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Abdeslam : l’histoire d’un échec.

La capture de Salah Abdeslam vendredi à Molenbeek est un événement tellement médiatisé, qu’en faire le sujet d’un blog qui ne soit pas inutile est plus que périlleux.
Le déferlement de tous les moyens de diffusion a été extrême. Le bruit et la fureur sont entrés dans les foyers.
Une voix de plus, aussi fluette et discrète que la mienne, est vraiment sans importance.
N’avons-nous pas tous les experts prenant d’assaut les médias afin d’y développer les meilleures raisons du monde pour qualifier de primordiale, la capture de cet assassin ?
Comment dire plus du caractère d’Abdeslam, que nous entendons de nos La Bruyère télégéniques sollicités ?
Rien. Sinon que j’aurais tendance à situer ce type dans la catégorie des petits cons sans intérêt qui se fait recruter par une organisation criminelle qui le dépasse. Il aura été « important » pour la seule et unique fois de sa vie pendant quatre mois. À Paris, au moment des faits, il a cané, jeté sa ceinture d’explosif et trouvé idiot de mourir aussi bêtement… c’était un peu tard après le Bataclan.
Mais en écrivant cela, je tombe moi-même dans l’extravagance de quelqu’un qui ne sait rien, mais qui « dit » quand même, ni plus ni moins que tous les autres.
Reste un fait indubitable. Ce voyou s’est planqué dans la commune de Molenbeek à deux pas du commissariat du quartier pendant quatre mois. Il a changé plusieurs fois de planques et bénéficié d’un tas de complicité.
Cela n’est possible que d’une manière : il existe dans des quartiers et pas seulement à Molenbeek une omerta entre les criminels djihadistes et une certaine population embrigadée dans la foi musclée d’un islam teigneux et revendicatif.
Qu’on me comprenne bien. Il n’est pas question ici d’un esprit religieux poussant à l’extrême le respect d’un diktat du coran. La plupart des sympathisants à la cause ne respectent en rien les sourates et autres conneries d’un délire collectif d’imans, il s’agirait plutôt d’une sorte de haine d’un Occident qui les a pourtant accueillis et hébergés, mal pour beaucoup il est vrai, mais accueillis quand même.
Cette diaspora au lieu de comprendre que sa situation pouvait s’assimiler à toutes les situations de pauvreté dans un système économique égoïste tourné vers les splendeurs d’une élite, s’est proprement arrêtée sur un antagonisme de race, étant probablement et fondamentalement, raciste elle-même.

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La suite on le devine. Il s’est formé dans des communes pauvres à forte densité musulmane des noyaux durs, prodigues en fournitures humaines pour Daech. L’étonnant vient de ce que ces noyaux durs ont été choyés et dorlotés par l’administration qui n’a pas vu monter la radicalisation. Il est vrai qu’il est difficile d’établir une politique généreuse d’accueil et d’intégration dans des quartiers pauvres où la première discrimination est d’ordre économique, le principal fléau, le chômage et ce bien avant Daech.
Ces populations avaient deux choix, le repli sur la religion ou militer dans un parti de gauche. Elles ne sont pas venues de leur oued spécialement pour faire de la politique. Pour cela, il faut une certaine forme d’éducation démocratique qu’elles n’avaient pas, une instruction civique qui leur manquait. Par contre, croyants et incroyants avaient un grand sens de la tradition et des règles de vie d’une religion faisant partie du pouvoir, sinon étant le pouvoir.
Le reste on le devine.
Des émigrés, de vrais et bons citoyens ont émergé des transhumances économiques modernes. Certains sont devenus des parlementaires, d’autres aident à la prospérité du pays et gagnent honnêtement leur vie. Ces intégrations réussies ont influencé la société par des attitudes et des propos que l’on comprend et qui ne pouvaient être que de compréhension et d’espérance pour leurs anciens coreligionnaires, les parents, les amis.
Ils ont été poussés vers une population qui leur rappelait leur origine et le chemin qu’ils avaient parcouru. Par leur bon cœur et des sentiments altruistes tout à leur honneur, ils ont voulu croire que les promotions dont ils ont bénéficié pouvaient être accessibles à tous. Ils ne se savaient pas exceptionnels, pourtant ils l’étaient.
Qui pourrait leur en vouloir ?
Et puis, il y eut les autochtones eux-mêmes, les Belges de souche comme on dit, qui ont travaillé et vécu au milieu de ces populations et qui n’ont pas vu une dérive non pas générale, mais suffisante pour créer une situation de rupture, voire de guerre larvée comme aujourd’hui.
Ils se sont trouvés responsables de ces humains venus d’ailleurs, comme Philippe Moureaux. Ils ont agi en accord avec leur conscience et leur cœur.
Le drame : ils ont échoué.
Nous avons échoué avec eux.
Et ces populations nous tiennent responsables de nos échecs et des leurs.

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