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Ça ira, ça ira… les présidents à la Lanterne (1)

C’est historique, le front républicain n’existe plus en France pour l’élection au second tour à la présidence de la République.
Tous les analystes, les fins stratèges, les journalistes hyper informés citent toutes les plus belles hypothèses pour expliquer cette fin, y compris celle d’un Dupont-Aignan criblé de dettes et dans l’impossibilité de les rembourser puisqu’il n’a pas dépassé la barre des 5 % et se « vendant » au front National…
C’est l’histoire d’un corps électoral qui à chaque fois qu’on lui demande de se rallier à un candidat pour lequel il n’a pas voté, pour faire barrage au front, se retrouve après l’élection dans une zone tampon, généralement dans les petites villes et villages ou dans les périphéries urbaines, comme s’il n’existait pas !
Ni Chirac, ni Sarkozy, ni Hollande ne se sont souvenus de qui les avait élus. Sarkozy aussi, me direz-vous ? Mais Ségolène Royal n’est pas Marine Le Pen ! S’il y avait un seul accord tacite entre les candidats de la gauche et de la droite, c’était barrer la route à Jean-Marie Le Pen (10 % 44 au premier tour).
L’effondrement du PS et la disparition du candidat LR est la réponse directe à l’incapacité d’une classe politique trop peu en contact avec les électeurs, de produire une réponse cohérente à l’accroissement du chômage, l’effondrement des classes moyennes et à la montée de la misère.
C’est clair, construit-on une société sur des bases humanistes ou sur le rapport conflictuel des capitalistes entre eux ?
Le corps électoral ignoré veut que ceux qu’il élit répondent à cette question.
On ignore jusqu’où Marine Le Pen montera dans le score final, peut-être même sera-t-elle élue ? Ce sera en grande partie sur cet échec de la clase politique qu’elle devra son élection,et pas sur les militants historiques du FN.

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En 2002, quand Jean-Marie Le Pen avait niqué Jospin au second tour alors que le PS s’y voyait déjà, Arlette Laguiller, avait la première, refusé d’appeler à voter pour Jacques Chirac pour faire barrage au candidat Front national.
Quinze années plus tard, elle a fait des émules.
La volonté de barrer la route au parti fasciste s’émousse, même si ce parti a conservé des manières douteuses et des anciens chefs pétainistes. Les arguments tant de fois répétés pour actualiser ce passé trouble ont perdu de leur force, parce qu’en face, le parti capitaliste est monté en puissance et sa virulence est aujourd’hui supérieure à tout ce que l’on peut imaginer, même celui d’un Front National qui, dit-on dans le monde rural, ne saurait faire autant de dégâts que la mondialisation est en passe de faire.
Si on ajoute à cela, le ton patelin et l’intelligence de la candidate du Front, on voit bien que le candidat républicain ne peut plus compter que sur quelques appuis extérieurs. Que valent ensemble un Parti socialiste déglingué et un LR encore tout ébaubi par la catastrophe Fillon ?
L’histoire récente devrait faire réfléchir l’électorat français et par delà l’électorat européen.
La montée en puissance de l’extrême droite, l’élection de Trump aux USA, la fuite en avant d’une économie qui ne sait pas où elle va, dénoncent ce terrible statu-quo synonyme de misère organisée en prévision de lendemains qu’on nous assure meilleurs, seulement pour nous garder au chaud.
Macron avec de vieilles recettes badigeonnées de frais, Le Pen avec son programme dont on voit bien qu’il est inapplicable parce qu’il est loin d’aller chercher le ver dans le fruit, comme Mélenchon aurait fait avec le sien, tout indique que nos voisins français courent vers une aventure qui pourrait être un nouveau 1789 ou un mois de mai 1940.
Dans l’un ou l’autre cas, la hauteur des vagues emporterait aussi la Belgique.
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1.La résidence versaillaise des présidents de la République.

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