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Le Monde selon Bacquelaine.

Même si ce n’est pas pour tout de suite, Bacquelaine et Michel peuvent toujours repasser avec leur proposition de reculer l’âge de la retraite.
Si le système ne change pas, au milieu du siècle le remplacement du travail humain par les machines concernerait plus de la moitié de la population mondiale.
Ce serait chouette si chacun travaillait en conséquence une heure ou deux par jour. Hélas, ce sera plutôt une minorité qui bossera douze heures sur vingt-quatre et que les chômeurs aillent se faire foutre. Par contre, bonne nouvelle, on aura toujours cinq gouvernements à tarifs pleins.
Si un mandat de député court sur quatre ou cinq ans et que l’essentiel pour ces travailleurs du citoyen-patron, c’est de prolonger les mamours avec le public, il n’en demeure pas moins que si on continue à faire de l’économie comme se vante d’en faire nos impayables du MR, on va se retrouver dans une société d’esclaves, de chômeurs et de nababs, ces derniers étant extrêmement minoritaires.
Encore un Amerloque me direz-vous, mais selon Moshe Vardi, directeur de l’Institute for Information Technology de l’université Rice, au Texas, plus de la moitié de la population mondiale pourrait être mise au chômage par l’automatisation des tâches, la robotisation et les avancées de l’intelligence artificielle.
Non seulement il faut prendre au sérieux ce qu’il dit, mais encore à la vue des usines de montage des automobiles à celle de la mise en boîte des petits pois, cela devrait nous inciter à réfléchir à ces propos, plutôt que de couper dans les rodomontades de Bacquelaine et Michel.
«Nous nous approchons du moment où les machines seront capables de surpasser les humains dans presque toutes les activités», ajoute Moshe Vardi devant l’American Association for the Advancement of Science (AAAS), source « le Guardian ».
Dans le Monde de l’économie d’aujourd’hui, les politiques ne savent faire que deux choses. . La première consiste à ne rien faire en regardant autour de soi pour se rassurer quand on est certain que personne ne bouge. Ainsi, nous irons tous ensemble à la catastrophe, en espérant qu’elle soit moins cruelle ! On scrute l’environnement parce qu’on se méfie d’un candidat à un autre système, quelque fois qu’il réussirait. Alors, si c’était le cas, vous verriez tous les autres s’acharner afin qu’il ne réussisse pas ! À ce stade, l’Europe est parfaite, c’est la garantie de l’immobilisme dans l’ancrage du système à jamais.
La deuxième touche au fonctionnement de la démocratie. Pourquoi voulez-vous qu’un ministre spécule sur des probabilités d’un futur distant de trente ou quarante ans, alors qu’il met toute son énergie et toute sa science sur la réélection du coup prochain ?
Dans trente ans, voire moins, les héros du système seront bel et bien oubliés, morts et en poussière. Puisqu’ils se moquent déjà pas mal de leurs contemporains, ils n’en ont rien à cirer des descendants de la deuxième, voire troisième génération ! C’est sur le même principe de faire du fric tout de suite que se détermine le saccage de la nature.

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Dans ce sens les films d’anticipation qui mettent en scène des armées de robots tueurs autonomes, ne nous rendent pas service. Ils se terminent à tous les coups par la victoire du bon américain abattant de ses seuls petits poings des armées d’extraterrestres armés jusqu’aux canines longues et déchirantes.
Des économistes comme H. Autor et Dorn ont montré que l’informatisation et l’automatisation détruisent en priorité des emplois répétitifs et prévisibles facilement automatisables. On aura compris que la jeunesse sans diplôme, insuffisamment diplômée ou mal diplômée, comme d’autres catégories de travailleurs, de l’expert-comptable aux personnels d’archives, fonctionnaires, etc. sont directement menacés.
Un autre économiste, Martin Ford explique que les emplois de bureau seront tôt ou tard remplacés par des logiciels, qui apprennent à tout faire y compris à écrire des articles de presse (voilà un bel éditorial à écrire, chère Béatrice Delvaux !).
En France, le cabinet Roland Berger estime que le remplacement du travail humain par les machines concernerait 42% des métiers et 3 millions d’emplois d’ici à 2025.
L’économiste John Keynes a bien écrit que l’humanité pourrait profiter du progrès technologique pour ne travailler que quelques heures par semaine. Il est vrai qu’il ne connaissait ni Bacquelaine, ni Michel.

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