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Les lendemains déchantent ?

Après avoir relu l’écrit d’hier : quelle vision sombre du monde !
Suite à l’événement de Manchester, on devrait se garder d’une opinion à chaud. J’avais pourtant respecté la règle au drame du Bataclan.
Entre l’effroi du terrorisme et la cruauté glacée du capitalisme, il est encore temps de se poser la question d’un monde meilleur possible.
Hier, le trait était mortel. En citant Malebranche, j’aurais dû me souvenir qu’il écrivit aussi « Ainsi la connaissance que nous avons des autres hommes est fort sujette à l’erreur, si nous n’en jugeons que par les sentiments que nous avons de nous-mêmes. »
En l’absence d’alternative au monde dans lequel nous vivons, il est le seul logique. Il faut faire avec. La mélancolie de l’observation qui en est faite, aggrave ce qui est.
Le sujet central, c’est celui de la démocratie. On connaît la litanie «…le moins mauvais des systèmes démocratiques ». Oui, mais s’il se dévoie parce que ses défenseurs sont faibles devant un développement excessif et hégémonique de l’économie ? Si demain, le pouvoir voit déferler des milliers de Trump ?

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Alors, la démocratie ne serait qu’un système hybride face à un idéal absolu dans lequel nous ne pouvons être. Reste le faible espoir d’améliorer l’état dans lequel nous sommes.
Hélas ! les améliorations des conditions de vie du plus grand nombre sont remplacées par un rétropédalage aux suites imprévisibles.
Nous abordons un système intermédiaire. Le management par le choix de l’électeur, c’est un genre d’aristocratie à plusieurs têtes. Autre chose serait la stochocratie (1). « Le sort est une façon d’élire qui n’afflige personne » (Montesquieu).
Sauf que le sort fait courir plus de risques que le suffrage universel. Il désigne au hasard. Pour en limiter la nuisance, serait éligible une sorte de confrérie de citoyens ayant fait ses preuves de civisme et de connaissance. Dans ce cas, par quels moyens désigner les parangons de la vertu démocratique capables de dresser la liste de ces citoyens ?
Pressés par deux entités criminelles : les fanatiques religieux musulmans et l’économie capitaliste, l’exemple de Platon dans La République nous commande de nous méfier de tout « Aucun autre régime ne peut donner naissance à la tyrannie que la démocratie ; de la liberté extrême naît la servitude la plus complète et la plus terrible ».
Nous touchons à l’aporie (absence d’issue) du système occidental.
Renan décrit cette aporie « Si un homme instruit, au terme de 30 ans de travail, arrive à déterminer le système social parfait et que la compréhension de celui-ci demande plusieurs mois à des hommes aussi instruits que lui, je lui souhaite bien du plaisir pour arriver à le faire ratifier par un vote du peuple ».
Les gouvernements occidentaux veulent prolonger le système. Ils nient les classes sociales. Jurent que tout dépend d’une reprise des activités économiques pour que tout reparte comme avant. Mensonge ! L’économie, sensiblement modifiée par la démographie et la concurrence mondiale due à la vitesse des transports, a enterré les codes anciens.
« Renoncer à la lutte pour le socialisme, c’est renoncer en même temps au mouvement ouvrier et à la démocratie elle-même. » (Rosa Luxembourg). C’est ce qu’a fait le PS. C’est pour ça qu’il meurt.
La conclusion de Cornelius Castoriadis, sur l’imposture du suffrage électif, est sans appel : « J’ai toujours pensé que la démocratie dite représentative n’est pas une vraie démocratie. Dire : quelqu’un va me représenter pendant 5 ans de façon irrévocable, ça revient à dire que je me dévêts de ma souveraineté en tant que peuple ».
Alors, que faire ?
Le système des « démocraties actuelles » est en relation étroite avec le phénomène du terrorisme et l’économie de marché, plus qu’on ne le pense.
Comment pouvons-nous prétendre à défendre des valeurs qui n’en sont pas, face à des malfaisants qui opposent à nos non-valeurs, leurs propres non- valeurs ?
Plutôt que prétendre que nos non-valeurs sont quand même plus douces que les leurs, si nous nous attachions à de vraies valeurs profondes et humanistes ?
Alors, je ne donnerais pas cher du terrorisme.
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1. La stochocratie. Etymologie : du grec stokhastikos, conjectural, aléatoire, et kratos, pouvoir, autorité. La stochocratie qualifie un système politique dans lequel les représentants du peuple sont désignés par tirage au sort.

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