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Fessetrivial de Cannes.

Jadis, seules les starlettes, souvent même des postulantes à l’emploi, avaient le « privilège » d’en montrer plus qu’on n’en montre d’habitude sur des photos d’actualité « culturelle », à Cannes.
Elles exhibaient un sein, rarement leur cul parce qu’à l’époque cela relevait de la pornographie, puis retombaient dans l’anonymat le plus épais, rejoindre la cohorte des anciennes.
On n’en entendait plus parler ! Quelques-unes épousaient un monsieur cinquante ans plus âgé qu’elles, divorçaient six mois plus tard en réclamant un million de dollars (c’était dans les années soixante). Elles révéraient en Nadine de Rothschild, l’ouvreuse de cinéma devenue baronne. Les ambitieuses ne rêvaient que de son destin hors du commun et des communs. Mais la plupart des belles filles ne mariaient pas des coffres-forts. Les malchanceuses, le jour de la fermeture du festival, rentraient chez elles en stop, certaines même se faisaient violer par un chauffeur poids lourd en transit.
Les destins les plus affreux se terminaient dans les bordels du côté de la rue du Marché Forville. Au-dessus du lit de la passe à 50 €, le poster des années de gloire, trente ans après, restait punaisé au mur.
Elles avaient risqué. Elles avaient perdu.
Tout ce petit trafic, cette guerre des nerfs entre célébrités et aspirantes n’existe plus. Cannes, à partir du troisième millénaire, a supprimé les petits emplois. Les stars tapinent, mais c’est pour le bon motif : la promo des chefs-d’œuvre des metteurs en scène. Quand elles montent, c’est par le grand escalier au tapis rouge du Festival.
L’année dernière, Sophie Marceau montrait un sein. Cette année, elle ne pouvait pas faire moins que montrer sa culotte. Ce qu’elle fit bien volontiers, avec la belle détermination d’une qui n’a pas froid et pas que dans le dos.
Jadis, des pauvresses assuraient le service pour moins cher.
Le public est ravi. Ce public là est toujours ravi. Ce n’est pas celui des promeneurs snobs de la Croisette, ni des clients friqués du Martinez. On ne sait pas d’où il vient. Probablement du vieux Cannes ou du camping de la Napoule ?

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Je trouve Cannes d’un profond ennui. Les marches sont un trop petit espace pour y passer des heures. Un regain d’intérêt pour uniquement leur montée se fait sentir parfois à la concentration de photographes de presse, signe qu’il pourrait s’y passer quelque chose.
C’est le moment que choisit Sophie Marceau. D’un geste ample et généreux, elle dévoila sa petite culotte, histoire de rendre un certain lustre à un festival un peu terne et remercier les fans qui s’étaient dérangés, pour ne rien voir jusque là.
Chaque année exige du nouveau. On craint la banalisation des petites culottes, blanches, noires. Comment faire mieux ?
La direction du festival suggère que Sophie Marceau s’arrange pour qu’on voie son cul, sans culotte la prochaine fois. Ce sera le clou du festival, son offrande au public. En foi de quoi, elle pourrait obtenir un prix d’interprétation féminine.
Elle nous offrira le spectacle pour tous publics. L’épilation récente ne suggèrera rien d’autre que deux lèvres à peine rosées, à peine différentes à la verticale que celles adorables de l’horizontale, laissant à peine deviner un trait séparant les deux lignes de crête, tout cela ondoyés et parfumés du matin, d’une grande bienséance visuelle, à contempler en famille, dans les actualités du soir. Enfin un spectacle pour enfants sans vulgarité, un exemple de tenue pour Patrick Sébastien
Hélas ! Le festival a prévenu son interprète des marches : Sophie ne sera pas la première ! Une célèbre chanteuse avait osé le sans culotte avant elle, Catherine Ringer ! Il avait fallu qu’un photographe plongeât sous la scène pour immortaliser la chanteuse de manière originale.
Gustave Courbet pourrait, plus tard encore, influencer le festival par sa toile « L’origine du monde ». Ce serait dans les années 2020, quand le public et les biens pensants auront évolués.
Sophie pourrait améliorer sa présentation en nous le montrant avec une barbe de six mois ! Comme Courbet au musée d’Orsay, égalant ainsi la chanteuse, sa rivale dans le genre. Mais ce n’est qu’un projet. Pierre Lescure hésite sur les dates, 2020, 2022, c’est une question sérieuse.
Que l’évolution des mœurs ne tarde pas trop tout de même.
En 2020, Sophie Marceau aura cinquante quatre ans. Je ne veux surtout pas faire croire qu’à cet âge là, la star ne sera plus l’objet de mon désir, mais quand même, elle ne sera plus tout à fait la belle plante qui m’initia à la branlette, dans son premier film « La Boum ».

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