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Fillon, missionnaire du Christ ?

Le second tour n’est pas terminé chez Les Républicains, mais je me lance quand même dans ce qui n’est même plus un pronostic mais une certitude, alors que les bureaux du parti de droite ne sont pas encore fermés.
Fillon par sang-froid et maîtrise du volant a pris trois tours à Alain pour finir nettement détaché au Mans comme à Paris.
Les médias en ont quand même fait beaucoup pour la promo de la droite classique en France. Voilà une semaine qu’on ne parle plus que de cela. Tout le monde s’est pris les pieds dans le tapis à propos de Juppé. Droit-dans-ses-bottes n’aura plus qu’à bien vieillir dans le Bordelais.
C’est donc le lugubre et sourcilleux (dans le sens physiologique et anatomique) François Fillon qui va ferrailler d’ici mai 2017, pour être au second tour des présidentielles face à Marine Le Pen !
L’engouement, c’est un phénomène inexplicable en politique. La droite s’est entichée de ce janséniste, sans le bien connaître, sinon avoir été le collaborateur souffre-douleur dans le quinquennat précédent de Nicolas Sarkozy.
On aurait dû commencer par là, peut-être bien que même chez Les Républicains, on pourrait regretter l’élection de ce Maurrassien sans l’être, ce catholique fervent sans trop croire aux miracles, ce pétainiste refoulé qui foudroierait du regard tout qui oserait ce rapprochement !
Dans le tandem avec Sarkozy, on a cru Fillon réfréné les ardeurs de l’autre. On va se rendre bientôt à l’évidence, c’était l’inverse, c’était Nicolas le modéré.
Il suffit d’ouvrir son programme sur ses grands projets pour en être convaincu.
C’est peut-être une chance de la gauche qui s’offre à elle de refaire son unité, d’autant que les communistes viennent de se rallier officiellement à Mélenchon.
François Fillon sort d'une France à la « curé d’Ars » comme on croyait qu’il n’en existait plus, une France aux apparences douces et saint-sulpiciennes, une France en sabots à la Péguy, mais avec une fourche dans la grange et un fusil chargé au-dessus de l’âtre. C’est une chouannerie rentrée sans venir de Bretagne aux vapeurs réactionnaires, qui après un long mûrissement est revenue plus délétère que jamais, frappant de sidération une autre droite, celle de Kosciusko-Morizet.
Fillon est le dépositaire d’une droite très ancienne et qui soudain revient à « la mode ».
La droite libérale ultra et réactionnaire a trouvé son champion. Par chances pour elle, toutes les droites semblent faire mouvement derrière ses fleurs de lys, placardisées depuis 1838 !

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Fillon incarne le désir des droites du grand coup de balai libéral. Dans ses affrontements avec les autres candidats à l’investiture, il a eu cette réflexion qui a tout un temps fait illusion sur le rexisme en Belgique dans les années d’avant-guerre, il a parlé du « pays réel ». Il m’a fait froid dans le dos !
Voilà qui nous ramène loin en arrière et pas qu’à l’abbaye de Saint-Pierre de Solesmes, vers un identitaire des Croisés délivrant Jérusalem, dont la dernière croisade fut celle du Maréchal après juin 40 !
Il ne faudrait pas être surpris que ce fanatisme-là soit celui que la droite française attendait pour être à armes égales devant un fanatisme musulman, entre les deux, une classe ouvrière massacrée comme par un nouveau Thiers !
On ne s’est pas assez méfié de Fillon « humilié » par Sarkozy et qui n’attendait que son heure, tandis que ce dernier se réconciliait avec Cécilia dans les couchettes-cabines du yacht de Bolloré, avant de diriger celui qu’il croyait le plus soumis de ses commis.
Fillon profita d’une gentille réputation de gaulliste social, ami de Philippe Séguin. C’était une erreur. Fasse que les Français n’aient à le connaître que comme candidat de la droite et jamais comme président de la république !

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