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Bocca di leone.

Super ! Le Belge moyen est super ! À force de lui balancer des grands bureaux que c’est civique de dénoncer, il ne s’arrête plus. Dimanche, Molenbeek a tremblé d’effroi. Un gougnafier a réveillé tout le monde, police comprise et perquisition à la clé pour des prunes. Un joyeux plaisantin, voilà qui résume tout, s’est fendu la gueule de la plaisanterie : « la maison du crime, oui, oui, repaire total « d’intégriSSSSes ». Les autres qu’étaient déjà partis gilets pare-balles et armements lourds n’ont pas entendu que le patriote pouffait à l’autre bout du fil.
Ça vient de loin le goût de la dénonciation. Jules César déjà visiblement encouragé par des tuyaux d’Éburons, de Trévires d’Ostrogoths se dénonçant les uns les autres a pris plaisir en Gaule à nous attacher par paquets de dix derrière son char, méthode reprise ensuite par Daech.
Il faut dire que le dénonciateur ne dénonce pas n’importe comment, ni n’importe qui. Aux Allemands, il dénonçait les Juifs, aux Autorités actuelles il ne va pas dénoncer Charles Michel, mais plutôt le type doté d’un prénom douteux, Mohamed par exemple.
C’est la faute à personne. Tout le monde dénonce. Gerlache dénonce le populisme, Kris Peeters les faux malades, Béatrice Delvaux les ennemis du capitalisme, Charles Michel le gouvernement Di Rupo, Jan Jambon le laxisme de Philippe Moureaux, Di Rupo le gauchisme de Hedebouw et votre serviteur l’économie libérale. Il ne manque plus que Javaux pour dénoncer les Centrales nucléaires. Il y en a même qui dénoncent Karl Marx pour atteinte à la liberté d’entreprendre sans savoir qu’il est mort et qu’il n’était pas sur le territoire quand il fit l’analyse de la société vers 1860, puisque sur dénonciation (déjà) il fut expulsé de Bruxelles avec son ami Engels.
Pour venger sa mémoire, les socialistes par contrition sont capables de tout. On a même vu une Fadila vanter son accueil des étrangers, sans avoir jamais approfondi la question « c’est être internationaliste, et c’est donc penser la question de l’immigration non comme une gestion des flux migratoires, mais comme une politique globale d’accueil des étrangers dans le respect de leur dignité, et comme la concrétisation du choix volontariste de la coopération et du co-développement.»
1860, ce n’était en rien favoriser le déménagement d’une population qui espérait dominer l’autochtone par ses flux importants. On ne parle pas des malheureux qui fuient la guerre et nous tombent dessus avec obligation morale de les accueillir. On parle des trente années précédentes et des débarquements dévastateurs d’anti culture coran à la main, au moment où les cathos semblaient définitivement calmés.
Signe des temps, la dénonciation s’est modernisée par les moyens d’aujourd’hui, téléphone, Internet, réseaux sociaux. On n’écrit plus « Je vous écrid cent fôtes pour vous fère savoir que mon voisin est Juif… ». Cette orthographe approximative, on ne l’a plus ! La lettre exige trop d’efforts, trop d’études. Cracher sur le timbre pour le coller livre l’ADN aux spécialistes.
Dans l’idéal absolu de dénonciation, l’étudiant Raskolnikov dans « Crime et châtiment » est exemplaire, car il finit par se dénoncer lui-même !
Le remord n’étant pas une chose courante dans la politique, il n’y a pas de danger que l’équipe flamando-minoritaire wallonne au pouvoir dénonce sa propre incurie.

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Pas demain que les fins observateurs du non-respect de la loi chez les autres auront cette ultime probité. Si une chose pareille arrivait, les prétoires seraient pleins et les prison saturées.
C’est qu’on voit rarement une dénonciation toucher plus haut que soi. Peu en sont capables, par l’habitude centenaire de l’esclavage. Charles-la-Menace en appelant les Belges à ce civisme là ne savait pas ce qu’il faisait.
L’Haut-lieu regrette beaucoup l’ancienne police des garnis. C’était une police formidable, toujours sur la brèche à mater sous le matelas, traquant de l’insecte parasite à la bougresse obligée de montrer son cul à n’importe qui pour subsister au jour le jour, ce dont les flics profitaient largement et à l’œil au nom de la justice bourgeoise. Cette police qui fut dépeinte par André Malraux et Aragon (les cloches de Bâle) nous manque. Elle était sans bouclier et mitraillette, mais les calepins bourrés d’indications suffisaient à faire d’immenses récoltes dans les milieux misérables en même temps que les gorges chaudes de la magistrature. Les descriptions picaresques et les contrepèteries involontaires auxquelles se livraient ces pacifiques représentants de la force publique sont restées dans la mémoire des vieux substituts et des juges intègres. Les archives de la police devraient pouvoir s’ouvrir à l’admiration des foules. C’était une époque où on ne dénonçait pas. Le goût revint dix ans plus tard à la Kommandantur, autre méthode...
Il est vrai que le peuple est versatile. On s’attend que le Belge moyen redevenant de gauche, se fatigue de dénoncer.
Qu’on nous rende nos gardes-champêtres ! Ils en imposaient et avaient l’autorité ombrageuse.
Depuis Ismir, Philippe, Fadila, Laurette, Latifa, Élio, Hicham, Joëlle, etc. mon ruisseau devient un oued, mon village قرية, et ma campagne un bled. Le fanatisme ou Mahomet, pièce de Voltaire est interdite. La foi est en train de revenir en force se mesurer à la laïcité. Ceux dont l’illumination et la bêtise ne sont pas leur fort (Paul Valéry) souffrent de la sottise religieuse qui remonte des bas-fonds où était sa vraie place.

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