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L’Europe touche le fond.

La plupart des citoyens européens auraient préféré qu’on s’occupât d’eux, avant de voir l’Europe sombrer dans l’affairisme à peaufiner l’économie et soigner les banques.
C’était avant l’afflux des réfugiés.
Va-t-on sauter d’un manque de social interne à un manque d’humanité pour la marée humaine affluant en externe ?
Le naufrage de l’espace Schengen risque bien d’entraîner avec lui le navire tout entier.
Voilà ce qui arrive quand on oublie les peuples pour se consacrer aux affaires. Ils finissent par se détourner de l'idée européenne. C’est alors trop tard pour se persuader que sans les peuples, l’Europe n’est plus qu’une coquille vide.
Bien sûr, tous les pays devaient au début de la marée humaine se porter au secours de la Grèce, des Balkans et de l’Italie afin d’assurer communautairement les gardes au frontière et le financement de l’accueil des réfugiés. Si l’esprit européen avait encore du sens, cela serait d’avoir une conduite commune et une assistance de tous à ces pays fragilisés.
La difficulté vient de plus loin encore. L’origine en est le peu d’intérêt pour le social et l’absence de solidarité d’une Europe parfaitement fermée à la misère de ses ressortissants les plus vulnérables. Comment voulez-vous étendre à d’autres ce qui n’existe pas ?
L’Europe ne s’est développée qu’administrativement. Ses structures n’ont permis qu’une extension des réseaux quasiment maffieux des partis politiques qui ont ainsi fait de l’Europe une bouée de sauvetage pour les non-réélus et leurs créatures dans les pays qui la composent, faisant de l’UE une territorialité supplémentaire devenant, peu à peu, incompréhensible du public et monstrueusement onéreuse et inutile.
Quand on voit Van Rompuy qu’on y a envoyé au plus haut échelon, ce à quoi il a servi et ce qu’on le paie encore, quoique à la retraite, on est effaré du gouffre d’incompréhension entre cette Europe là et ses 500 millions de citoyens.
Sans programme d’intégration pour une Fédération à l’américaine, sans armée et ainsi à la remorque des militaires de l’OTAN, sans une grande idée sociale elle n’est perçue dans le monde que par ses industries. Ses porte-paroles les plus efficaces sont les puissances industrielles et les organismes financiers. L’Europe s’est réduite volontairement à n’être qu’un Conseil d’Administration de riches.
On aura beau dire que les ennemis de l’Europe se fortifient sans arrêt et que leur nombre finira par avoir raison d’elle, sinon qu’un observateur de ce qu’était l’idée européenne voit bien qu’elle est devenue sa principale ennemie, victime des hommes qui la composent.

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La pièce qui se joue sous nos yeux est simple. Dès qu’un dérèglement grave survient dans un pays, l’Union palabre sans fin, tandis que le pays concerné finit par faire ce que bon lui semble poussé par l’urgence et la nécessité d’y répondre.
Les décisions nationales face à l’afflux de réfugiés sont au moins une réponse, même si celle-ci est mauvaise et elle l’est toujours puisque faite dans l’urgence et avec peu de moyens.
L’Europe devrait être sur les îlots grecs, les côtes italiennes les petits pays des Balkans avec une réponse à la misère des réfugiés venant de la mer et sur les longs chemins de l’exil, à côté des associations privées admirables dans leur dévouement désintéressé à la cause humanitaire. Mais voilà, l’athlète n’est pas performant. Il a déjà sur le dos la charge écrasante des institutions et des fonctionnaires.
Ce formidable mastodonte serait malgré tout efficace et opérant s’il y avait une autorité supérieure actionnant la mécanique, donnant le « la » aux États. Hélas ! les chefs n’y sont que les délégués des États associés, cherchant précisément l’intérêt privé plutôt que l’intérêt commun à y être.
Ce n’est même plus un affrontement gauche/droite, c’est devenu un affrontement pour/contre une Europe qui perd chaque jour du sens, comme un blessé perd son sang.
Le comble, si l’Europe surmontait cette crise, cela serait dû aux intérêts politiciens. Le pouvoir de caser des créatures dans des conditions confortables et souvent supérieures aux émoluments qu’elles perçoivent chez elles est incalculable pour les chefs des partis.
C’est lamentable, mais on en est là !
L’Europe touche le fond et laisse un boulevard à Marine Le Pen.

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