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Un dictateur est né !

Personne ne s’attendait à la résistance des troupes loyalistes protégeant le palais des Mille et une Nuits derrière les portes duquel la garde particulière d’Erdogan constituait l’ultime défense. On le devinait claquemuré dans son bureau, presque tapi sous la table, sa femme, malgré ses bandelettes et ses foulards, plus vigilante que lui, prête au dernier sacrifice, était son bouclier humain.
C’est toujours ainsi qu’ils finissent les manipulateurs des foules, quand tout le monde se détourne et que leur armée, après avoir été l’orgueil du peuple, n’est plus qu’une bande de fuyards dépenaillés.
Le 15 juillet n’a pas vu le scénario de l’opposition réussir. Les loyalistes et l’opinion ont eu raison des factieux.
Ce n’est que partie remise.
Car que peux faire celui qui est au-dessus des lois, sinon en inventer de nouvelles pour semer la terreur et répandre l’idée partout qu’il est invincible ?
Un tyran absolu croit que la répression est bonne pour sa longévité.
Il ne sait pas qu’à chaque opposant qu’il tue, une famille meurtrie s’emploie à le remplacer aussitôt.
Il aura beau se rendre populaire auprès des masses campagnardes religieuses, il arrive un moment où les cris d’amour ressemblent de plus en plus à des cris de haine.
Depuis la tentative d’assassinat d’Adolphe Hitler à son QG du Loup, Hitler ne fut plus jamais le même homme. Après cet attentat, il ne put plus cacher le tremblement de ses mains.
Observez bien Erdogan, victorieux des putschistes dans les mois qui vont venir. Sous le fanfaron et le masque fabriqué par d’habiles maquillages, vous le devinerez tout à fait différent, moins certain et craintif. Puis, un jour, ses partisans n’y voyant pas malice, vous le montreront au naturel. Vous aurez un choc. Il aura pris dix ans de plus en quelques minutes.
C’est après une révolte intérieure cassée dans le sang, qu’ils sont les plus dangereux. Ils doivent continuer le travail qu’ils ont commencé. Ils ne peuvent plus revenir en arrière. Sauver par les islamistes, Erdogan leur est redevable d’une grande réforme religieuse.
Ils l’auront. De suspecte, la Turquie deviendra franchement instable et inquiétante.
300 morts et presque 1.500 blessés, une mise en garde de la communauté internationale à propos du respect des principes de droit, Erdogan n’a plus le choix. Il va devenir le nouveau Kadhafi, que ses partisans réclament.

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Le "cadre du droit" que l’Europe et les USA suggèrent ne fera aucun effet, sinon de galerie, pour ceux qui « menacent » le sultan turc.
Erdogan n’a pas le choix. Les 7.500 personnes placées en garde à vue ne pourront pas vieillir en prison. Il ne peut pas les relâcher et pas assez de place pour les garder au chaud. À part la troupe qui a suivi l’ordre des chefs et qui trouvera grâce moyennant des mises-à-pied, plus de 2.000 personnes devront être exécutées,
8.000 fonctionnaires seront limogés, des centaines de juges subiront le même sort.
L’intégrisme religieux triomphe.
La laïcité reliquat de la période Atatürk est en train de disparaître.
On revient à la case départ avec le génocide arménien de 1913 et l’Empire ottoman.
Pour gouverner, un despote a besoin de désigner au peuple un adversaire qu’il décrit impitoyable, afin de faire passes ses crimes comme un simple réflexe de défense contre un ennemi criminel. Ici, il s’agit de Gülen, un prédicateur réfugié aux USA. Les « gülenistes » font office des Juifs d’Adolphe Hitler.
Erdogan devient gênant pour tout le monde. Intégré à l’OTAN comment faire croire que cette armée d’Alliés coalisés poursuit des objectifs de protection des démocraties, avec Erdogan comme partenaire ?
Et l’Europe, empêtrée dans ses contradictions, mal aimée des Européens, stipendiée après le Brexit, va-t-elle poursuivre le dialogue avec la Turquie ?
Comme on le voit, un dictateur est né, plongeant les démocraties dans la sidération.

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