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C’est combien, docteur ?

Franchement, je ne voulais pas écrire la moindre ligne, et puis, à la réflexion, au risque de rabâcher, à l’émission de M’ame Demoulin de ce dimanche, Bacquelaine, le ministre des pensions, a fait preuve d’un mépris rarement entendu, lorsqu’il s’est permis de s’adresser à son voisin, Raoul Hedebouw du PTB, pour dénigrer le marxisme de l’autre, sans vraiment savoir s’il l’est encore, ou même qu’il l’ait jamais été. Est-ce qu’on demande à Bacquelaine s’il est libertarien ou ultralibéral ?
Les voilà bien ces redondants imbéciles n’ayant jamais lu une ligne d’un philosophe, qui se permettent de surfer sur la propagande américaine du temps de la guerre froide, pour remuer le fond de la vase libérale, rien que pour abaisser un homme. Encore aujourd’hui, la classe moyenne se hérisse à l’encontre du communisme défunt, sensible un demi siècle plus tard au chant des sirènes du dollar roi, bien après le Watergate de Nixon et le duo d’enfer Thatcher Reagan…
C’est peine perdue de supposer chez Bacquelaine le moindre gramme d’intelligence. Cependant, est-il possible, une fois pour toutes, de faire comprendre à ces ronds-de-cuir du conformisme bourgeois, que le communisme de l’ancienne Union Soviétique n’a rien à voir avec la philosophie de Marx ? De même, le marxisme-léninisme est à Marx, ce que le cow-boy Reagan devait à la culture. Il est vrai que le peuple croit plus facilement ses maîtres que les philosophes.
Communisme et capitalisme sont deux têtes greffées sur un même corps. Elles procèdent toutes deux du même concept : une caste de dirigeants politiques pour l’un et financier pour l’autre qui ont tous les pouvoirs et tout loisir de gérer le peuple à sa guise.
Les uns, c’est sous le couvert du bien public et les autres pour le mirage de l’enrichissement individualisé. En final, une petite minorité ramasse la mise, de part et d’autre. Cherchez qui est « marron » ?

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Quelle est la différence ?
On peut juste dire que le capitalisme se pare du droit des gens, de la démocratie, etc. Le croirait-on, le système stalinien aussi, la seule différence, c’est au nombre de morts. Côté fric, on suppose encore pouvoir vivre à peu près honorablement, sans finir dans un goulag. Cependant les guerres de religion font des dizaines de milliers de morts, ce que le communisme eût évité. Quant aux famines du « Petit Pères des Peuples », on y vient tout doucement dans le monde libéral.
J’en veux à Bacquelaine sur la manière qu’il a de se servir de vieilles lunes pour défendre les positions quasi staliniennes du capitalisme mondialisé.
Enfin, que ceux qui ont lu Marx – je sais, il n’y en a pas beaucoup – relèvent au moins sa pensée riche en amour de l’humanité, dire enfin que le philosophe a ouvert des perspectives d’une organisation sociale pour les plus humbles.
C’est sur la partie de son œuvre qui concerne le travail et de son organisation que Marx a été le plus trahi et le moins compris. La question de la vraie égalité entre les hommes est encore de nos jours irrésolue, pour une morale universelle.
Il y a dans l’attitude de Bacquelaine et de tous ceux qui acceptent que cette société aille son petit bonhomme de chemin vers des désastres insoupçonnés, un profond mépris pour la classe ouvrière, ouvriers et paysans de Belgique et d’ailleurs, malmenés tout au long de l’Histoire et qui avaient trouvé dans le marxisme, une raison d’espérer. Bacquelaine et ses pareils oublient les millions de morts de l’Armée Rouge qui ont permis notre liberté, et que ce sursaut russe fut surtout l’œuvre de ceux qui ont cru au communisme des chefs et s’en sont mordu les doigts. Il oublie, ce bougre, que la Résistance 40-45 fut l’affaire de ceux qu’il méprise, tandis que ses pareils flattaient l’Occupant pour se maintenir à flot dans une Belgique qui crevait de faim.
Encore aujourd’hui, Bacquelaine et consort sont aux antipodes de ce qu’ont subi et subissent encore des millions de gens. La vie de ces messieurs de la politique active n’est comparable en rien à celle des descendants de ces héros de la guerre, de ces mineurs de fond, de ces manœuvres postés en trois horaires 6-2, 2-10, 10-6, de tous ceux enfin qui permettent à Bacquelaine de parader en beau costume et de vendre comme un marchand de poisson le ferait à la minque, ses consultations dans les homes périphériques, d’où il ressort gonflé par l’attention attendrie des « petits » vieux pour le « bon » docteur, et en ressort, ministre en titre, encore plus con qu’il n’y est entré.

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