« Va te « fer » voir ailleurs. | Accueil | Jacqueline se prend un portique. »

Vada a bordo, cazzo !

Les citoyens wallons ne vivent pas au crochet des flamands, a affirmé mercredi le ministre-président wallon Paul Magnette, au terme d'un discours sur l'état de la Wallonie.
Nous sommes heureux de l’apprendre.
C’est Paul Magnette qui vit au crochet des Wallons.
Et ça, c’est la réalité.
Le problème du politique, c’est qu’il se conduit en complice de l’économie. Nous aussi par ailleurs, mais nous c’est une extrême nécessité.
Nous ne pourrions dire à un employeur « je ne suis pas d’accord avec ce que vous faites ». Il répondrait immédiatement « j’entends bien… mais alors, que faites-vous ici ? ».
Tandis que le politique, en flattant les détenteurs du pouvoir économique, oublie qu’il nous représente avant tout.
Ce serait plutôt son devoir qu’autre chose de leur dire « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous faites ».
Ainsi, la démocratie serait mieux respectée.
Il entre dans cette complicité équivoque et contraire au respect dû à l’électeur, une certaine excuse, celle d’attirer des entrepreneurs qui embauchent nécessairement et aident ainsi à desserrer l’étau du chômage.
Mais si c’est en bradant le coût d’un ouvrier qu’il compte y arriver, il aggrave la situation générale plutôt qu’il ne la soulage.
Par négligence, par lâcheté parfois, par conviction aussi, il a abandonné l’arme fatale contre le libéralisme outrancier qui est l’entreprenariat d’État, la nationalisation d’utilité publique et l’autogestion, comme moyens de défense du contrat social de la Nation avec le citoyen.
Il l’a fait aussi par profit personnel.
Le citoyen s’est trompé en laissant à la seule appréciation du politique le soin d’établir le montant de ses indemnités.
Sans le vouloir, il a précipité celui qui le représente dans une catégorie que professionnellement lui n’atteindra jamais. Il l’a ainsi complètement mis à l’écart et définitivement du quotidien de millions de gens. Il lui a donné le goût du luxe et surtout le sentiment d’une importance qu’il n’a pas en sa qualité d’individu en lui octroyant le vedettariat de la notoriété. Il lui a permis d’ignorer ce que cela fait de vivre avec moins de mille euros par mois, comme beaucoup de Belges.
Bien entendu, aucun de ceux qui nous représentent ne sera d’accord avec cela.

1jujdedhy.jpg

Et pourtant, c’est bien de cette incompréhension, de ce divorce et des malentendus, que la démocratie disparaît peu à peu dans la confusion qui a permis à la liberté marchande de faire croire qu’elle est la liberté tout court des hommes, alors qu’elle n’en est que le simulacre.
Oui, monsieur Paul Magnette, c’est vous qui coûtez à la Wallonie.
Vous nous parlez sans cesse comme un chef d’entreprise à ses travailleurs. Vous établissez vos bilans en fonction des améliorations de travail que nous effectuons sous l’angle d’une direction qui pense à ses actionnaires avant son personnel.
On a envie de vous dire « Restez à bord, putain ! », comme le garde-côte au capitaine du Costa-Concordia « Vada a bordo, cazzo ! » qui fuyait son navire en train de sombrer, laissant derrière lui trente-deux morts.
Votre politique en laissera bien plus : une misère qui rampe dans les quartiers périphériques et qui progresse vers les centres villes, une honteuse agonie des anciens travailleurs avec des pensions dérisoires, des atteintes par des restrictions et des pénalités aux chômeurs auxquels vous déniez le terme de victimes, un commerce qui se délite en gérances et en ubérisation du petit artisanat.
Voulez-vous que je vous dise, Monsieur Paul Magnette ? Vous ne valez pas ce que vous nous coûtez.
Rassurez-vous. Vous n’êtes pas le seul. Le parlement wallon et aussi le fédéral fourmillent de vos semblables.
Vous voulez faire quelque chose d’utile ?
Démissionnez !
Sinon, acceptez de reprendre dès le début et commencez vos nouvelles prestations au salaire minimum du manutentionnaire, dont certains feraient mille fois mieux que vous.

Poster un commentaire