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D’Aristide Boucicaut à Charles Michel…

…ou le triomphe de l’épicerie.

Le plus difficile n’est pas de se battre pour ses idées, mais de savoir contre qui.
L’époque, avec ses œillères, c’est aussi celle où les idées ont le moins court. Il importe plus de connaître les mouvements de la vente des petits pois que les idées touchant à des revendications et des droits de l’homme.
L’autonomie conquise est aussitôt reperdue. C’était le droit de tout dire et on ne s’en prive pas, sauf que cela ne sert plus à rien, puisque pratiquement tout le monde est acquis à l’idéologie de la classe bourgeoise.
Est-elle triomphante, on l’admire. En perte de vitesse, on s’empresse de l’aider à remonter la pente. Elle serait l’auteur des pires catastrophes, ce qu’elle approche d’être, on vole à son secours et on est prêt à tous les sacrifices pour qu’elle retrouve des couleurs.
C’est bête, non ?
Il n’y a plus d’opinion que pour un seul parti. Pourquoi la Wallonie en compte-t-elle encore trois (en-dehors du PTB), puisqu’ils font à peu près la même politique ? C’est comme les grands magasins, Colruyt, Delhaize et Carrefour. Ils vendent tous la même chose à des prix sensiblement les mêmes, mais les clients ont leur idée là-dessus, avec des préférences bien marquées. Certains en arrivent même à trouver le goût du Nescafé différent selon qu’on l’achète chez Colruyt ou chez Carrefour !
Quand l’écrivain réclame la liberté d’expression, ce n’est jamais que pour décliner autour d’une seule idéologie, dans des nuances qui n’intéresseront que lui. La bourgeoisie depuis son arrivée au pouvoir, il y a plus de cent cinquante ans (sous Louis-Philippe), a supprimé certaines de ses idées et gommé certaines autres, telle l’égalité, fondement du suffrage universel, mais de manière que cela ne soit pas vu. Encore aujourd’hui on estime qu’un type de mon espèce – et encore je ne suis pas au plus bas de l’échelle – a autant de droit et autant d’écoute qu’un Charles Michel ! Les idées de la bourgeoisie sont transposables, réversibles et en camouflage pastel. Elles sont adaptables au CAC 40 et ne menacent en rien l’économie mondiale (le Graal du bourgeois qui se respecte).

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Les penseurs du temps sont passés du négatif romantique au positif de l’activisme économique. La nature humaine qui n’offre pas des changements à vue aussi rapide a été déclarée bonne tant qu’elle supprimait les privilèges de l’Ancien Régime, mauvaise depuis qu’il faut justifier les inégalités nouvelles et notamment sociales. Mais, toujours en expressions mesurées, toutes en remontrances légères et en douceurs affectueuses, comme d’une mère parlant à ses enfants. Il est grand temps d’ouvrir les vannes sur des sujets qui ne peuvent être controversés, comme la valeur non pas du travail fourni, mais de l’homme au travail, la démographie mondiale dont personne ne parle. Là où Darwin du coup retrouve tout son pouvoir de sélection à remplir de formol les bocaux de l’indignation générale.
Ainsi la bourgeoisie devenue l’idéal suprême peut rouvrir ses albums de famille du temps où ses hardis pionniers moustachus faisaient descendre dans la mine des enfants de huit ans, sans encourir de blâmes, tout au contraire, exposant dans les musées les premières photographies de Nadar où ses hommes en col et cravate prenaient fièrement la pose devant d’autres dépenaillés.
Qu’ils en soient les descendants directs ou les self-made-men venus à la bourgeoisie à la force des poignets, qu’ils s’appellent Bacquelaine, Michel ou Reynders, ce sont bien nos traditionnels mousquetaires de cette idéologie qui n’en est pas une, au pouvoir jusqu’au prochain déluge.
Les épiciers du MR pourront dire fièrement devant le portrait de Charles et Louis « Aristide Boucicaut, nous voilà ! ».

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