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La crise permanente ?

Le Soir s’est trompé, ce n’est pas à Charles Michel qu’il fallait attribuer la palme du Belge le plus en vue. Puisque le critère de ce journal semble, par ses choix, privilégier les Belges qui font le plus de conneries, le premier prix devrait aller aux économistes qui se répandent dans les journaux et à la télévision.
Comme prévisionnistes ils battent de loin les météorologues, c’est dire la performance !
On aura encore l’occasion de les admirer dans le courant de l’année qui s’annonce riche en gestions calamiteuses, cafouillages divers et mauvaises connaissances de l’état du terrain. À chaque fois on est saisi de les voir défendre un système économique non pas pour ses qualités, mais parce qu’il n’y a pas moyen de se passer de ses défauts, à commencer par celui des inégalités qui sont devenues des abîmes sur le travail, les rapports avec l’argent, les salaires, etc.! Le culte du renoncement à tout espoir autre que celui d’une boutique bien tenue par un gérant près de ses sous mérite une palme hors concours. Les travailleurs ne méritaient pas cette déchéance directement causée par les vices du système.
Les économistes attitrés n’ont pour ainsi dire rien dit sur la première hausse des taux directeurs américains en 10 ans par Janet Yellen. Pas étonnant, quand c’est du sérieux ça passe au-dessus de leur entendement, sauf que ça risque de faire du dégât.
Comme l’a écrit Simone Wapler « Le mouvement le plus planifié et attendu de l’histoire financière moderne s’est produit. Selon moi, l’histoire financière moderne commence à la fin des accords de Breton-Wood en août 1971. »
Je le pense aussi que nous sommes à un tournant de l’histoire.
Ce mois d’août de 1971 voyait la fin de la parité or/papier. Depuis aucune des dettes et des dépenses n’a un actif garanti. Les seules garanties sont fournies par les contribuables liés aux zones monétaires. Ils paient les intérêts des dettes publiques et privées sur la seule valeur de leur travail et la capacité des autorités publiques et industrielles d’y puiser selon la voracité ou la modération de leurs appétits. Le palmé 2015 du Soir a de l’imagination à revendre : la « Tax shift » est un modèle du genre. Il ne s’agit pas de « neutraliser » un impôt en glissant des recettes d’un poste à l’autre, mais de pratiquer un glissando de la poche du contribuable à celle du grand chauve « sympathique ».
Un peu d’Histoire : depuis 45 ans et Nixon, les États-Unis paient leurs importations avec leur dette en papier/dollar non convertible, à la seule différence par rapport à notre Einstein de la rue de la Loi que ce n’est pas le contribuable américain qui déguste, mais le contribuable étranger, vous et moi en l’occurrence.
Les bons économistes avaient déjà expliqué la nature de la forte inflation du monde développé de cette date fatidique jusqu’aux débuts des années 80. Les fournisseurs de matière première ne se voyant plus couvert par un répondant sérieux augmentèrent considérablement leur prix, d’autant plus que l’essor industriel avait permis jusque là un « presque » taux plein d’emplois.
Le pétrole surtout dont on prédisait la fin dans les 30 ans (ce qui fut révélé faux) vit le prix du baril flamber. Pétrole en échange des dollars non garantis passait et passe encore pour un marché de dupe. Volker, le président de la Fed de l’époque, mit fin au désordre économique en fixant les taux directeur à 20% en juin 1981. C’était encore possible, les Etats-Unis le pouvaient car ils étaient encore peu endettés. En Belgique, l’État fut réduit à placer ses obligations à des taux de 12 % remboursable en 5 ans. Les bourgeois belges qui s’en souviennent en garde un souvenir attendri. C’était plus intéressant de confier ses économies à l’État que l’achat d’un immeuble à enfourner les locataires comme des blattes dans les plinthes.
Comme partout on empile de la dette américaine qui rapporte moins, les États qui commercent avec les USA sont obligés d’en prendre plus afin de garder un niveau d’intérêt acceptable.

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Pendant quelques années encore tout paraîtra encore bien fonctionner, mais attention, les bons économistes crient casse-cou, tandis que les abonnés du Soir n’y voient que du feu.
Depuis, l’État a trouvé une autre formule : celle de serrer la vis par l’impôt et taxer jusqu’aux courants d’air. À ce jeu le Belge de l’année est un orfèvre.
Ce qui n’a pas empêché la dette de galoper !.
Jusqu’au moment où la Fed touche le 0.
C’est-à-dire qu’il devient plus facile à un État d’emprunter de l’argent sans payer d’intérêt que de réguler par une bonne gestion les entrées et les sorties des avoir publics. Les privés pensent pareil et on va arriver au basculement de 2008/9 dans la folie bancaire des subprimes.
Si la dette ne rapporte rien, les créanciers peuvent en empiler un tas infini, ils ne touchent plus rien. Ils échangent de la marchandise contre rien, de l’autre côté la fortune convertie en hypothèque pourrie ne vaut plus rien non plus !
Avec Janet Yellen est-on en train de changer de cap ? Allons-nous vers un cycle hausse des taux directeurs, hausse du rendement de la dette américaine et baisse de l’endettement américain ?
Oui disent les officiels. Non disent les autres. L’argument de ces trublions se tient « les choses sont allées trop loin : pour rembourser la dette, il faudrait un enrichissement considérable – une véritable croissance – désormais hors de portée. »
Nous entrons dans une phase de déflation de la plus mauvaise manière.
2016 est à peine sur les rails qu’on reparle des mauvaises dettes en cours de destruction. Il s’agit de crédits subprime accordés aux entreprises des secteurs de l’énergie et des matières premières, les obligations à haut rendement (high yield ou junk bonds).
L’économie mondiale ralentit et Le Fed limite le crédit (monnaie). Comment les États et notamment la France et la Belgique vont-ils s’en tirer avec un crédit dont il va falloir payer un intérêt ? À 2,5 % la France est en cessation de payement comme la Grèce !
2016, verra peut-être la prochaine grande étape du dérapage. Que fera l’homme de l’année ? Charles Michel sera encore ministre De Wever ne lui laissera pas la chance de le déboulonner au bon moment. Cela pourrait devenir une fuite en avant, le décollage du papier monnaie qui ne vaut plus rien et les petits épargnants liquidés aussi sec, la mort du dollar et le début de l’inflation non contrôlée.

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