepénistes, la gégène du vieux Jean-Marie reprendrait du service.
Le ras le bol des leçons prétentieuses des banques, des multinationales et de nos chiens couchants de la démocratie gît dans une littérature malheureusement restée anglo-saxonne et en mal de traducteur : Peter A. Victor, Managing Without Growth: Slower by Design, Not Disaster, Cheltenham, Edward Elgar Publishing, 2008. Etc. Nos éditeurs spécialisés, sont trop frileux ou bien comptent-ils que, les péquenauds et les mauvais genres ne s’en empareront pas, tant que le texte est en anglais ?
Que la «croissance» puisse ne pas revenir dans les pays industrialisés ou, pire, qu’elle puisse être une lubie dépassée, Charles Junior et Didjé d’Uccle en mangeraient les pages célèbres d’Alexis de Tocqueville, avec leurs chapeaux !
Que des économistes dépassant ce moment de panique libérale, fassent fonctionner un modèle à l’AFSP d’une économie sans croissance, voilà qui mériterait la peine qu’on y consacre du temps et des moyens.
Que cette non-croissance soit subie ou souhaitée, qu’importe. Si elle nous tombe dessus comme un fait, il vaut mieux ne pas être pris au dépourvu.
De toute manière, la plus grande utopie n’est-elle pas cette croissance « infinie » dont on nous dit qu’elle est possible, rien que parce que tout le système économique capitaliste repose dessus ? Alors, que le bon sens lui-même nous pousse à croire que c’est une imposture !

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