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Vol plané à Air France.

Allez savoir pourquoi ? Un mauvais esprit m’habite. Enfin, un mauvais esprit selon les critères de la société bourgeoise toute dévouée à l ’américanisation du commerce et de l’Europe, société à laquelle, malgré toute la bonne volonté du monde, je n’arrive pas à m’adapter.
Je l’ai encore expérimenté ce lundi 5 octobre.
La presse en tête de gondole, mais aussi tous les rayonnages gouvernementaux et politiques français et belges, tout le supermarché de la démocratie gerlachienne en somme, unanimes à condamner les violences dont furent victimes les responsables d’Air France annonçant au Comité d’entreprise le « délestage » de 2.900 travailleurs parmi le personnel, navigant et au sol, m’a redonné une pêche que je croyais avoir perdue depuis l’abandon des Fourons par le parti socialiste. C’est dire si ça remonte !...
Ce n’est pas bien, je le sais, mais la vue de ces beaux messieurs en chemise ou sans chemise, fuyant la vindicte des travailleurs, escaladant les grilles de sécurité, hagards, la peur au ventre, protégés par des employés de surveillance, a été un spectacle qui m’a rempli d’une joie que d’aucuns qualifieront de mauvaise, mais que je considère comme profondément saine.
Un peu comme ceux qui prirent la Bastille en 89.
Je sais, c’est mal. Mais c’est jubilatoire !
Pour moi, les voyous ne sont pas parmi les grévistes. Ils sont ailleurs, justement chez ceux qui braillent « aux voyous » comme on crie « aux voleurs » !
Ainsi on peut être impérial, inaccessible et quasiment souverain, trôner comme l’archange au-dessus des bureaux, dans un super-bureau avec de la moquette dans laquelle on enfonce à mi-mollet. On est à Air France presque au niveau de la tour de contrôle. Et foutre de dieu, ce gibier là a fichu le camp comme des garennes devant le chasseur et vous savez pourquoi : rien que par la peur d’un pied au cul !
C’est furtif, cela n’a qu’un temps, avec la protection d’un tank s’il le faut, Messieurs de la Haute reviendront avec un complet neuf, une chemise juste déballée de son papier de soie. Ils reprendront les pourparlers là où ils les avaient abandonnés et, fort de ce que Valls leur aura soufflé, ils parleront du ton impérieux de ceux à qui on ne résiste pas. Ils n’en seront pas moins poursuivis par cette image du méga-patron décoiffé, la chemise hors du pantalon, l’échine basse de crainte d’une mandale à ficher le camp en vrai trouillard.
Eh bien ! oui, nom de dieu, ça fait du bien une image comme ça !... Ils peuvent ramasser leur parachute doré, leur bonus de départ, dans six mois ou dans dix ans, l’escalade par-dessus le grillage avec la chemise en lambeaux et on pouvait deviner le caleçon maculer d’une merde verdâtre, non, c’est trop beau, c’est ça qui restera.

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Ça prouve une chose, sous l’homme sûr de palper du beau fric bien immérité et si réconfortant quand la piétaille mendie son pain au chômedu, il y a le ci-devant, pauvre type et tremblant pour sa peau et ses écus.
Avec une pareille actu draguer de la bobo à Saint-germain, ça va plus être facile pour un temps.
Chapeau les gens d’Air France. Merci pour ceux qu’on appelle « petits » depuis tellement longtemps qu’ils ont du mal à se croire « grands ».
Maintenant, c’est fait.
Quelle que soit l’issue de ce conflit, avec Hollande c’est du tout cuit beaucoup perdront leur emploi, dans l'autre camp, ils auront perdu la face. Et à force, un jour, ils perdront davantage.

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