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Débats sur Europe 1 !

Rien de tel d’écouter Jean-Marc Morandini sur Europe 1 pour mal commencer la journée. Le match qui séparait deux opinions différentes arbitré par l’animateur portait sur « la fraude de certains chômeurs » en France.
C’est un débat qui nous avons eu l’année passée. Bien des journalistes s’y sont distingués par leur méconnaissance complète du problème social. Ils ont opté pour le slogan du belge qui n’a rien à cacher, qu’un fraudeur au chômage est plus coupable qu’un Kubla ou qu’un De Decker, que la crise économique est la faute de l’oisif (pas la grande oisiveté sur yacht et château, la petite dans les taudis) et que le chômeur aurait immédiatement un boulot convenable, s’il cherchait un peu.
Certains sont même persuadés que les dénoncer est un devoir civique !
Eh bien oui ! les Français nous ont refait le coup. À croire que dans chaque auditeur d’Europe 1, il y a un Belge du type Emmanuelle Praet qui sommeille.
Il faut dire qu’au micro de la chaîne, des deux débatteurs, la championne de gauche manquait, non pas d’arguments, mais de tonus vocal pour contrer son contradicteur de droite.
Le comble a été le choix de la station de présélectionner pour Morandi les intervenants les plus abscons, à croire que les « fidèles » de cette radio, une des plus écoutées de France, sont franchement stupides ou alors que les secrétaires-filtres de la station sont toutes de la belle et forte droite classique, vissées dans leurs convictions sarkoziennes. (Si un jour Emmanuelle Praet se fait virer de son emploi de torche-merde en Belgique, elle peut toujours y faire une belle carrière.)

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Ce n’était pratiquement qu’un défilé de repentis d’avoir « triché », de fatalistes au fond du trou et de jobards du bon côté des rails.
Mais comment… comment ces gens qui tapent sur les chômeurs n’ont pas honte de se conduire de la sorte ? Mieux, qui en profitent pour jeter un discrédit sur l’ensemble des sans-travail en amalgamant insidieusement la fraude au chômage et au refus d’un emploi, avec l’argument « Qui est chômeur, le veut bien » ! Généralement celui qui parle ainsi, finit par l’éloge de sa petite personne, en vantant ses capacités de rebond.
J’ai tant de fois évoqué ce problème en long et en large, j’en ai tellement marre d’entendre le bourgeoisisme récurrent de cette faune « classe moyenne », que tant qu’un décideur, un journaliste ou un imbécile heureux de ses soixante heures semaine n’aura pas fait l’expérience de vivre six mois avec moins de mille euros par mois et sans aide aucune de personne, je renonce à écouter ses doléances ne serait-ce qu'une seconde.
J’en ai plus qu’assez des demeurés qui se prennent pour des penseurs, de les voir faire la roue parmi les médias, sachant qu’à la fin du mois, ils courent tendre la main à l’électeur, quand ils sont élus et aux élus pour obtenir places et faveurs. On les suppose le dos rond à saisir l’enveloppe d’un patron de presse ou d’une chaîne de télé, et ronronner de bonheur à la moindre distinction.
Même si certains sont de réels fraudeurs du fisc, ils sont avant tout des fraudeurs de l’esprit, des falsificateurs de la réalité. Sans le savoir (ils sont trop peu sensibles pour ça) ils tendent la main bien plus ignominieusement que le plus aviné des fraudeurs du FOREM et empochent bien plus indûment leur salaire à trafiquer les événements, que n’importe quel chômeur de longue durée.
Ces négriers poussent au destin le plus ignoble une telle quantité de personnes, qu’on se demande s’il ne vaudrait pas mieux se couler de la cire dans les oreilles ou se faire attacher comme Ulysse à un mât pour ne pas être tenté par le chant des sirènes de ce prêt-à-porter de la pensée unique !
Non seulement, ils disent les pires conneries, mais on leur permet de les dire en grand, sur tous les tons et sur tous les toits. On les y invite même ! Et au nom de quoi ? D’une société dont la finalité n’est pas le travail bien fait et respecté, mais le fric, où le plus malin fait semblant de bosser afin que le moins « adapté » bosse pour les deux, où travailler recouvre tellement de choses différentes, qu’on salue un Didier Reynders qui visite le Taj Mahal avec sa rombière comme un travail bien fait, alors qu’on engueule à mort un manœuvre aux pièces parce qu’il n’a pas fini sa série dans les délais !
Ainsi, ils tiennent les gens par les couilles en les forçant à dire que les fraudeurs du chômage sont des salauds, en tous cas des malhonnêtes !
Je l’écris et l’écrirai partout s’il le faut : il n’y a pas de mal qu’un chômeur triche sur son statut ou sur celui de sa compagne. C’est un moyen d’autodéfense. Il prend le risque d’être découvert par des fonctionnaires qui font un métier que je ne voudrais pas faire.
Je me souviens d’une interview de Kubla qui disait le contraire. Il parlait des millions indûment payés aux chômeurs abusifs avec une gourmandise, aujourd’hui on peut bien le dire, qui n’avait rien à voir avec la morale.
Et que les bien-douillets bien-pensants aillent se faire foutre !

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