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Je postule une baronnie.

Ce devait être un article classé dans les gazettes ; insignifiant, certes, mais en général, l’été, on ne fait pas la fine bouche sur une info noble « Le Roi a accordé douze distinctions honorifiques, en ce mois de juillet ».
C’était prévu en appui du tour de France. Depuis les oreillettes il ne se passe jamais plus rien dans le peloton. C’est l’équipe la plus forte qui place son leader en jaune, un point c’est tout. Aussi les décisions du palais sont toujours très rafraîchissantes en juillet.
L’actu en a décidé autrement.
Erdogan prépare les gibets du coup d’État téléphoné et donc raté ; la promenade des Anglais à Nice a servi de boucherie à un déiste musulman déséquilibré, la gauche dit qu’elle a fait ce qu’elle a pu, la droite non ; les remous du Brexit et Macron qui s’émancipe, bref, voilà les barons et les baronnes descendus dernière page, entre les fesses de Nabila et un nichon de Sophie Marceau, au cas où elle lèverait un bras juste comme le petit oiseau est en train de sortir.
C’est une belle liste de ci-devant pour rien, me direz-vous, puisque la conciergerie ne fournit plus la République en place de Grève.
Eh bien non ! Il y a à redire.
Puisque la dynastie est le baromètre du bienséant et du meilleur dans notre démocratie à l’ancienne, saluons le conformisme jamais en défaut de tous ceux qui ont été appelé à la courbette protocolaire depuis Léopold Ier. Voyons de quoi est faite « la bonne Belgique » traditionnelle, celle qui concentre la crème de ce qu’on a fait de mieux depuis 1831 : un professeur d’anatomie, une historienne et quelques autres « docteurs » soit, mais aussi des hommes d’affaires, un directeur de la monnaie et un journaliste.
Le Cour a oublié un raton laveur !
Admettons que ce soit le meilleur qui émerge, nous sommes bel et bien, vous et moi, dans la catégorie en-dessous, celle qui n’émergera jamais malgré nos incomparables mérites.

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C’est étrange, dans les admirâââbles aucun ouvrier modèle, d’employé kantien pour l’exactitude au travail, pas une seule mère courage au foyer ou à la porte de Lantin attendant le parloir pour son gredin de fils, aucun orphelin arabe, un ancien boy de Kinshasa, pas un seul éditeur de la campagne des 18 jours de Léopold III, (la Cour serait-elle rancunière ?). Les pistons sur avis des conseillers ont bien joué et les nouveaux nobles bien répartis entre les partis de pouvoir, bien qu’officiellement aucune carte de parti soit exigée. Rien pour l’extrême gauche, alors qu’il n’est pas sûr que Bart De Wever, avec un patron flamand ennobli d’Anvers, ait été superbement ignoré au même titre que Hedebouw méchamment remis sous la pile des « possibles », avec quelques syndicalistes de Mittal, honorablement connus des syndiqués.
Pas patriotes, nous, docteurs en droit des peuples, scientifiques à la recherche de la démocratie, inventeurs d’un anti chloroforme à l’usage des lecteurs des gazettes ?
C’est ainsi. On n’y peut rien. Personne ne nous demande ce que nous fichons !
Nous n’avons rien demandé, il est vrai. Nous aurions été refusés. Notre place a été désignée d’office, au service des baronnets, loin de la cour, dans de sombres hangars. Nous ne nous pencherons jamais sur le décolleté de la reine, comme les conseillers tapis derrière le trône pour écrire sur des petits bouts de papier, les répliques du roi à son peuple.
Gerlache, de la RTBF, sans doute écuyer depuis longtemps, a dénoncé notre populisme viscéral, notre mauvais vouloir et notre haine des patriotes, que nous confondons avec les patrons.
Et malgré tout, c’est vers lui, emblème des services publics, ô vertu libérale, que nous nous tournons. Au nom de la redevance annuelle de la télé que nous payons tous pour qu’il puisse nous éclairer sur les progrès de nos relations avec l’allié américain, ne pourrait-il pas intercéder chez qui vous savez ? (On ne peut pas le dire trop haut pour ne pas lui faire du tort dans ses futures promotions)
Peut-être pourrait-il se rendre secrètement chez le baron Louis Michel pour plaider notre cause ? Comme le grand Loulou est le président des vieilles femmes de la Cour, il pourrait glisser un billet en notre faveur, dans les mains de la reine, quand elle passe entre deux rangées de courtisans ?
À moins que Michel-l’Ancien, avec son arthrose et une filante reprisée à son haut-de-chausse, n’oserait plus s’incliner à 45° comme jadis, quand il était menin chez Jean Gol.
Le plus éprouvé de tous les manants demandeurs, c’est encore Richard III, duc de Gloucester, le plus à plaindre, victime du Brexit !
Si par hasard la démarche de Gerlache aboutissait, comme on peut toujours se faire appeler du nom d'un village d'origine, le marquis d'Argenteuil, le comte de Toulouse, etc. S'il plaisait à leurs Majestés de me faire baron, il doit bien se trouver quelque part un village du genre "Médeux-sur-Lesse", aussi ma requête serait que l'on m'appelât désormais le baron de Mes-Deux. Je vois déjà Gerlache, tout réjoui de cette idée digne d'un populiste. .

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