« La faute à Wang Xiaolu ! | Accueil | L’exode, comme en Quarante ! »

Il arrive qu’un pape ait raison !

Tous les historiens de l’époque contemporaine le confirment, le bourgeois qui caractérise les années 1900 reste très semblable à ses arrières petits enfants, sauf que ces derniers se sont débarrassés de la couverture de la religion catholique, pour se consacrer à l’élaboration exclusive de leur fortune en laissant la charité aux œuvres de bienfaisances.
Cela n’est pas anodin, non pas du rapport de l’homme avec la foi, mais du rapport de l’homme avec son prochain.
Sous couvert d’efficacité, le rôle du bourgeois aujourd’hui est passé de la compassion du pauvre, à l’embauche à bas salaire, soi-disant pour lutter contre le chômage.
Cela signifie que la morale universelle dont la chrétienté se réclamait n’est même plus compatible avec le système économique.
On l’entend bien dans les discours libéraux du gouvernement actuel et dans les lois qui en découlent, la modernité n’a que faire de l’attention qu’un humain doit à un autre humain. Ce qui est valable pour un compatriote l’est d’autant plus pour un étranger. Et c’est là que l’on voit la presse se rendre complice de ce fait en justifiant le libéralisme comme facteur de progrès, alors qu’il n’est plus de nos jours qu’un facteur de désordre et de nuisance.
L’effondrement de la citoyenneté, dans l’horreur des guerres de religions et des appétits des chefs de guerre en Afrique et au Moyen-Orient, a poussé des populations de ces contrées vers une Europe plus rassurante de ce point de vue et aussi réputée plus riche.
Et que voyons-nous ? Hommes, femmes et enfants, pêle-mêle, quasiment abandonnés à eux-mêmes dans des parcs publics, secourus par les seuls riverains et voisins de cette détresse au grand jour, tandis que les pouvoirs divers de nos démocraties déclarent faire « ce qu’ils peuvent » en ne faisant pas grand-chose, si ce n’est en Allemagne où pouvoirs et populations se grandissent dans la générosité, tandis que nous nous racrapotons dans la mesquinerie, le racisme larvé et la mauvaise foi.
Pourquoi le bourgeois s’est-il débarrassé de l’image de son trisaïeul en abandonnant ce vernis religieux qui le dédouanait, tout au moins officiellement, du caractère méchant du possédant ?
La dernière encyclique « Laudato si » (Loué sois-tu) du pape François nous en donne la clé.
C’est que le pape (je sais rendre à César, sans être croyant) y a fait œuvre révolutionnaire en dénonçant le saccage de la planète pour les besoins d’une économie aux desseins monstrueux, aux antipodes de toute forme d’humanisme.
Lisez ce texte, tronqué, évacué, interprété mensongèrement pas la presse encore une fois unanime à la protection des « valeurs » capitalistes, pour comprendre ce qu’est une véritable condamnation du système par quelqu’un dont on ne peut nier la haute valeur morale.
Un seul coupable selon François : le profit, ce pourquoi on nous a dit qu’il était le seul capable de nous faire réaliser de grandes choses et après lequel nous courons, sachant aujourd’hui que nous allons à notre perte.

100zzh.jpg

C’est le pape qui l’écrit « le système mondial actuel, où priment une spéculation et une recherche du revenu financier qui tendent à ignorer tout contexte »… et pas un seul d’entre les laïcs, ni parmi les grands bourgeois jadis chrétiens, personne dans les partis de pouvoir, rien dans une presse trop occupée à la dévotion du dieu Mercure, assez franc de collier pour écrire et dire « Mais ce type, dont je n’aime pas la religion ou dont j’ai aimé la religion, a raison ! ».
Et moi, qui sais que les religions sont à la base des pires abominations de ce monde déjanté, je tire mon, chapeau à cet homme, chef d’une église dont j’ai honte.
Personne pour trouver des mots appropriés à ce paragraphe si singulier que nos éditorialistes – et pourtant combien en avons-nous de volubiles et diserts – font semblant de ne pas connaître « Il ne suffit pas de concilier en un juste milieu la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l’environnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. Il s’agit simplement de redéfinir le progrès ». On voit d’ici ce que va être la conférence de la « dernière chance » sur l’environnement à Paris, sans effet et sans intérêt par avance, parce qu’on n’y définira pas le progrès autrement que par l’intérêt des lobbys.
Comme au gouvernement, chez les MR et les autres, dans les journaux, à Paris et ailleurs, personne ne remettra en cause les intérêts financier. Et, cependant, c’est bien essentiellement de ça qu’il s’agit !

Poster un commentaire