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Suspicion.

Ce n’est pas tant l’arrivée d’un milliardaire à la tête d’une grande démocratie qui inquiète, mais comment il y est arrivé. Et ici c’est en raflant des voix en promettant des changements qu’il n’a pas la moindre intention d’accomplir et pour cause, la plupart sont irréalisables.
C’est à la fin du mandat que la démocratie se trouvera en danger.
La foule est plus dangereuse déçue qu’enthousiaste. Ce sont même les deux pôles de son excitation explosive. Son champion gagne l’élection, c’est l’enthousiasme. Il oublie les promesses qu’il a faites et qui l’ont élu, c’est la déception cruelle et vengeresse.
Ces élections américaines, on n’aura pas fini d’en parler de sitôt.
Rien n’est éternel et surtout pas les systèmes politiques qui peuvent durer quinze jours ou deux cents ans. Mais tous, sans être programmés dans le temps, finissent souvent de façon si soudaine que personne n’a vu venir le déclin et la fin.
L’exemple de l’Allemagne nazie est saisissant de 1933 à 1945, douze ans, c’est court. L’URSS, 1922-1991, 69 ans, c’est plus long.
C’est une erreur de croire que le suffrage universel est le marqueur suprême. Cela le serait si tous les électeurs étaient en capacité et en intérêt de comprendre les enjeux. Et ce n’est même pas en fonction de l’intelligence, puisque l’on se décide d’après ce qu’en disent les médias et les propagandistes des partis. Sans oublier l’élection américaine en deux temps : le suffrage universel, puis le système des grands électeurs qui le contredit parfois (c’est le cas présent).
Actuellement, le pouvoir en place frémit d’horreur au seul mot de populisme, synonyme d’extrémisme.
N’importe quel philosophe débutant peut convaincre n’importe qui que tout pouvoir est populiste et extrémiste, puisqu’aussi bien pour atteindre au pouvoir il faut faire sa propre apologie ! Par exemple, Trump avec son ego démesuré est calibré pour. Dans le fond, acquérir la notoriété nécessaire pour être connu et éventuellement élu est déjà un populisme qui ne veut pas dire son nom.
La notoriété acquise, on veut obtenir les suffrages du peuple sans se donner la peine de le comprendre et quand celui-ci se rebiffe, on veut croire qu’il n’a rien compris ! Mais, on ne peut pas faire du suffrage universel un accessoire utile quand ça arrange et superflu quand ça dit non.

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On commence par la faute qui nous fait connaître dit Paul Valéry. Et il n’a pas tort.
Nous sommes à un tournant. Les sondages se sont plantés, les intellectuels vivent dans une bulle. Voilà longtemps qu’ils ne touchent plus terre et pas qu’en Amérique. Quand j’entends Charles Michel et consort dégoiser les conneries qu’un enfant instruit de sixième pourrait relever, je me dis que le problème a franchi l’Atlantique. Le monde politique est déconnecté des réalités. Quand il en aura pris conscience, ce sera trop tard !
Les démocraties sont arrivées au bout d’une logique, celle que le peuple n’est pas capable de comprendre un environnement politique et économique trop complexe pour lui. Les minorités éclairées des grandes intelligences servent de guide et d’éclairage. L’élection n’est qu’une opération de façade qui ne veut plus rien dire, puisque ce sont toujours les mêmes qui surnagent dans les partis. C’est une tradition, pensent nos mentors, qu’il faut conserver parce qu’elle sert aussi de justificatif pour les mots chargés de solenniser les grandes occasions, quand la patrie est en danger et que la démocratie est menacée.
Trump vient de nous ouvrir les yeux sur une certaine forme de démocratie qui n’existe déjà pratiquement plus et dont on voit d’Europe les derniers feux, comme si l’incendie ne couvait pas aussi chez nous. Sa démagogie aura tout de même eu cela de bon.
Des intellectuels espèrent ne pas finir comme Clinton et veulent sortir de l’ornière. Ils avancent qu’une relation nouvelle entre les institutions et les citoyens pourrait s’établir.
C’est un peu tard. Et puis venant de ceux qui n’ont pas été fichu de s’organiser pour une vraie démocratie, cette tentative ultime ne peut être que suspecte.

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