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Un mot à Marcel Sel.

J’ai longtemps hésité avant de m’aventurer à dire un mot du fait-divers grotesque du Sirop de Liège labellisé halal, sujet de l’article de Marcel Sel (Un blog de sel, un journaliste que j’estime et qui a beaucoup de talent).
Comme lui, je me fous de manger halal ou kasher, pour tout autant que la nourriture soit agréable à mon palais. Je suis athée comme beaucoup, et même si je trouve toutes les religions grotesques, je me garderai bien d’empêcher quiconque d’observer les rites de sa foi, à condition de ne pas m’empoisonner l’existence par du prosélytisme outrancier. Si le croyant les sent nécessaires à son bonheur, sur terre et dans l’au-delà, c’est son affaire.
La démarche du MR Charlier est celle d’un petit monsieur. Son geste tient lieu de propagande. Il sait que cela va impressionner les racistes et les xénophobes, sans doute sa clientèle favorite.
Enfin, les commentaires des lecteurs de la Meuse et des autres journaux sont innommables. Moins on s’y attarde, mieux ça vaut.
L’invention d’une société de l’entre-deux guerres antisémite, applaudissant Léon Degrelle dans son intervention à la siroperie Meurens vendant Kasher est sujette à caution. Non pas qu’elle n’était pas intéressante et drôle, j’ai cru que Sel avait déterré un fait-divers du temps et nous le ressortait fort à propos, ce qui confirme son réel talent de conteur ; mais parce que cette histoire dénature ce que l’on sait de l’entre-deux guerres, le racisme réel et le dégonflage du parti rexiste dès 1938, à la suite des déclarations pro nazies du « beau Léon ».
Non, la population belge de l’entre-deux guerres n’était pas antisémite. Tout au moins dans la partie francophone de ce pays. J’en atteste par les nombreuses recherches et lectures que j’ai faites sur le Pays de Liège. Tout au plus, les milieux catholiques, dont Degrelle était issu, avaient des tendances fortement anticommunistes et étaient sensibles à l’idée d’une Europe rassemblée devant le danger rouge, ce qui rapprochait quand même certains citoyens de droite des discours d’Adolphe Hitler.
Mais où je ne suis pas d’accord avec Marcel Sel, c’est que sous sa véritable colère, s’inscrit en pointillé le désir d’une censure. S’il le pouvait notre homme fermerait la gueule à tous ces lecteurs racistes des journaux, à coups de pavé de rue.
Et là, je lui dis amicalement « attention, danger » !
Toutes les opinions, même « épouvantables » doivent pouvoir être exprimées librement.
C’est la condition d’une vraie démocratie. C’est le droit absolu des gens de tout pouvoir dire et écrire. Nous sommes déjà dans une situation limite quant aux libertés du citoyen, victime de l’électronique et des relations épouvantées des journaux sur les hauts faits des assassins de Daech, au nom de quoi on donne des permissions d’écoute et d’enquête sur tous citoyens « suspects » à tous les flics de Belgique. Étonnons-nous que les gens de la rue s’effraient de façon générale et sans nuance des musulmans qui déambulent dans nos rues, parfois en costume traditionnel !

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Et si une majorité de citoyens se met à proférer des slogans racistes et menace les minorités étrangères, il convient de ne pas sombrer dans le même délire à rebours et ajouter des invectives aux invectives, mais chercher les causes de cette colère aveugle qui n’est dans le peuple, que parce qu’on la lui sert tous les jours en priorité.
Et ceux qui le leur racontent, c’est justement des gens comme Sel ou moi, mais en plus persuasifs, possédant des moyens plus importants, des journaux, des télévisions, des ministères.
En vitupérant contre « les imbéciles heureux qui sont nés quelque part », il ne fait pas œuvre utile. Il prépare la controffensive des ultras de l’autre bord. Il s’apprête à être débordé par les rabbins, les curés et les imamns, tous d’accord pour assimiler les laïcs à cette race de malotrus qui ose contester leur droit. Et puis que fait-il, Sel, pour déniaiser les lecteurs, les dénazifier en quelque sorte ? Ce n’est pas pédagogique de les engueuler d’abord.
Je me méfie autant des ligues contre le racisme et l’antisémitisme que des paumés qui avec trois bribes de connaissance sombrent dans la haine des autres, parce que le plus souvent, ils ne gagnent même pas 1500 € par mois et ça, c’est vraiment insupportable.
J’aime mieux m’énerver contre ce racisme là.

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