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Le big-bank de l’Europe.

De l’enthousiasme de ses débuts, aux sombres perspectives d’un avenir incertain, l’Europe aura réussi à décourager le plus d’Européens possibles.
Quel étrange parcours de ce désormais canard boiteux, ainsi décrit par deux européens sur trois !
Encore aujourd’hui, avec tous ses atouts, on se perd en conjectures de ce qui a bien pu arriver à cette assemblée de « sages » de Strasbourg à Bruxelles, trop bien payée peut-être, qui a gaspillé le capital d’enthousiasme en paperasseries, gesticulations, mises en normes imbéciles et tout ça pour confirmer le choix de son élite dans un néo-libéralisme intransigeant et finalement le plus destructeur de l’idée européenne qui soit.
L’image d’un Verhofstadt gesticulant et tonitruant illustrera dans les livres, l’histoire de la Grèce passant sous les fourches Caudines de la haine des États « riches », envers ceux qui n’ont pas réussi.
Le système belge du compromis multiplié par cent, voilà ce qui a désacralisé l’Europe au point de la rendre ridicule et inopérante, suivie seulement par des gouvernements du genre de Charles Michel, le bon élève, à qui on a envie de filer des claques à la place de diplômes.
Et pourtant, toute la classe politique en raffole, à l’exception des extrêmes. C’est que l’Europe brûle toute son énergie dans son fonctionnement et de la technicienne de surface aux Commissaires de J-C Juncker, ce n’est qu’un concert de louanges. Il y fait bon travailler à l’Europe, c’est incontestable. Cette situation est d’autant plus paradoxale que tous les commissaires sont derrière l’idée du néolibéralisme qu’il faut rogner tous les budgets et salaires pour des bas coûts dans l’entreprise et à l’État. C’est un peu comme en Belgique, ceux qui discutent des salaires et des allocations de remplacement nous coûtent plus qu’une demi-douzaine de bons maçons, chacun.
La nature du futur européen est inconnue. Tous les plans finissent en eau de boudin. Comme il faut avancer et s’aventurer dans quelque chose, on est en train de produire un OVNI non identifié !
Enfin, comble du comble, l’euro qu’on nous avait vendu à partir de la fin du siècle dernier comme la merveille absolue, au lieu de profiter d’une monnaie unique, les États sont allés voir ailleurs si le yen, le yuan ou le dollar ne pouvait pas rivaliser avantageusement avec l’euro. Résultat, les performances de la zone euro sont bien médiocres et l’euro pèse comme un boulet dans les économies.
Pénétrés de toutes parts par meilleurs que nous, nous voilà devenus le rond-point du néolibéralisme. Le monde entier ne compte plus sur nous que pour régler la circulation venant des quatre points cardinaux. Ainsi les autres continents profitent de nos ports, nos routes et nos aérodromes plutôt comme relais, que comme lieu de développement.

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À la contreperformance économique s’ajoute une absence quasi-totale de politique extérieure cohérente. Il y a autant de divergence de vue entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud qu’entre Poutine et Obama !
À ce stade une armée intégrée est de l’ordre d’une mission impossible. Et pourtant, nous en aurions bien besoin tant l’affaire du califat au Moyen-Orient prend une tournure inquiétante, de même qu’en Ukraine, la plupart des partisans de l’Europe en sont bien revenus.
C’est encore dans la politique de l’immigration que l’on voit bien que les milliards d’euros jetés à profusion dans les dépenses en salaires, réunions et commissions pour les institutions européennes auraient été bien plus utiles dans des programmes d’aide à la Grèce et à l’Italie qui sont en première ligne dans l’afflux des populations fuyant les lieux de guerre.
Jürgen Habermas avait bien vu « la dissolution du politique dans la conformité des marchés » et prédit le manque de perspective d’une volonté commune qui trouve son évidence dans la crise grecque.
La pire des erreurs de l’Europe n’est-elle pas d’avoir choisi de suivre l’économie plutôt que contraindre celle-ci de faire son métier, à savoir procurer du travail et du bien-être aux peuples, plutôt qu’enrichir ses meilleurs commerçants ?
Et pourtant, malgré cette nullité accablante des personnels politiques européens, les perspectives d’une Marine Le Pen pour une sortie de l’euro et du souk de Bruxelles ont quelque chose qui afflige, comme une sorte de pressentiment d’un avenir encore plus incertain.
Finalement ce qui manque à l’Europe est ce qui manque en Belgique, une plus grande attention aux volontés populaires et la renaissance d’une idée noble de la politique, par des élus qui ne pensent pas carrière et salaire, mais bien public, altruisme et effacement personnel.

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